Cocoon, science-fiction américain de Ron Howard, 1985. Titulaire des Oscars du meilleur acteur dans un second rôle (Don Ameche) et des meilleurs effets visuels. Avec Don Ameche, Wilford Brimley, Brian Dennehy.
Thèmes
Rencontre, vieillesse, affectivité, pardon.
Avant d’être une histoire, Cocoon a une histoire.
- En effet, le film à succès de Ron Howard (alors âgé de 31 ans) fut lauréat de l’Oscar des meilleurs effets visuels. Pourtant, c’est l’aspect du long-métrage qui est le plus démodé et a le moins bien vieilli. Il devient ainsi l’occasion de nous émerveiller du saut presque incommensurable accompli dans le domaine des effets spéciaux depuis l’introduction du numérique à grande échelle (avec le révolutionnaire premier opus de la saga Jurassik Park, en 1993).
- Cependant, comme toujours, ce qui fait le spectacle n’est pas le spectaculaire, mais l’intrigue. Pour le dire avec et contre Deleuze, l’image-temps est au service de l’image-mouvement, c’est-à-dire le récit. Or, Cocoon pose un passionnant problème narratif.
En effet, c’est un film d’action. Or, tout thriller qui se respecte oppose le héros à un méchant. Pourtant, depuis Rencontre du troisième type (1977) et, plus encore, cinq années après, ET (oui, encore Spielberg !), le bad guy ne peut plus être un xénomorphe (surtout s’il adopte la figure de la fille de Raquel Welch !). Il ne peut non plus s’identifier à l’homme. Car, sur fond d’Amérique puritaine, les transgressions de ces trois compères sympathiques et plutôt régressifs concernent plus le sixième commandement que le septième, et du sixième, la parole que l’action.
Ensuite, c’est un film d’aventures. Or, l’aventure comporte toujours une part de mystère (dont le paradigme demeure le trésor tel qu’il est mis en scène dans l’île éponyme de Stevenson). Mais l’énigme des cocons est vite (trop vite, à mon goût) éventée pour constituer le moteur principal de l’histoire.
Dès lors, nous sommes confrontés au dilemme suivant : ou Cocoon cesse d’être un film d’action et d’aventures, ce qui ne colle pas avec le genre de la science-fiction, et verse alors vers la un autre genre (le drame, la comédie ou la comédie de mœurs), mais il perd en cohérence ; ou il continue à nous raconter une épopée palpitante, mais d’un autre genre, en l’occurrence intérieure. De fait, l’intrigue narre un double cheminement convergent qui s’achève (partiellement) en une rencontre.
- Le premier chemin est celui des habitants de cette maison de retraite dépressivement obsédés par leur vieillissement, physique et psychique. La piscine miraculeuse aux cocons sera l’occasion, pour notre trio, de retrouver une nouvelle jeunesse et, pour les spectateurs, d’assister à un réjouissant regain de vitalité. Jusqu’au moment où les compères comprendront que, avec cette exaltation unilatérale de la jeunesse, ils ont perdu ce qui est ou devrait être l’apport propre du troisième âge : une certaine sagesse jointe à un altruisme certain. Demeure la belle figure, un rien stoïcienne et passéiste de Bernard « Bernie » Lefkowitz (Jack Gilford) qui, malgré le décès de son épouse Rosie (Herta Ware), se refuse à la proposition de fontaine de jouvence : « C’est contre nature » ; « Je suis chez moi. Ce monde nous appartient ». Et, pour moi, surtout, à cette illusoire substitution de l’Archivie éternelle par une pseudo-vie sempiternelle réduite à l’absence de pathologies (« Là où on sera, on ne sera plus jamais malade ») ; plus précisément encore, la commutation d’une existence limitée, mais par et pour les autres, avec une vie pour soi sans les autres (et surtout ceux que l’on aime). C’est ce qu’exprime Joe à son épouse Alma (Jessica Tandy) : « Entre une éternité sans toi et six mois avec toi, je choisis ».
- Le deuxième itinéraire est celui, plus inattendu, des Antariens. Non seulement, ils ne se vengent pas de l’inconscience égoïste et ingrate du comportement humain (ils perdent l’un des leurs et doivent abandonner à nouveau pour dix mille années les vingt héros de leur civilisation), mais ils apprennent des humains la sensibilité (« Je n’avais jamais éprouvé de chagrin », affirme Walter), et avec cet amour affectif, le désir effectif de les aider : en leur proposant ce voyage non pas surnaturel, mais extra-naturel, ils corrigent la pénible ingratitude humaine par une admirable reconnaissance extra-terrestre.
- Le fruit de ce double progrès est la rencontre des deux civilisations. Non sans une profonde asymétrie : extérieure, puisque les humains sont transférés dans un autre monde, inconnu ; et surtout intérieure : autant les hommes apparaissent ingrats et, au fond, relativement égocentrés, autant les Antariens se révèlent mus par la gratitude et même par le pardon. Nuançons toutefois notre propos : Ben demande pardon à Walter, et l’hospice se mobilise pour réparer quelque peu le tort commis, en aidant au déplacement des cocons. Néanmoins, la communion promise par la rencontre demeure unilatérale. Les humains ne peuvent compenser la mort que leur inconséquence a entraînée, et les extra-terrestres leur accorde la place réservée à leurs congénères. Dans ce don si asymétrique et cette réconciliation si inconditionnelle, il y a quelque chose christique…
Face à cette profonde dénivellation qui, même très implicite, laisse un goût d’inaccompli, le couple mal assorti de Jack et Kitty constitue un indispensable contrepoids et prend toute sa valeur : lui, parce qu’il est à la fois indemne du péché d’égoïsme et profondément amoureux ; elle, parce qu’elle s’est déjà donnée à lui (selon le mode antarien qui ignore autant l’émotionnel que le tactile) et lui promet de revenir.
Cocoon n’est pas un grand film. Toutefois, il permet de réfléchir, réellement et paraboliquement, à ce qu’est une véritable rencontre, et rencontre du troisième type : ni l’utilitarisme (humain), ni le sacrifice tout aussi unilatéral (antarien), mais la promesse d’une communion, donc d’une réciprocité qui rime avec l’amitié.
Pascal Ide
Jack Bonner (Steve Guttenberg), dont les finances sont au plus bas, se voit louer le bateau dont il est propriétaire pour la durée précise de 27 jours par quatre inconnus, conduits par un responsable, Walter (Brian Dennehy), accompagné d’une charmante jeune femme, Kitty (Tahnee Welch), dont il ne va pas tarder à tomber amoureux. Ces inconnus s’avèrent en fait être des « Antariens », c’est-à-dire habitants venus de la planète Antarea, qui ont adopté une forme humaine pour se dissimuler et se faire accepter. Ils sont revenus sur terre après 10.000 ans pour récupérer 20 autres Antariens se trouvant dans des « cocons » au fond de l’océan. En attendant le départ vers leur planète d’origine, ces cocons sont stockés dans la piscine d’une villa louée elle aussi par ces mêmes antariens.
Or, trois pensionnaires d’une maison de retraite voisine, Arthur « Art Selwyn » (Don Ameche), Benjamin « Ben » Luckett (Wilford Brimley) et Joseph « Joe » Finley (Hume Cronyn), avaient pris l’habitude de se baigner dans cette piscine quand cette villa était inoccupée, en y entrant par effraction. L’arrivée de ces nouveaux locataires leur cause des soucis et ces trois personnes âgées décident de continuer à venir dans la piscine en leur absence, jusqu’au jour où ils découvrent ces « cocons » au fond de l’eau. Ils décident de s’y baigner quand même et découvrent que cette piscine a un effet bénéfique sur leur santé vieillissante. Par exemple, la vue de Ben, très myope, se rétablit complètement et Joe bénéficie d’une rémission totale de son cancer. Peut-on garder un tel secret pour soi, malgré l’interdit de Walter qui les y a surpris ? Mais, s’ils transgressent l’interdit, quelles en seront les conséquences pour eux et pour les extra-terrestres ?