Le Hussard sur le toit

L’adaptation que Jean-Paul Rappeneau a faite du chef d’œuvre de Jean Giono, Le Hussard sur le toit est, notamment, une illustration de la vertu de courage, en elle-même comme en ses opposés.

Le courageux, bien entendu, n’est pas le lâche chez qui la peur étreint le cœur comme le choléra l’éteint. Selon le mécanisme bien connu du bouc émissaire, un tel fléau, si incompréhensible, doit avoir une explication, plus, un coupable. La peur incontrôlée pousse alors aux injustes quarantaines qui ne sont que prétexte à l’exclusion de celui qui gêne, à la délation jusque dans les familles. « Ce n’est pas le choléra, mais c’est la peur qui tue », dit Angelo.

Mais le courageux n’est pas davantage l’intrépide. Angelo est-il courageux ? Il semble plutôt insensible, comme lui-même en fait l’aveu au jeune médecin : « Rien ne vous fait peur ? – Si, j’ai peur au début, puis ça passe. C’est dans mon caractère. » Ayant élu domicile sur les toits de la ville de Manosque, grand est alors le risque que le Hussard finisse par considérer « de haut » ce monde de lâcheté et de compromission. Jusqu’à ce qu’un providentiel orage l’oblige à « atterrir » et à rencontrer la jeune Pauline de Théus, vraie figure courageuse.

En effet, elle n’ignore pas la crainte. Forcée à la quarantaine, rejointe par Angelo qui projette déjà un plan d’évasion, elle lui avoue : « Sortir, dit-elle : je n’ai plus de courage. C’est si simple de mourir. La mort est peut-être déjà en nous. » Mais Pauline affrontera la peur majeure, celle de la mort, par sa constante abnégation et son sens de l’autre : même si elle se réjouit de la présence réconfortante d’Angelo, elle se refuse à ce qu’il sacrifie la cause de sa révolution pour elle seule. Etre courageux n’est pas mépriser la peur, mais la maîtriser.

Pascal Ide

1832. Un jeune hussard, de retour des guerres d’Italie, fuyant les agents autrichiens à la recherche de Carbornari, traverse la Provence ravagée par le choléra et rencontre l’amour de sa vie.