Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux (Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings), fantastique américain, sousgenre super-héros de Destin Daniel Cretton, 2021. Adapté du personnage de Shang-Chi, issu des Marvel Comics, créé par le scénariste Steve Englehart et les dessinateurs Al Milgrom et Jim Starlin. Avec Simu Liu, Tony Leung Chiu-wai, Awkwafina, Meng’er Zhang et Michelle Yeoh.
Thèmes
Famille.
Comme Black Panther (Ryan Coogler, 2018) avec le monde africain, ce film spectaculaire et attachant, croise pour la première fois l’univers Marvel avec une toute autre culture, ici, la culture chinoise.
Le titre trop vite lu et l’affiche trop vite regardée fait croire à un nouveau long-métrage à budget pharaonique et combats eshétiques venu d’Extrême-Orient. En réalité, il s’agit du vingt-cinquième opus de l’univers cinématographique Marvel et deuxième de la phase IV, le premier étant le décevant Black Widow (Cate Shortland, sorti en début d’été). Comme il se doit de manière constante aujourd’hui, selon la belle logique de l’alignement chamanique vie-pratique qu’il faudra un jour explorer pour elle-même [1], le super-héros ne sauve une humanité blessée que parce que, le premier, il panse d’abord sa propre histoire traumatique : orphelin de mère, Shang-Chi fut manipulé par son père, de sorte que, aujourd’hui, il ne le fuit pas seulement géographiquement, mais psychologiquement, en se contentant de la vie d’un voiturier.
La culture chinoise se traduit inévitablement par l’appel à la grande figure mythologique du dragon : la gigantesque créature maléfique qui s’appelle l’Hôte des Ténèbres se substituera au père pour incarner la figure du méchant – tant cette identification nierait l’un des fonds les plus constants des civilisations extrême-orientales. Et tel est le deuxième trait, désormais emprunté au fond traditionnel du confucianisme. Le film nous parle avant tout d’une famille traumatisée par une suite de ruptures navrantes : mort de la mère qui en était comme l’âme et le cœur, durcissement du père retournant à sa violence d’origine, fuite du frère, trahison de la sœur… Et l’histoire raconte la progressive réconciliation, elle aussi, en cascade, attestant que, paradoxalement pour un Occidental, la déliaison aliène alors que le lien libère. Dans l’ordre inverse : le règlement de compte fraternel se soldera par un KO dans les règles et un abandon en règle (« pour que tu sentes ce que c’est d’être seul »), avant que frère et sœur ne s’allient dans la commune mission ; la réconciliation entre père et fils passera, d’un côté, par le refus filial de la vengeance et, de l’autre, par l’immolation paternelle au service du bien commun, et conduira à l’union des deux armées de Ta Lo et des Dix Anneaux, seule capable de lutter victorieusement contre les hordes de créatures dévoreuses d’âmes ; finalement, la guérison de la blessure laissée par la mère si tendrement aimée et si douloureusement décédée opèrera par l’intériorisation de sa technique martiale qui est tout autant une chorégraphie unissant l’homme au cosmos.
Ainsi, chemin faisant, nous avons croisé, plus discrètement, la troisième composante, taoïste, de la culture chinoise : non pas tant le vide médian que, peut-être, le qi (au moins en creux par la manière dont l’Hôte des Ténèbres aspire les âmes de ses victimes), mais surtout le dipôle Yang-Yin : depuis le début où il est incarné par la superbe scène du combat amoureux sur fond de clairière enchanteresse grâce auquel Xu Wenwu et Ying Li se rencontrent ; jusqu’au terme par l’opposition entre la montagne masculine (tout le combat final se déroule dans le village de Ta Lo, bijou magnifique encore plus que magique serti dans un écrin de hautes montagnes mystérieuses, ce qui nous vaut une autre très belle scène : la subcréation du monde de Ta Lo) et l’eau féminine (celle du lac que sculpte la magie et où Shang-Chi renaît à sa véritable mission).
Pascal Ide
[1] En attendant, cf. Jean Monbourquette, Le guérisseur blessé, Montréal, Novalis, 2009.
Plus d’un millénaire avant notre ère, le guerrier Xu Wenwu (Tony Leung Chiu-wai) met la main sur des anneaux lui conférant vie éternelle et toute-puissance, qu’il utilise pour conquérir des royaumes en menant son armée, qu’il nomme les Dix Anneaux. La soif de conquête de Wenwu est insatiable, jusqu’à ce qu’il entende parler du légendaire village de Ta Lo. Bien qu’il parvienne à localiser l’entrée de ce dernier, il est vaincu par Ying Li (Fala Chen), une jeune femme qui protège son village. En dépit de sa défaite et de son objectif, Wenwu s’éprend de Li, et bientôt les deux anciens adversaires se marient et fondent une famille, donnant naissance à deux enfants, Shang-Chi (Simu Liu) et Xialing (Meng’er Zhang). Les deux enfants reçoivent de Li un pendentif qui, s’ils étaient perdus, les guiderait vers leur foyer.
Toutefois, à la suite de la mort de Li qui a été assassinée par un groupe de criminels autrefois lésés par Wenwu, ce dernier reprend les anneaux dont il avait abandonné le pouvoir, et reforme son armée. Il forme également son fils Shang-Chi à devenir un assassin redoutable, laissant de côté Xialing qui s’entraîne seule et devient également une combattante surdouée en arts martiaux. Envoyé à l’âge de quatorze ans accomplir sa première mission d’assassinat (ciblant le chef du gang ayant tué Li), Shang-Chi déserte les Dix Anneaux et tente de refaire sa vie à San Francisco en compagnie de sa meilleure amie et seulement amie, Katy (Awkwafina). C’est
Peu après avoir reçu une carte postale indiquant une adresse à Macao, qu’il pense avoir été envoyée par sa sœur, Shang-Chi est attaqué dans le bus par un groupe de soldats des Dix Anneaux emmenés par un redoutable manchot à sabre, Razor Fist (Florian Munteanu). Shang-Chi parvient à les vaincre, mais révèle ainsi à Katy son exceptionnelle maîtrise des arts martiaux. Surtout, il découvre que Razor Fist lui a volé son pendentif. Shang-Chi décide de se rendre à Macao afin de retrouver Xialing, acceptant avec réticence que Katy l’accompagne. Sur place, Shang-Chi, devenu célèbre sur Internet depuis que son combat dans le bus a été filmé par un passager, se retrouve au milieu d’un cercle de combats clandestins. A sa grande surprise, il affronte Xialing, grande figure du monde criminel local. Pleine d’amertume pour son frère qui l’a autrefois abandonnée, elle le vainc et l’abandonne à un groupe de soldats appartenant aux Dix Anneaux.
Finalement, Wenwu capture ses deux enfants et les conduit complexe secret des Dix Anneaux où il leur expose qu’il a besoin de leurs pendentifs pour retrouver sa femme Li et leur mère dont il a entendu la voix. Mais comment est-ce possible, puisque Shang-Chi l’a vue morte sous ses yeux ? Wenwu s’illusionnerait-il ou chercherait-il une nouvelle fois à illusionner ses enfants, pour les faire servir à d’obscurs plans ?