Heat, thriller américain de Michael Mann, 1995. Avec Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer.
Thèmes
Mal, vengeance, violence.
Le penseur Frédéric Nietzsche dit quelque part qu’à force de combattre le dragon, on devient soi-même dragon. Les contraires appartiennent au même genre, commentent les logiciens. « Je ne suis que ce que je poursuis », dit le policier Vincent Hanna (Al Pacino). Or, celui qu’il poursuit, c’est un gangster de haute volée, Neil McCauley (Robert de Niro). Le flic ne serait-il donc qu’un voyou ? Le cinéma a souvent posé la question. Jamais la ressemblance n’a été aussi subtilement poussée que par Michael Mann dans Heat, jouant, au second degré, avec des acteurs qui se sont illustrés dans des rôles autant de bandits que de policiers. Cette ambivalence n’est pas sans laisser un malaise.
Les deux héros sont incapables de prendre racine ; si MacCauley doit pouvoir quitter tout ce qu’il aime en trente secondes, ce dont il fait la preuve à la fin, Hanna est-il capable de s’attacher à quelqu’un plus de trente secondes ? Tous deux ont fait de leur activité le tout de leur vie et lui sacrifie leur amante : « Tu ne vis pas avec moi, mais avec les morts », dit à Hanna sa troisième femme. « Je suis sans ami », avoue McCauley qui, à la fin, ne peut pas résister à l’appel de la vengeance. Au fond, leurs motivations sont-elles différentes ? « Je dois contenir ma colère et la préserver, explique le policier. C’est ma raison d’être. »
Cette similitude culmine dans une scène irréaliste mais audacieuse où Vincent et Neil se retrouvent dans un bistrot, contant leurs rêves secrets, cachant difficilement leur mutuelle admiration : « Cela ne me plairait pas de te neutraliser », finit par avouer Hanna, qui en oublie le passé assassin de son interlocuteur.
Jusqu’au final, très symbolique qui se déroule sur un terrain d’aviation, lieu de la fuite rêvée mais impossible. Il s’en faudra d’un rien – précisément, d’une ombre, ce double évanescent de la personne – pour que ce soit McCauley qui liquide Hanna. La poignée de main que les deux adversaires s’échangent est certes l’expression d’une admiration réciproque, mais l’esthétique émouvante du héros n’a-t-elle pas supplanté l’éthique exigeante du policier ?
Heat dit plus que la chaleur, la moiteur de Los Angeles dans laquelle tout finit par fondre et se confondre.
Pascal Ide
La bande de Neil McCauley à laquelle est venu se greffer Waingro, une nouvelle recrue, attaque un fourgon blindé pour s’emparer d’une somme importante en obligations. Cependant, ce dernier tue froidement l’un des convoyeurs et Chris Shiherlis se retrouve obligé de « terminer le travail ». Neil tente d’éliminer Waingro, mais celui-ci parvient à s’échapper. Parallèlement, le lieutenant Vincent Hanna mène l’enquête…