Aladdin, fantastique indien-américain coécrit et réalisé par Guy Ritchie, 2019. Adapté en prise de vues réelle du film homonyme des studios Disney de 1992, mais d’abord inspiré du conte Aladin ou la Lampe merveilleuse et des Mille et Une Nuits. Avec Mena Massoud, Will Smith, Naomi Scott, Marwan Kenzari.
Thèmes
Amour, vérité, bien commun.
Aladdin est un très bon spectacle familial qui, dans l’esprit de la grande tradition hollywoodienne, distrait en donnant, comme par surcroît, à penser, à vivre, voire à méditer.
En bon génie qu’il est, Guy Ritchie a su contenir dans la lanterne magique de son film tout à la fois du fantastique, de l’aventure, de l’amour et une comédie musicale. Le tout sur un rythme trépidant, voire étourdissant, mais jamais exténuant. Un exemple entre beaucoup. Un éblouissant plan-séquence initial nous fait découvrir, en chantant et en dansant, tous les principaux protagonistes, de la plus gentille au plus méchant, et tous les lieux, des plus aériens aux plus souterrains.
Mais le plus grand exploit est ailleurs : le méchant excepté, tous les personnages du film changent et s’améliorent. Belle occasion de « débriefer » en famille et de se demander : comment était Untel au commencement ? Que devient-il au terme ?
Tous se déplacent, disions-nous. Même les plus purs. Aladdin dont le cœur est capable de résister aux puissantes tentations de la caverne devra apprendre à ne rien préférer à la vérité, et pour cela, à tout perdre pour tout gagner (« Je veux dire la vérité, même si elle s’éloigne de moi »). Même les meilleurs. Jasmine, l’innocente victime du triple ostracisme, politique, familial et machiste, devra au début apprendre l’audace du saut et au terme la générosité du pardon. Le bon génie violentera une règle décimillénaire pour, au nom de l’amitié, faire triompher le « bon » sur le « génie ». Même les plus innocents. Le Sultan, sous emprise hypnotique de son vizir, devra changer la loi et d’avis sur son successeur. Le singe Abu lui-même qui provoque la catastrophe presque mortelle dans la caverne aux mille trésors par sa cupidité, apprendra la sobriété (relative).
Ces métamorphoses intérieures sont heureusement représentées par un symbole omniprésent qui unifie secrètement le film : l’enfermement. Le génie est séquestré, certes dans la lampe, mais plus encore dans les règles intransgressibles. La princesse est cloîtrée, certes dans son palais, mais, plus encore, dans un regard étroit. Aladdin est confiné, certes par le regard de l’autre dans son personnage de voleur et de vaurien (« S’ils pouvaient voir mon cœur »), mais plus encore dans son propre besoin de reconnaissance, qui lui fait sacrifier la vérité à l’apparence trompeuse et son ego à son ami (« Tu m’as brisé le cœur »). Et Jafar le jaloux revenchard, qui aspire à être le premier et ne veut être prisonnier de rien pour tout assujettir à sa tyrannie belliqueuse, découvrira à ses dépens qu’il passera son prochain millénaire dans un réduit de laiton, parce que, le premier, il s’est lui-même laissé incarcérer dans la dépendance et l’aveuglement au super-pouvoir. Stimulante comparaison : comme Aladdin, Jafar fut un voleur. Mais, le second croit, en devenant vizir, s’être libéré de sa condition de délinquant, alors qu’en ne cessant de vivre dans la réaction revancharde, il ne s’en est arraché que du dehors. Tout à l’opposé, alors qu’il est encore filou, le premier, en consentant à se décentrer de lui-même (il offre toutes les pommes dérobées à plus pauvre que lui), a secoué beaucoup plus radicalement le joug qui l’attache à sa condition de transgresseur : « Et toi, demande-t-il au génie, que souhaites-tu ? – C’est la première fois qu’on me le demande ».
Ces différentes et heureuses métamorphoses pourraient tout de même faire craindre à un plaidoyer naïf, décalé et au fond narcissique en faveur de la seule liberté. Nullement ! Le film nous offre au contraire sans didactisme une stimulante hiérarchie de valeurs : certes, la liberté plus que l’asservissement ; mais aussi et d’abord la liberté en vue de l’amour – aussitôt affranchi, le génie se lie sans s’aliéner à celle qu’il aime, Dalia (Nasim Pedrad) – ; la liberté pour servir le bien commun (« Notre bonheur dépend du bonheur de nos sujets ») ; la vérité plus que le mensonge, même au prix le plus cher, l’abandon de l’aimée.
Certes, le film n’est pas sans imperfections. Par exemple, hors le transformiste Will Smich (qui décidément fait un parcours sans défaut), le casting laisse à désirer ; certains suspenses sont trop aisés à éventer. Mais retenons ces belles leçons de vie, offertes avec la légèreté d’un tapis volant (magic carpet, disent les Anglais). Par exemple, celle de la princesse Jasmine qui, se sentant une âme de sultane, déclare à son père : « Je peux aider », c’est-à-dire : « Je veux servir ». Que demander de plus en cette période d’élections européennes ?
Pascal Ide
Durant l’un de ses voyages, un marin raconte en chantant une histoire à ses deux enfants, celle d’Aladdin (Mena Massoud). Assisté de son singe Abu, cet orphelin tente de survivre en volant et en évitant les gardes de la ville d’Agrabah. Un jour sur le marché, il vient en aide à une belle inconnue (Naomi Scott). Il ignore qu’elle est la princesse Jasmine, la fille du Sultan (Navid Negahban). Pour lui rapporter un bracelet qu’Abu lui a volé, autant que pour la séduire, Aladdin s’introduit subrepticement dans le palais. Mais il est surpris par le grand vizir Jafar (Marwan Kenzari), qui est à la recherche d’une âme possédant le « diamant de l’innocence » afin de dérober une mystérieuse lampe dans une non moins mystérieuse caverne. Prêt à tout pour conquérir le cœur de sa belle, le jeune homme consent à s’introduit dans la caverne qui s’avère remplie de pierres précieuses et de bijoux avec l’interdiction formelle de toucher à ces si tentants objets. Il fait la connaissance d’un tapis volant. Mais surtout, en s’emparant de la lampe, il découvre qu’elle est habitée par un Génie (Will Smith) aussi fantastique que fantasque. Ce dernier lui propose de réaliser trois vœux. Comme premier choix, Aladdin demande à devenir prince, pour mieux accéder au palais. Mais est-ce la meilleure manière de s’approcher de Jasmine ?