Millénium : Ce qui ne me tue pas (The Girl in the Spider’s Web), thriller policier américano-suédois de Fede Álvarez, 2018. Adapté du roman éponyme Ce qui ne me tue pas de David Lagercrantz, qui a repris la trilogie Millénium de Stieg Larsson, 2015. Avec Claire Foy, Sverrir Gudnason, Sylvia Hoeks.
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TDK.
On le sait, ce film trahit la saga à succès (plus de 75 millions d’exemplaires depuis sa publication en 2005-2007 : cf. sur le site) de Stieg Larsson qui, inévitablement, a donné lieu à une adaptation cinématographique, sans originalité ni vitalité, mais sans infidélité. Toutefois, la difficulté, et elle est majeure, réside ailleurs. Ce quatrième opus offre un festival impressionnant d’erreurs majuscules de scénario : toutes les scènes d’action sensées être inventives ayant déjà été vues (seule exception, peut-être : la fuite sur la glace) ; surtout l’intrigue se résume à une suite d’actions spectaculaires où la surprise dévore tout suspense (sur la différence capitale entre surprise et suspense, cf. fiche ) ; même le méchant dont la cruauté aurait pu être inquiétante, n’est introduit qu’au tiers du film pour ne réapparaître que vaguement au terme. La production a-t-elle donc oublié d’allouer une part de son budget à l’écriture du script ?
Je ne sauverais, mollement, que la dernière scène qui mime un mini-TDK. La blonde assassine s’avèrera être la sœur de Lisbeth, Camilla Salander (Sylvia Hoeks), autrefois abusée, avec elle, par leur père. Acculée, la reine rouge qui s’est jusqu’ici identifiée au plus glacial et glaçant des Bourreaux n’a plus que la ressource de switcher (non, ce n’est pas une concession angliciste, c’est le terme technique !) en Victimaire, accusant doublement : son père pédophile d’avoir été le Persécuteur qui l’a détruite pendant plus de seize ans ; et Lisbeth la justicière, d’avoir failli à sa mission de Sauveteuse. Et même si, au dehors, l’héroïne dénonce la mensongère déresponsabilisation (« Tu l’as choisi », c’est-à-dire de rester avec notre père) et l’injuste culpabilisation (« Je ne pouvais pas y retourner », c’est-à-dire revenir dans ce lieu insupportable), Lisbeth demeure, au dedans, prisonnière de sa compulsion réparatrice qui la conduit à « agresser les hommes qui agressent les femmes », pour les punir. Cette répétition mortifère est symbolisée par l’itération qu’elle ne peut empêcher de la scène traumatique inaugurale : la plongée, ici, de Camilla, dans le gouffre suicidaire qui l’engloutit.
« Ce qui ne me tue pas… » commence le titre, appelant la suite bien connue de la citation dont l’auteur n’imaginait pas qu’elle connaîtrait un tel succès : « … me rend plus fort [1] ». En réalité, ce qui ne me tue pas au dehors peut me tuer au dedans, dans une redondance commandée certes par la blessure, mais aussi par le ressentiment (et tel est le sens de l’aphorisme nietzschéen). En effet, et nous venons maintenant au titre original et intentionnellement amphibologique du film – The Girl in the Spider’s Web : « La fille dans la toile de l’araignée –, Lisbeth est empêtrée dans les mailles d’une toile qui, beaucoup plus que celle, extérieure, du gang des araignées prédatrices, s’identifie à celle, intérieure, de cet Internet où elle sévit, avec son talent de pirate surdouée, pour jouer à la justicière qui ne cesse de violemment sauver les autres, parce qu’elle a d’abord oublié de doucement se sauver elle-même.
Pascal Ide
[1] « À l’école de guerre de la vie. – Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort. » Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, « Maximes et flèches », § 8, 1888, trad. Henri Albert, Paris, Mercure de France, 71908, p. 108. Littéralement : « Ce qui ne me tue [voire défait] pas me fait plus fort » : « was mich nicht umbringt, macht mich stärker ».
Frans Balder (Stephen Merchant), éminent chercheur suédois en intelligence artificielle, fait appel à Lisbeth Salander (Claire Foy), afin de récupérer un logiciel qu’il a créé et qui permet de prendre le contrôle d’armes nucléaires. Mais la NSA ainsi qu’un groupe de terroristes sont également sur la piste du logiciel. Traquée, Lisbeth va faire appel à son ami le journaliste de la revue Millénium, Mikael Blomkvist (Sverrir Gudnason), qu’elle n’a pas revu depuis 3 ans. Toutefois le pire ennemi de la hackeuse Asperger ne serait-il pas une mystérieuse femme blonde en robe rubescente qui paraît commander les cyberterroristes ?