Un air de famille, comédie française de Cédric Klapisch, 1996. Avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Wladimir Yordanoff.
Thèmes
Don, désir, famille.
On pense souvent que le cadeau suffit pour combler celui qui le reçoit. C’est faux : un don véritable couronne un désir ; il peut être inouï, il n’est jamais inespéré. En revanche, un don imposé, un don que rien ne prépare, violente celui qui en est l’objet : « Mais c’est pour ton bien que j’ai agi… »
C’est ce que montre avec humour et finesse, Cédric Klapich dans Un air de famille. « Je voulais faire un beau voyage et je me retrouve avec un chien », dit Yolande à Philippe, le mari tyrannique qui a pris une femme obéissante comme un toutou. Et Yolande la soumise dont l’alcool dissout les défenses ne peut s’empêcher de dire sa déception : ce don indésirable ne s’accompagne-t-il pas d’un collier qui rappelle fort un collier pour chien ? En revanche, Denis est le seul à accepter de répondre au souhait qu’a la belle-fille de danser : « Je ne me suis pas amusée ainsi depuis des années », dira-t-elle. Seul le don désiré remplit de joie, le don imposé attriste.
Toute la famille réunie derrière la vitre – quel air de famille ! – contemple le couple de danseurs. Ils ne participent pas, mais le désir comblé suscite l’autre à son propre désir. Betty va oser renoncer à sa sécurité professionnelle qui est à nouveau un don imposé par son frère : « Je n’en veux plus de tes cadeaux, Philippe, ils me coûtent trop cher. » En effet, ils lui ôtent tout désir. Elle répond enfin à l’amour du patient Denis et commence ainsi à se réconcilier avec sa féminité.
Plus encore, Henri, le père tranquille, s’aventure à quitter son bar, « Le père tranquille », c’est-à-dire ce père sans désir que sa mère a fini par quitter ; et il dit à Arlette son désir de changer. Peut-être sa vie va-t-elle changer comme celle de ce motard dont la première image du film montre qu’il est parti seul et la dernière qu’il revient accompagné ? Cet homme qui a su aller jusqu’au bout de son désir n’a pas manqué d’être comblé du don espéré, quoiqu’inattendu.
Un désir de famille !
Pascal Ide
Toutes les semaines dans la famille Menard, on se réunit au café dont Henri est le patron et on va manger tous ensemble Aux ducs de Bretagne. Ce soir, qui est pourtant un jour de fête, car c’est l’anniversaire de Yolande la belle-fille, un incident va venir troubler les habitudes. Arlette, la femme d’Henri, est partie une semaine pour réfléchir, ce qui va déstabiliser les autres membres de la famille.