(Éditorial, 10 novembre 2019)
« L’autre jour, me confie une dame âgée, mon petit-fils m’a fait un merveilleux compliment : “Grand-mère, tu as les rides dans le bon sens !ˮ » Je la regarde alors plus attentivement et je constate que ces rides décrivaient des cercles concentriques, comme si un caillou était tombé au milieu de son visage. Une seule explication possible : elle devait sourire en permanence !
En ce dimanche, Dieu nous parle d’un des derniers articles de notre Credo : « Je crois à la résurrection des morts ». Autrement dit, quand le Christ reviendra dans la gloire, il ressuscitera tous les hommes (cf. Jn 5,28-29), ses brebis comme les boucs (Mt 25,32) : « L’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés » (Jn 5,28-29).
Mais qu’est-ce donc que le corps humain ? Dans son admirable théologie du corps, saint Jean-Paul II a une formule audacieuse : le corps est le « sacrement » de la personne. En effet, le sacrement est le signe visible de l’invisible : l’eau versé sur le corps du baptisé est le signe de la vie divine qui s’épanche en lui. Or, la vocation de mon corps est d’exprimer mon cœur : faisant fi des rides qui obsède notre époque, notre grand-mère n’a cessé de se donner aux autres en souriant.
Notre société entretient une relation paradoxale au corps. D’un côté, elle l’adule, le chouchoute. De l’autre, ce corps qu’elle aime tant exhiber, par exemple, à travers les médias, est un corps fantasmé qui ne correspond pas à la réalité. Par exemple, dans les séries télévisées, plus de 30 % des actrices y sont maigres, soit 15 fois plus que dans le reste de la population ; inversement, seules 3 % des femmes sont obèses, alors qu’il y en a 33 % dans la société américaine.
Et si ce dimanche était l’occasion de :
Mieux connaître son corps : le jour où j’ai compris que notre foie pouvait exercer, admirablement, ses 500 fonctions différentes, parce qu’il avait besoin de désintoxiquer notre organisme à partir de 19 heures, j’ai fait plus attention à alléger mes dîners.
En prendre soin : « Celui qui ne prend pas le temps de s’occuper de son corps devra prendre le temps d’être malade », disait un médecin.
L’aimer, enfin. Sainte Thérèse de Lisieux confiait à sa sœur Céline : « Toujours mon corps m’a gênée, je ne me trouvais pas à l’aise dedans… toute petite même, j’en avais honte ». Quelques temps plus tard, son attitude a changé : « Elle ne se consola d’en avoir un [corps] qu’en pensant à Notre Seigneur qui a bien voulu se faire homme comme nous ». Le chrétien trouve dans l’Incarnation du Christ la plus belle raison d’aimer son corps.
Pascal Ide