Celle que vous croyez
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Pays:
Français
Thème (s):
Narcissisme
Date de sortie:
27 février 2019
Durée:
1 heures 41 minutes
Évaluation:
*
Directeur:
Safy Nebbou
Acteurs:
Juliette Binoche, François Civil, Nicole Garcia
Age minimum:
Adolescents et adultes

Celle que vous croyez, drame français coécrit et réalisé par Safy Nebbou, 2019. Adapté du roman éponyme de Camille Laurens, 2016. Avec Juliette Binoche, François Civil, Nicole Garcia.

Thèmes

Narcissisme.

Je m’attendais à un film sur la question si actuelle du décalage entre l’image de soi et la vérité sur soi dans le cadre des réseaux sociaux. Et l’on nous sert une apologie accablante du narcissisme, d’autant plus régressive qu’il concerne une cougar (oui, gardons la triste dénomination qu’une conversation taxe de sexiste).

 

Passons les images inutilement racolleuses. Où sont les Fellini capables en une ellipse sans éclipse, de tout dire de la violence de Zampano contre Gelsomina (La strada, 1954) sans rien montrer ?

Passons (mais moins) sur le fait que, souffrant de l’attitude de son compagnon du moment, Ludo, Claire tente de le reconquérir et s’aveugle momentanément sur son périlleux égoïsme. Mais comment expliquer que sa psychanalyste se prête au jeu et qu’elle finisse par l’absoudre (« On se croit coupable, et puis non ») – comme si seul importait le passage à l’acte et comme si l’intention était moralement neutre – ?

Voire, passons une troisième et dernière fois : la thérapeute, piégée par le contre-transfert, s’identifie non sans faute professionnelle, à son double en miroir. Mais alors, que le film, lui, ne s’en fasse pas le complice, par l’image et le récit. En effet, dans les dernières images, nous voyons Claire, somptueusement éclairée, cheminant au bord d’une rivière, comme si le fil de l’eau devenait le symbole du fil de sa vie renaissante. Et l’histoire se clôt sur un appel à Alex, qu’elle a déjà une fois lacéré psychiquement – annulant d’un coup de téléphone, tout passé. Sans mémoire, ni pardon, ni gratitude.

Certes, cette femme en rupture est en souffrance psychique. Mais peut-on oublier qu’elle a le bonheur d’être professeur de lettres modernes en Université, mère de deux garçons, d’avoir été mariée pendant vingt ans avec un homme qu’elle aimait et qui l’aimait ? Alors comment ne pas interroger l’itinéraire d’une quinqua qui multiplie plaintes victimaires, jalousie, mensonge, déclarations et comportements égocentrés, usurpation d’identité, trahison de confiance ? Quelle parole de vérité non moralisante osera dire que le bonheur se trouve non dans la comparaison, les fantasmes d’immortalité et la recherche in(dé)finie de soi, mais la gratitude pour ce que l’on est et ce que l’on a, le consentement à la finitude et le don de soi ?

 

Quand est-ce que, sans condescendance, notre cinéma passera de la complaisance à la conscience ?

Pascal Ide

Claire Millaud (Juliette Binoche), quinquagénaire, divorcée de Gilles (Charles Berling) et professeur de lettres en Université, suit une thérapie avec Catherine Bormans (Nicole Garcia). Elle lui raconte par bribes son histoire. Pour épier son amant Ludo (Guillaume Gouix), elle crée sur Facebook un faux profil : elle devient Clara (Marie-Ange Casta), une magnifique jeune femme, qui est tout ce qu’elle n’est plus, à commencer par la jeunesse, puisqu’elle se retrouve avoir 24 ans. Alex (François Civil), l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. De même, Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si la relation se vit dans le monde numérique, les sentiments, eux, sont bien réels. Combien de temps pourra-t-elle mentir ? Comment réagira celui qu’elle a pris au piège ?

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