La maison du lac
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Pays:
Américain
Année:
1981
Thème (s):
Amour, Famille, Pardon, Relation père-fille
Durée:
1 heures 49 minutes
Directeur:
Mark Rydell
Acteurs:
Katharine Hepburn, Henry Fonda, Jane Fonda
Age minimum:
Adolescents et adultes

La maison du lac, drame américain de Mark Rydell, 1981. Avec Katharine Hepburn, Henry Fonda, Jane Fonda.

Thèmes

Relation père-fille, famille, amour, pardon.

Si la personne s’achève dans le don de soi, celui-ci s’accomplit dans le pardon (étymologiquement le par-don est le « don parfait »). D’ailleurs, comment se reconstruire sans pardonner, notamment à ses parents ? Si, dans l’immense majorité des cas, ceux-ci aiment profondément leurs enfants, ils n’évitent pas des maladresses car, depuis le péché originel, toutes nos histoires sont blessées. La maison du lac nous conte un pardon (intérieur) qui, de plus, se concrétise, en réconciliation (extérieure).

Ethel (Katharine Hepburn) et Norman Thayer (Henry Fonda), un couple soudé et aimant, passent leurs vacances dans leur résidence secondaire auprès du lac. Leur fille Chelsea (Jane Fonda) leur rend visite avec son nouveau fiancé et son jeune fils, Billy. Les tensions entre père et fille affleurent sans éclater : Norman ayant voulu avoir un fils, Chelsea ne s’est pas sentie aimée inconditionnellement ; de son côté, Norman reproche à sa fille de ne plus venir à la maison. Chelsea laisse Billy à ses parents. Contre toute attente, l’adolescent plutôt difficile, sinon révolté, se lie d’une grande amitié avec Norman.

Quand Chelsea revient, elle découvre que Billy vit avec son grand-père la relation dont elle a toujours rêvé avec son père. Alors, derrière la jalousie, toute l’amertume de ne pas avoir été accueillie dans sa féminité se déverse. Mais quand elle lâche : « C’est un vieux salopard d’égoïste ! », Ethel, à bout de patience, la gifle. Trop bouleversée, Chelsea fait ce qu’elle a toujours fait : elle fuit.

Toutefois, Norman ayant défailli dans son rôle de père, n’est-il pas compréhensible que Chelsea souffre et exprime sa douleur ? Oui, mais cela ne légitime pas qu’elle soit injuste, notamment en généralisant (« Pourquoi […] n’a-t-il jamais été mon ami ? ») et en l’injuriant (« salopard »). De plus, en s’auto-convainquant d’un manque irréparable, elle se victimise et s’interdit toute évolution.

Le chemin de guérison passera par quatre étapes (de 1 h. 26 mn. 30 sec. à 1 h. 36 mn. 50 sec.).

Dans sa fuite, Chelsea rencontre l’eau du lac. En plongeant, elle reprend salutairement contact avec le réel. L’eau, omniprésente dans le film, joue aussi une fonction symbolique, ici de purification.

La seconde étape, entre Chelsea et sa mère, constitue le moment de la vérité. Celle-ci n’étant audible que sur enveloppement d’amour, Ethel pose plusieurs gestes d’attention (apporter des vêtements, etc.) et s’excuse de son excès (la gifle). Puis elle rétablit le vrai (« Ton père se soucie profondément de toi »), tout en évitant l’erreur de totalement excuser Norman (« Il n’a jamais su exprimer les sentiments »).

Comprendre ce qui s’est passé est nécessaire. Mais la relation se renouera et l’avenir s’ouvrira seulement si l’on décide d’aller vers l’autre, sans attendre que lui vienne vers nous. Autrement dit, pardonner. Telle est la troisième étape. Ethel demande : « Alors, combien de temps exactement veux-tu attendre pour commencer une amitié avec lui ? »

Avant que le bateau de Norman n’accoste, on voit Chelsea prendre une large inspiration. Petit geste, grande décision : elle se refuse à fuir et choisit la voie de la réconciliation.

Après quelques échanges gênés et distants, Chelsea se lance : « Norman, je veux te parler ». Là encore, cet acte apparemment simple demande un courage immense. « Il est peut-être temps que toi et moi nous ayons le genre de relation que nous sommes supposés avoir », celle « d’un père et d’une fille ». Alors que Norman fait appel à sa défense habituelle, l’ironie (« C’est pour mon testament, n’est-ce pas ? »), Chelsea ne s’y trompe pas qui, les larmes aux yeux, le stoppe avec force : « Arrête. Je ne veux rien du tout ». Elle pleure maintenant à chaudes larmes. Elle a une dernière chose à déclarer, la plus importante, celle qui donne le sens à toute son intrépide démarche : « Je veux être ton amie ». Son visage s’apaise soudain. Dans ce « je veux », qu’il soit ou non partagé, elle opte pour le pardon et pour la vie, elle sort donc définitivement de l’amertume.

Comment Chelsea a-t-elle évité de sombrer dans ses attitudes habituelles, colère et fuite ? En multipliant les actes de liberté et de courage, elle a fait comme sainte Thérèse de Lisieux la nuit de Noël 1886 : « un gros effort ». Il faudrait ajouter l’intériorisation des paroles de sa mère qui l’ont prévenu de la paralysie quasi-totale de Norman en matière affective.

Touché, mais incapable de le dire, Norman demande si elle viendra plus souvent. Après une brève hésitation, Chelsea accepte, scellant sa démarche de réconciliation par une résolution qui l’incarne.

Enfin, et c’est la dernière étape, elle cueille le fruit de son pardon. D’abord la liberté. Alors que son père a toujours estimé qu’une fille ne savait pas le faire, elle surmonte sa peur et, alors que Norman ne cesse de la dissuader, elle plonge en faisant un saut périlleux arrière : libérée de son attente infinie de reconnaissance, elle la reçoit par surcroît.

Après son autonomie, elle gagne un autre immense cadeau : son identité filiale. Ici, le geste vient enfin de Norman qui offre à Chelsea la médaille qu’il a gagnée pour la finale du plongeon. Quittant son rêve d’avoir un garçon, il consent à l’accueillir pleinement comme sa fille. Chelsea découvre de plus que c’est lorsqu’elle renonce à exiger l’amour inconditionnel de son père, que celui-ci peut alors lui en donner un signe. Alors jaillit le mot libérateur, enfin : « Papa ! »

Pascal Ide

Norman Thayer et sa femme Ethel, viennent comme chaque année passer l’été dans leur maison de vacances sur le lac, à Golden Pond. Leur fille Chelsea leur rend visite avec son nouveau fiancé et son jeune fils Billy. D’abord méfiante, la relation entre Norman et le jeune homme va évoluer peu à peu…

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