Wonder Woman 1984 (stylisé WW84), fantastique de super-héros américain réalisé et coécrit par Patty Jenkins, 2020 (avec un sortie simultanée au cinéma et sur le service HBO Max aux États-Unis, ce qui est une première pour un blockbuster). Neuvième production de l’univers cinématographique DC, il se déroule 66 ans après les événements du premier volet, Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017). Avec Gal Gadot, Chris Pine, Robin Wright.
Thèmes
Vérité, amour, sacrifice.
Je m’attendais à un énième épisode de la saga Wonder Woman, certes spectaculaire, mais redoublant l’ennui de la répétition présente par la fadeur d’une nostalgie vintage (annoncée par la date 1984 présente dans le titre et emblématiquement représentée par la scène dans le centre commercial). Mais plusieurs bonnes surprises étaient au rendez-vous.
À l’ère du féminisme radical indiscrètement triomphant, joint à une super-héroïne, non seulement élevée par les Amazones, mais connue pour ses multiples insinuations et transgressions sexuelles fort audacieuses pour l’époque, le film surprend agréablement en ne cédant ni à des allusions aujourd’hui fort tentantes dans la spectaculaire et somptueuse scène inaugurale, ni au déboulonnage systématique de la gent masculine. Voire, étonnamment, ce sera Barbara ambivalente et blessée d’avoir été méprisée qui mourra de s’être repue de sa destructivité envieuse et revencharde, alors que le narcissique Max Lord qui préfère sa réussite à son fils et a failli aliéner le monde entier à son ego, se retourne de manière inopinée au terme, naît à sa paternité et sauve sa vie en sauvant celle de son enfant.
Le nouvel épisode offre une deuxième bonne nouvelle qui est aussi une courageuse déconstruction de la pseudo-valeur suprême de notre temps, l’accomplissement de soi, et son corollaire obligé, le rejet de la frustration comme violence absolue. En effet, nous y reviendrons, WW choisit le service de sa mission contre l’asservissement à sa passion. Et n’allons pas minimiser son sacrifice en arguant de son éternelle jeunesse. Tout au contraire, celle-ci lui a fait connaître pas moins de deux tiers de siècle de célibat qui est d’abord l’effet d’un deuil douloureux.
Une troisième stupéfaction de taille nous attend. Nous ne nous étonnerons pas du triomphe de l’amour-agapè omniprésent. En effet, les super-héros de l’époque des Superman demeurent indéfectiblement fidèles à leur mission qui est de servir l’humanité en les sauvant des super-méchants. Surtout lorsque le personnage de Wonder Woman accroît la bonté de cette fin par la douceur des moyens : jamais, elle n’attentera à la vie, et toujours elle tentera de sauver non seulement les victimes des bourreaux, mais les bourreaux d’eux-mêmes. En revanche, à une époque qui a dissocié la paire psalmique (« Amour et vérité se rencontrent ») pour valoriser le premier terme, l’on restera heureusement interloqué du témoignage omniprésent rendu à la vérité. Depuis la forte leçon de la première scène (nul ne peut gagner en trichant) qui, sans moralisme (le rappel de la loi se double d’une parole d’espérance qui ouvre l’avenir), rappelle discrètement et opportunément le contenu du huitième commandement : « Tu ne mentiras pas ». Jusqu’à la leçon finale qui multiplie les actions véritatives : utilisant le lasso d’Hestia pour communiquer avec le monde à travers Max, Diana convainc les hommes de renoncer à leurs vœux ; loin de se limiter aux seules victimes, elle montre au « méchant » des visions de sa propre enfance malheureuse et de son fils, Alistair, à la recherche de son père au milieu du chaos, ce qui conduit Max à renoncer à son vœu et retrouver son enfant ; enfin, Wonder Woman n’a pu demander à autrui de regarder les conséquences de ses désirs ou de ses traumatismes en vérité que parce qu’elle-même a reconnu sa propre toute-puissance et donc son mensonge en transgressant l’interdit par excellence qu’est la mort : de fait, c’est en renonçant à Steve que Diana recouvre son identité et ses super-pouvoirs.
Bouclant avec la première observation, cette victoire de la vérité libérante est aussi celle de la juste féminité qui est aussi celle de la symbolique de l’anima : le lasso d’Hesta ne fait pas tant violence à la liberté que triompher la vérité contre la seule puissance physique.
Pascal Ide
Alors qu’elle n’a que huit ans, Diana (Lilly Aspell) concoure contre des Amazones plus âgées dans un événement sportif qui se déroule sur l’île de Themyscira. Après être tombée de son cheval, Diana prend un raccourci, donc manque un point de contrôle, et semble finir en première position. Mais sa tante, Antiope (Robin Wright) a observé la tricherie et, non sans l’accord de sa mère, la reine Hippolyte (Connie Nielsen), la retire de la compétition, expliquant que tout ce qui en vaut la peine doit être obtenu honnêtement.
En 1984, Diana Prince (Gal Gadot) travaille à la Smithsonian Institution à Washington, D. C., qui lui sert de couverture pour sa mission super-héroïque de Wonder Woman. Nouvelle employée du musée, le Dr Barbara Ann Minerva (Kristen Wiig), qui est géologue et cryptozoologiste timide, souffre d’être ignorée de ses collègues et en vient à envier Diana. Jusqu’au jour où le FBI demande au musée d’identifier des antiquités volées lors d’un vol que Diana a récemment déjoué. Barbara et Diana remarquent qu’un élément, qui sera identifié comme une pierre de rêve, contient une inscription latine affirmant accorder un vœu à son détenteur.
Jalouse de Diana, Barbara souhaite devenir comme elle, ignorant que, en plus de sa confiance et de son aura, elle acquiert les mêmes super-pouvoirs. Quant à elle, Diana émet le désir que son grand amour, décédé en sacrifiant sa vie au terme du premier épisode, Steve Trevor (Chris Pine), soit vivant. De fait, ce dernier ressuscite d’abord dans le corps d’un autre homme (Kristoffer Polaha), puis se substitue à lui lors d’un gala au Smithsonian. Enfin, l’homme d’affaires raté Maxwell « Max » Lord (Pedro Pascal) trompe la vigilance de Barbara et vole la pierre, dans l’espoir d’utiliser son pouvoir pour sauver sa compagnie pétrolière en faillite. Pour cela, il souhaite « fusionner » avec la pierre de rêve et acquiert donc le pouvoir de lui-même exaucer les souhaits des autres, devenant, par eux, une personnalité riche et puissante. Ainsi, loin de servir le monde, ses pouvoirs le plongent dans le chaos, ainsi que l’atteste son passage par Le Caire (Égypte) pour récupérer les puits de pétrole d’un rival.
Comment Diana et Steve pourront-ils arrêter celui qui a la toute-puissance du désir, surtout si s’ajoute une adversaire aussi surdouée qu’elle, Barbara devenue Cheetah ?