Ambulance, thriller américain de Michael Bay, 2022. Remake du film danois éponyme Ambulancen de Laurits Munch-Petersen, 2005. Avec Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II et Eiza González.
Thèmes
Frères ennemis.
Le réalisateur des sagas Bad Boys (1995 s) ou Transformers () et des blockbusters hollywoodiens (The) Rock (1996), Armageddon (1998), Pearl Harbor (2001), The Island (2005), est connu pour ses longs métrages d’action épique et de bravoure héroïque. Sur ces deux points, il m’a malheureusement déçu.
Bien entendu, après les habituelles présentations des principaux protagonistes, le film nous embarque jusqu’à l’épilogue dans une course poursuite en temps réel sans halte ni répit aux quatre coins de Los Angeles. Les fuyards tentent d’échapper, au dehors, à une police surmotivée (l’un des leurs a été touché), surnombreuse et suréquipée, et au-dedans (de l’ambulance) à la mort dudit policier et surtout du conflit mortel entre frères. Bien entendu aussi, le projet d’évasion réjouit par son ingéniosité et accroche par son intensité. Toutefois, c’est trop long, trop bruyant, trop remuant (Michael Bay est connu pour ses plans courts et ses travellings circulaires ; ici s’ajoute une multiplication de plans serrés qui nous privent des vues d’ensemble nécessaires à la compréhension de l’action et au repos des yeux) et trop invraisemblable (deux exemples parmi beaucoup : peut-on imaginer une simple ambulance perpétuellement échapper à une armée de voitures et d’hélicoptères principalement par l’adresse d’un pilote hors pair qui, s’il connaît L.A. comme sa poche, ne connaît pas ce genre de véhicule ? ; peut-on imaginer un homme ne présenter ni douleur ni fièvre ni hémorragie après une intervention à l’abdomen ouvert sans anesthésie ni matériel chirurgical ?).
Toutefois, ma principale résistance est d’ordre psycho-éthique. Bien sûr, tout le film est tourné vers les scènes finales sensées nous arracher larmes de compassion et soupirs d’admiration. Bien sûr également, je ne peux qu’apprécier les multiples retournements des différents acteurs : sortant enfin de sa manipulation, Danny prononce enfin une parole centrée sur Will (« Mon frère est un type bien ») ; jusque là embarqué dans sa soif de vengeance, plus encore que de justice pour son collègue et ami Zach Parker, le caporal Mark Ranshaw (Cedrec Sanders) consent à entrer dans ce qu’il faut appeler un pardon et ainsi sauver Will ; se refusant à un trop facile mensonge proche du faux témoignage, Zach lui substitue le vrai témoignage de l’héroïsme altruiste de Will (« Il m’a sauvé la vie ») ; last but non least, s’arrachant à sa froide efficacité protégée et inaccessible, Cam se laisse enfin toucher au cœur et donc se décentre réellement d’elle-même.
Mais… comment ne pas noter les entorses éthiques ? Si le système de santé américain est profondément injuste en favorisant les personnes fortunées, il l’est tout autant, pour Cam et Will, de spolier les particuliers en volant la banque fédérale afin d’aider un enfant malade. Comment ne pas s’indigner ou se gausser (c’est selon) du sacrifice au politiquement correct ? En effet, en quoi l’homosexualité de l’agent du FBI Anson Clark (Keir O’Donnell) sert-elle l’intrigue ? Comment, enfin et plus encore, ne pas questionner la faiblesse, voire l’incohérence des personnalités des deux principaux personnages ? Danny est montré avec beaucoup trop de sympathie pour composer un manipulateur grand format. Surtout, comment une personnalité criminelle, dangereusement récidiviste et manifestement narcissique, pourrait-elle se retourner aussi aisément et aussi limpidement au dernier moment ? Le décalage est encore plus criant pour Will. Comment, même aux abois, un homme qui a donné sa vie pour son pays, fut un Marine prudent, courageux, juste et obéissant, garde son sang-froid dans l’action la plus stressante et s’avère être profondément altruiste (il donne son sang pour le policier ; subcomateux, il pense encore à son enfant), pourrait-il occulter son sens du droit, prendre une décision aussi précipitée et aussi catastrophique pour sa famille, commettre un braquage avec une équipe de bras cassés, persévérer dans cette course poursuite alors que les crimes se multiplient sous les roues de l’ambulance et placer la fidélité à son demi-frère au-dessus de la famille qu’il a fondée et des lois du pays qu’il a servi ?
Pour moi, ces deux déceptions interdisent la réception. À force de privilégier le spectaculaire, Michael Bay finit par digérer le spectacle et indisposer le spectateur.
Pascal Ide
À Los Angeles, Will Sharp (Yahya Abdul-Mateen II), ancien GI et vétéran décoré aux modestes revenus, est désespérément à la recherche de 231 000 $ pour offrir à son nourrisson les soins médicaux dont il a besoin. Pour cela, il contacte son frère adoptif Danny (Jake Gyllenhaal). Mais, contre toute attente, celui-ci le recrute pour un braquage pouvant rapporter près de 32 millions de dollars : la banque fédérale. Malgré ses nombreuses objections, Will consent. Mais rien ne se passe comme prévu et Will tire par accident sur un officier du LAPD, Zach Parker (Jackson White). Pour s’enfuir, les deux frères volent une ambulance. À son bord se trouvent Cam Thompson (Eiza González), une ambulancière compétente et aguerrie, et… l’officier mourant.