The Gentlemen
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Pays:
Américain
Thème (s):
Drogue
Date de sortie:
5 février 2020
Durée:
1 heures 53 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Guy Ritchie
Acteurs:
Matthew McConaughey, Hugh Grant, Charlie Hunnam
Age minimum:
Adolescents et adultes

The Gentlemen, policier américano-britannique de Guy Ritchie, 2019. Avec Matthew McConaughey, Charlie Hunnam, Michelle Dockery Hugh Grant.

Thèmes

Drogue.

Astucieusement monté jusqu’à paraître normal, The Gentlemen doit être démonté pour laisser apparaître ce qu’il est : immoral…

 

Le spectateur connaît désormais bien ce genre très balisé et plutôt jubilatoire du film policier à énigmes et emboîtements. Il sait que le « gentil » a toujours un coup d’avancer sur le « méchant » autant que sur lui (en l’occurrence, le paparazzo maître-chanteur se fait lui-même photographier et devient un larbin qui déchante et finit désenchanté) ; il sait aussi que ces débuts prétendument catastrophiques (l’exécution du héros) ne sont que des trompe l’œil qui préparent une pirouette spectaculaire. Bref, nous acceptons gentiment d’être bien menés par le bout du nez sans jamais être malmenés. Car, au fond, c’est nous et nous seuls les gentils, nous qui remplissons les salles et le tiroir-caisse de Ritchie le bien-nommé, en consentant à nous laisser berner avec éclat et éclats de rire, puisque, reconnaissons-le, nous rions souvent et sincèrement.

 

Toutefois, comme il se doit aussi, dans un monde où la toute-puissance a été vaincue par l’impuissance, où même les super-héros recyclent leur traumatisme et où Sherlock Holmes est un détective souffrant de solitude et de dépendance, la mécanique devient éthique – toujours pour le cinéaste passé maître ès manipulation. En effet, nous sommes sensés endosser les principes auxquels Mickey s’adosse : l’herbe qu’il vend encore aujourd’hui de manière illégale sera demain en accès libre sur le marché ; la drogue qu’il exploite avec la complicité de l’aristocratie anglaise désargentée autant que déclassée, est un gentil passe-temps face à l’héroïne assassine dont les Triades inondent la Grande Bretagne, pénétrant jusque dans les meilleures familles ; Coach a beau couvrir une bande de malfrats rapeurs et frappeurs, il est un humaniste qui cherche à réinsérer ses « gamins » et paie ses dettes plus que de mesure (quatre fois plus !). Enfin, dans un univers où l’hubris enivrée des deux premières concupiscences (celle de la finalité, l’excès de pouvoir, et celle du moyen, l’excès d’argent) va toujours de pair avec la troisième (celle, intermédiaire, de la jouissance, l’excès de sexe), Mickey et Raymond se présentent comme exemplaires, le premier dans sa fidélité chaste et amoureuse à sa femme (une Lady Mary Crawley qui a beaucoup perdu de sa réserve, sans rien perdre de sa froideur), le second dans sa sobre continence face aux grossières avances du journaliste (Hugh Grant, lui aussi dans un contre rôle inattendu).

Certes, au royaume des culs-de-jatte, les unijambistes sont rois. Mais, à propos de roi, celui-ci tire lui-même la morale (sa morale) au final : s’il vit dans la jungle des caïds, le « roi de la jungle » demeure d’abord un roi, c’est-à-dire celui qui ne cesse de se tailler la part du lion, indépassé et indépassable. Autrement dit, c’est bien son ego et seulement son ego que Mickey Pearson sert, même si l’Américain cherche à la jouer british. Bref, le gentleman n’a rien d’un gentilhomme.

 

Mais il y a pire. Je ne parle pas des multiples transgressions commises par le héros : tous les commandements y passent et trépassent, hors, répétons-le, les sixième et neuvième. Mais je veux parler de l’apologie à peine voilée en faveur de la libéralisation des drogues si faussement qualifiées de « douces ». Comme si elles n’étaient pas la porte d’entrée habituelle aux drogues dures, dont les ravages sont si destructeurs.

Pascal Ide

Un soir, un écrivain, Fletcher (Hugh Grant), s’introduit chez Raymond (Charlie Hunnam), l’homme de main de Mickey Pearson (Matthew McConaughey). Et il lui raconte une longue histoire, qui s’avèrera être un chantage à 20 millions de dollars… Bien qu’Américain, Mickey est devenu un important baron de la drogue à Londres, en bâtissant une solide « entreprise », implantée dans tout le Royaume-Uni. Aujourd’hui, l’époux de Rosalind (Michelle Dockery) dont il est très épris, évoque plus ou moins la possibilité de se retirer et veut passer la main à un milliardaire juif, Mathew (Jeremy Strong). Mais son « business » très lucratif dans la marijuana attire autant les « gamins » plutôt inoffensifs que Coach (Colin Farrell) essaie de réinsérer, que les redoutables triades chinoises, spécialisées dans l’héroïne, notamment « Œil Sec » (Henry Golding), un homme de main ambitieux que le parrain Lord George (Tom Wu) semble de moins en moins capable de contrôler…

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