DANIELS J.C., Theology, Tragedy, and Suffering in Nature. Toward a Realist Doctrine of Creation, coll. Studies in Episcopal and Anglican Theology 12, New York, Peter Lang, 2016. Parue dans la Nouvelle revue théologique (NRT) Tome 139 (2017) n° 4, p. 686-687
Joel C. Daniels, prêtre de l’Église épiscopalienne, à New York, et docteur en théol. de la Boston Univ., offre ici un ouvrage doublement original : quant à son objet, la souffrance présente dans la nature (hors responsabilité humaine), et quant à sa perspective, résolument théologique. L’ouvrage procède en deux temps. Tout d’abord, il propose un état de la question. L”Ecriture et la Tradition attestent un Dieu indifférent au pathos cosmique (chap. 1). Avec la modernité, la nouvelle théodicée (Bayle, Leibniz, Hume, Paley) opine notamment vers une représentation optimiste du monde (chap. 2). À Charles Darwin introduisant une vision dramatique de la vie, fondée sur la sélection des espèces et naturalisant le mal (chap. 5), la théologie postdarwinienne (Teilhard de Chardin, Hick, Swinburne, Southgate) apporte une réponse insuffisante, soit qu’elle dénie soit qu’elle minimise la souffrance cosmique (chap. 4). La prendre en compte suppose d’abord de défendre l’introduction de la catégorie de tragédie dans la théodicée, avec Balthasar – qui, pour être germanophone, n’est pas allemand (p. xi) ! «, MacKinnon et Williams (chap. 5). Puis, l’A. l’applique à la cosmologie théologique, affirmant que l’état de la nature est proprement tragique et ouvrant, plus qu’à une réponse théorique, à une attitude pratique et spirituelle d’attente d’une rédemption cosmique (chap. 6). Comment ne pas se réjouir que la question si rarement affrontée du mal cosmique ne soit pas abandonnée aux investigations incertaines de l’hermétisme qui en a fait l’un de ses principaux lieux? Comment ne pas se réjouir aussi qu’un théologien épiscopalien croise sa propre tradition avec quelques grands noms de la Tradition catholique (un détour par Hans André, trop méconnu, aurait considérablement enrichi le propos) ? Une approche catholique de la question serait peut-être moins pessimiste et philosophiquement plus lestée… – P. Ide