AUGÉ R. o.s.b., Connaître Dieu par expérience. La connaissance expérimentale de Dieu selon saint Thomas d’Aquin, coll. Sed Contra, Paris – Perpignan, Lethielleux, 2016. Parue dans la Nouvelle Revue Théologique (NRT) 139 (2017) n° 4, p. 684-685. Le petit livre de ce moine bénédictin du prieuré Sainte-Marie de la Garde, en France, est issu d’une licence canonique en théologie soutenue à l’Institut St-Thomas d’Aquin de Toulouse, et a pour objet précis son sous-titre. Après une brève introd., l’A. avance du plus universel au plus particulier: l’expérience (selon St Thomas) en général (chap. 1) ; l’expérience dans la vie surnaturelle (chap. 2) ; l’expérience surnaturelle de Dieu (chap. 3) ; l’expérience surnaturelle des Personnes divines (chap. 4). Un dernier chap. et la conclusion proposent une synthèse, en lien avec l’enseignement biblique, et une ouverture pratique: comment parler de l’expérience sans inviter à en vivre ?
L’A. souligne l’importance que l’Aquinate accorde à l’expérience dans un domaine où elle semblerait exclue : la vie de foi. Pour le montrer, il définit « la connaissance expérimentale » comme « une perception » immédiate d’une réalité singulière (p. 65). Puis il souligne que, pour Thomas, l’expérience, tout en étant aussi affective, présente avant tout un caractère objectif et non subjectif. Enfin, il insiste sur l’objet de l’expérience théologale: elle porte non sur l’être de Dieu, mais sur son action. Plus que d’entrer en dialogue avec les grands théologiens catholiques de l’expérience (notamment Jean Mouroux, Hans Urs von Balthasar, Karl Rahner), l’intention de l’A. est donc de s’inscrire dans le sillage des dominicains thomistes A. Gardeil, Patfoort, Torrell et de Belloy. Avec le premier et le dernier, il reconnaît notamment l’analogie structurelle entre l’autoperception de l’âme et la connaissance expérimentale des Personnes divines (p. 155-158). Ce travail, analytique, soigné, qui donne accès à de nombreux textes de Thomas, notamment du commentaire des Sentences, a, de la jeunesse, les qualités (la fraîcheur et la studiosité), et les limites (la dispersion des thèmes et l’absence d’approfondissement spéculatif des notions). – P. Ide