Pascal Ide, interview par Luc Adrian, « Alcool et foi – L’alcoolisme est-il un péché ? », Famille chrétienne, n° 1227 (21 juillet 2001).
On fait la fête, aujourd’hui, pour se sentir autre, se fuir soi-même, abandonner ses inhibitions, jusqu’à la perte de contrôle de soi. C’est ce qui fait la gravité du péché d’ébriété, qui est la démesure dans l’absorption de boissons alcoolisées : le renoncement à ce qui constitue notre dignité d’homme, l’usage de la raison et la libre maîtrise de soi.
Saint Paul a une parole terrible : « Les ivrognes n’hériteront pas du Royaume de Dieu » (1 Co 6, 10 ; cf. Rm 13, 13) Mais elle concerne le péché d’ébriété, non l’habitude du vice. Le vice, loin d’accroître la responsabilité du péché, comme on pourrait le croire, la diminue, l’excuse presque. Plus le péché a été répété, plus la tendance vicieuse devient involontaire, à la limite, compulsive.
C’est le cas de l’alcoolique. Il est dépendant, aliéné : il ne peut se passer d’alcool, sous peine de souffrir d’un manque intolérable. Si son habitude l’excuse, en revanche, son péché peut être de :
– Refuser de se reconnaître malade. Il s’agit ici d’orgueil.
– Refuser de se soigner. Par exemple, de participer fidèlement à un groupe d’Alcooliques Anonymes.
– Refuser d’être suivi régulièrement. Par exemple, de ne pas pratiquer des examens médicaux. Cela est souvent dû à la peur de connaître la vérité, mais il peut s’y mêler de la lâcheté.
– Désespérer. C’est la grande tentation du malade alcoolique (et de ceux qui l’entourent).
– Placer l’alcool et non Dieu au centre de sa vie et de ses préoccupations. Une des étapes essentielles dans la démarche des Alcooliques Anonymes est de reconnaître un Absolu au-dessus de soi. Culte du vin ou culte divin, il faut choisir.
A noter que ce qui est vrai de l’alcoolisme l’est également des autres dépendances.
Père Pascal Ide