Breaking the Waves, romance dramatique de Lars von Trier , 1996. Avec Emily Watson, Stellan Skarsgård, Jean-Marc Barr.
Thèmes
Foi, amour, mort.
Breaking the Waves, qui a reçu la récompense convoitée du prix spécial du Jury à Cannes est loué comme un immense mélo et même, pour certains, comme un film chrétien.
Mélo érotique, sans doute. On regrettera même que l’amour soit aussi crûment réduit au sexe. Mais surtout est-ce un film chrétien ? Je n’ai aucun droit de douter de la sincérité de la conversion de Lars von Trier. Je comprends aussi son intention de fustiger les excès de la communauté calviniste scandinave. Et la foi de Bess, sa confiance inébranlable, son courage sont admirables. Mais on ne peut s’empêcher de poser trois questions :
- Ce type de communauté antimoderne, repliée en ghetto, est-il représentatif des institutions ecclésiales actuelles, qu’elles soient protestantes ou catholiques ?
- Pourquoi la foi de Bess est-elle aussi clairement associée à une structure psychique proche de la psychose, de la personnalité multiple ?
- Enfin, et cette question rejoint l’une des idées principales du film, le désir est-il créateur ? L’amour, la « bonté » peut-elle faire des « miracles », comme le film tendrait à le dire, notamment dans le symbole final des cloches ? La réponse est entre deux extrêmes : d’une part, la pure passivité fataliste de la communauté piétiste et sans doute de l’amour de Dorothee, d’autre part la croyance enfantine de Bess à la toute-puissance du désir.
Elle demande que l’on distingue la réalité extérieure et le vécu intérieur. La réalité extérieure, les faits sont têtus : l’amour ne peut empêcher que le mari devienne impuissant après un accident sur une plate-forme, ni que l’être aimé meure. Il est faux et culpabilisant d’affirmer que « Si je meurs, c’est parce que l’amour n’a pu me maintenir en vie. » En revanche, l’amour transforme l’intérieur et donne la force de surmonter les plus hautes épreuves, dans la tristesse, mais dans la paix : en ce sens, il est plus rédempteur que créateur.
Selon les deux traductions possibles du titre, on pourrait dire que si l’amour lutte contre le destin (car le destin intérieur est ce que ma liberté en fait), en revanche, à l’instar de la plate-forme, il brise les vagues (il accepte et intègre les événements extérieurs).
Pascal Ide
Au début des années soixante-dix sur la côte nord-ouest de l’Écosse, la communauté d’une petite ville célèbre à contrecœur le mariage de Bess, jeune fille naïve et pieuse, et de Jan, homme d’âge mûr qui travaille sur une plate-forme pétrolière. Leur bonheur va être brisé par un accident qui va paralyser Jan.