Raya et le dernier dragon (Raya and the Last Dragon), animation américain de fantasy de Don Hall et Carlos López Estrada, co-réalisé par Paul Briggs et John Ripa, 2021.
Thèmes
Féminisme.
Visualisé sans conviction sur demande, ce nouveau long-métrage des Walt Disney Animation Studios pour adolescents, ou plutôt pour adolescentes, est irréprochable sur le plan graphique (la maîtrise est devenue époustouflante, même si certaines animations Disney sont autrement créatives), stimulant sur le plan écologique (les ectoplasmes sombres et fluides comme des hydrocarbures polluants versus les génies protecteurs que sont les dragons non sans la médiation des hommes) et plutôt banal du point de vue narratif.
En revanche, il pose trois problèmes. Le premier est scénaristique. Si l’intrigue se laisse regarder sans ennui, elle ne se laisse pas suivre sans heurt. En effet, elle n’a pas su choisir entre le drame et la comédie (par exemple, quid de Sisu, ce dragon fluo, dont, au départ, on ne sait s’il est réel ou fictionnel, bébé ou adulte, gentil ou méchant ?). Et la lecture des compte-rendus critiques explique au spectateur inaverti que le film a bricolé deux histoires mal ajustées.
Le deuxième est anthropologique : la multiplication des héroïnes féminines se solde par un déplacement de leur identité vers le pôle masculin, c’est-à-dire vers l’aventure vécue sur le mode viril de la solitude, voire par la négation crue de la maternité (« Rappelle-moi de ne pas avoir d’enfants »).
Le troisième est éthique. L’honnêteté est une vertu qui se dissout dans l’humour : si mignonne soit la nourrissonne, elle n’en demeure pas moins une voleuse à la tire. Surtout, cette féminisation à outrance (qui enrôle même le dragon) finit par disqualifier l’homme qui n’est plus recevable que sous la forme de la figure paternelle, elle-même rejetée aux deux extrémités du film. Elle conduit aussi à effacer l’imaginaire amoureux au profit de la seule affection amicale entre personnes de même sexe – sans qu’on puisse en dire plus.
Pascal Ide
Il y a 500 ans, dans un pays appelé Kumandra, les humains vivaient en harmonie avec les dragons, créatures aquatiques maîtrisant la magie. Mais le monde fut frappé par un terrible fléau, les Druuns. Ces démons du feu nés de la division entre hommes transformèrent les êtres vivants en statues de pierre. Afin de repousser cette malédiction, les dragons utilisèrent toute leur magie et se sacrifièrent pour créer l’Orbe du Dragon, un artéfact qui stoppa les Druuns. Mais alors que ce sacrifice devait réunifier les humains, ceux-ci s’affrontèrent pour le contrôle de l’Orbe du Dragon et se divisèrent en cinq tribus : Crocs du Dragon, Griffes du Dragon, Cœur du Dragon, Dos du Dragon et finalement, Queue du Dragon.
500 ans plus tard, le chef Benja (voix de Frédéric Chau) de la Tribu du Cœur du Dragon forme sa fille Raya (voix d’Émilie Rault) à protéger l’Orbe, et lui transmet son rêve de voir le pays de Kumandra réunifié. Pour tenter de réaliser cet idéal d’harmonie, il invite les autres tribus à une conférence de paix, au cours de laquelle Raya se lia d’amitié avec Namaari (voix de Jade Phan-Gia), fille de la cheffe Virana (voix d’Anggun) de la tribu des Crocs du Dragons. Mais Namaari et sa tribu trahissent tout le monde en tentant de voler l’artéfact, qui se brise au cours de l’affrontement. Cette perte libère les Druuns qui anéantisseent la tribu du Cœur du Dragon, laissant Raya pour seule survivante.
De nos jours, après avoir cherché six années la dernière dragonne du monde, afin de restaurer l’Orbe du Dragon et sauver sa tribu, Raya trouve enfin Sisu (voix de Géraldine Nakache). Mais, poursuivie par Namaari, qui a ses propres projets concernant la dragonne et l’artéfact, pourra-t-elle enfin réinstaurer l’harmonie dans le pays de Kumandra désormais dévasté par les Druuns ?