A Ghost Story
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Thème (s):
Désespérance, Fantôme, Homme-Femme, Mort, Solitude
Date de sortie:
20 décembre 2017
Durée:
1 heures 32 minutes
Directeur:
David Lowery
Acteurs:
Casey Affleck, Rooney Mara, McColm Cephas Jr
Age minimum:
à éviter

 

 

A Ghost story, film fantastique américain David Lowery, 2017. Avec Casey Affleck et Rooney Mara. Grand prix du jury au Festival de Deauville.

Thèmes

Homme-femme, fantôme, mort, solitude, désespérance.

Mauvais présage ! Au sortir de ce film comateux et vain encensé (au moins par certains), je me suis astreint à lire quelques critiques pour tenter de me forger un avis positif, pour « sauver la proposition d’autrui », comme le demande saint Ignace de Loyola (Exercices spirituels, n. 22). Las ! Les seules louanges, parfois dithyrambiques, font l’éloge de la finitude qui rime avec solitude, après comme avant la mort. Ce fantôme, ou plutôt ce linceul, est la métaphore du néant et du désespoir. Bref, ces critiques émargent aux thèmes les plus éculés de l’existentialisme dépressif et athée. Voire, certaines osent comparer le réalisateur des Amants du Texas (2013) à celui de la Ligne rouge ou de The tree of life, se permettant un inexplicable tour de passe-passe pour occulter sa foi, donc son espérance à l’égard de l’avenir, et le témoignage rendu à la charité.

Je ne m’attarderai pas sur la scène désormais tristement célèbre de l’ingestion de la tarte jusqu’à l’indigestion. Test projectif qui révèle autant la patience du spectateur que l’inventivité interprétative des promoteurs…

Je relèverai surtout l’illogisme de l’intention et de sa réalisation. D’un côté, l’on nous demande d’éliminer tout surnaturel. En effet, des deux allusions à Dieu, la première est faite par un bavard narcissique et pessimiste qui censure toute parole autre que la sienne, la deuxième par un quaker imprudent qui ne pourra protéger sa famille d’une sauvage attaque d’Indiens. De l’autre, l’on exige du spectateur un saut non plus au-dessus de la raison (ce que demande la foi qui est raisonnable, mais non pas rationnelle), mais en dehors d’elle, en nous proposant une absurdité physique et métaphysique : comment un être invisible, donc immatériel, peut-il voir ? comment un être spatialisé peut-il inverser le temps ? comment montrer l’insignifiance (donc la pauvreté en sens) en multipliant les non-sens ? comment achever le film sur la trouvaille triomphale de cet ultime message laissé par l’âme sœur dans l’interstice d’un mur, après avoir fait l’apologie de l’incommensurabilité des consciences ? S’il s’agissait de liberté à l’égard des codes en vigueur, le genre littéraire du conte l’autorise. Mais il y va de la cohérence la plus élémentaire. Pour émarger au paganisme ambiant, Coco a du moins le mérite de croire dans le renouvellement des personnes, de fortifier le lien entre elles et d’ouvrir à un au-delà de la mort.

Pascal Ide

(Casey Affleck) et son épouse M. (Rooney Mara) – c’est ainsi que le générique les appellent – s’installent dans une maison de la campagne texane où surviennent d’étranges manifestations. Peu après, C. meurt dans un accident de voiture. Mais il réapparaît sous un drap blanc percé de deux trous à la place des yeux et revient hanter les lieux où vit sa veuve. Alors qu’il observe la femme qu’il aime, celle-ci ne peut ni sentir ni ressentir la présence de ce spectre inoffensif. M. finit par faire son deuil et quitte la maison. Le fantôme demeure, erre autour d’autres propriétaires, se promène dans le temps et assiste impuissant à la démolition du site, rongé par l’urbanisation.

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