Un héros très discret
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Thème (s):
Amour, Guerre, Mensonge
Date de sortie:
15 mai 1996
Durée:
1 heures 47 minutes
Directeur:
Jacques Audiard
Acteurs:
Mathieu Kassovitz, Anouk Grinberg, Sandrine Kiberlain
Age minimum:
adolescents et adultes

 

 

Un héros très discret, film dramatique de Jacques Audiard, 1996. Avec Mathieu Kassovitz, Anouk Grinberg, Sandrine Kiberlain.

Thèmes

Amour, guerre, mensonge.

L’homme peut-il vivre dans un mensonge permanent ? Au point de départ, Un héros très discret esquisse sinon une explication du moins une possible genèse du mensonge. En déficit de père, mort prématurément et idéalisé, face à une mère amère et indisponible, car toujours en deuil, le jeune Albert Dehousse, 12 ans, se réfugie dans l’imaginaire ; sa timidité est en recherche d’une image valorisante à investir. Jusqu’au jour où un mensonge grave et maladroit de sa mère lui ouvre le monde séduisant et périlleux de la falsification de la vérité. Albert devenu adulte trouvera dans le trouble personnage du capitaine Dionnet le père qu’il avait besoin d’admirer ; or, ce capitaine dit avoir un amour de prédilection pour « le mensonge sous toutes ses formes » dont il s’est fait un métier.

A partir de là, et c’est de loin le plus intéressant, le film passe à un portrait affiné du menteur. Le monde d’Albert est sans réalité, puisque toute sa vie est reconstruction. Il est aussi dénué de toute émotion : Albert a dû apprendre à cacher ses sentiments, abolir toute réaction affective, sauf une : la peur. Il ne peut même plus montrer son corps, puisque sa nudité dénuée de cicatrice le trahit. Le menteur est-il finalement heureux ? Albert ne rit franchement qu’une fois, le jour où, son habitude aidant, il démasque deux imposteurs qui usent, mais sans art, des mêmes moyens que lui. Il ne peut même pas s’abandonner dans l’amour, de peur de se trahir. L’univers – extérieur et intérieur – du menteur est donc triste et fuyant, à l’image du regard toujours inquiet d’Albert. Son identité qui lui échappe : à l’instar des longues focales utilisées dans le film, Albert a du mal à faire le point, constamment menacé par le flou.

Son monde s’est réduit à une seule réalité : le mot. Encore est-il rare : moins le menteur parle, moins il risque de se couper. Depuis son enfance où il se précipitait sur le dictionnaire dès qu’il entendait un mot nouveau, jusqu’à son épluchage scrupuleux des cartes de pays qu’il est sensé avoir visité, en passant par cette première manipulation triomphante des mots d’un écrivain qui lui a valu d’épouser Yvette, Albert vit dans un monde où les mots trompeurs se sont applatis en perdant leur référence constitutive au réel

Pourtant, Albert aime la lumière du jour : il ne peut effacer son lien constitutif au vrai. C’est la mort (de ces Français : s’ils meurent de s’être trompés, que mérite celui qui trompe tout le monde tout le temps ?) et l’amour (on ne trompe pas une femme qui aime) qui ont raison du mensonge. Mais pour combien de temps ? L’habitude, remarquait Aristote, se prend au premier acte.

Pascal Ide

Dans l’époque trouble et confuse de l’hiver 1944-1945, à Paris, un homme qui n’a pas participé à la guerre va se faire passer pour un héros en s’inventant une vie admirable. A force de mensonge, il va construire par omissions et allusions un personnage hors du commun.

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