Titanic
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Pays:
Américain
Année:
1998
Thème (s):
Amour, Mort, Naufrage
Durée:
3 heures 14 minutes
Directeur:
James Cameron
Acteurs:
Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Billy Zane
Age minimum:
Adolescents et adultes

Titanic, drame américain de James Cameron, 1998. Avec  Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Billy Zane.

Thèmes

Amour, mort, naufrage.

En quelques mois, un français sur trois a vu Le Titanic. Combien de jeunes, enthousiasmés, y sont retournés quatre, cinq fois. Pourquoi ce succès phénoménal ? Les interprétations sociologiques (naufrage du Titanic, naufrage d’une société encore trop cloisonnée, que la première guerre mondiale a englouti), les explications techniques (l’extraordinaire travail de reconstitution de l’hyperperfectionniste Jim Cameron, la maquette aux 9/10e, le budget le plus colossal de l’histoire du cinéma : peut-être 220 millions de dollars) ou esthétiques (ah ! Leonardo et Kate à la proue, sur la chanson de Céline Dion !) ne suffisent pas. Le Titanic n’est pas d’abord un film historique, mais une histoire d’amour sur fond de tragédie. On sait combien l’entrelacement de ces deux récits, politique et amoureux, dramatise le second (de Roméo et Juliette au Docteur Jivago, en passant par Autant en emporte le vent).

Mais n’y a-t-il pas plus encore ? Je voudrais tenter une explication symbolique chrétienne.

Le Titanic est comme une parabole du mystère du salut. Le paquebot est l’humanité qui traverse le mal, sombre, insondable comme cette eau, symbole de mort. La structure verticale, certes simpliste, est sociologique : high class en haut, low class en bas. Elle se double d’une bipolarité horizontale, autrement dynamique : la poupe où Rose tente de se suicider et qui s’enfonce en dernier est lieu de mort ; la proue, lieu du premier baiser, signifie l’espérance et la vie.

Jack est une figure christique. Comme le Christ, il abat les frontières entre les classes sociales et est rejeté par ceux qui détiennent savoir et pouvoir. Comme le Christ, il sauve la personne qui veut se suicider et redonne espérance. Comme lui, il crée l’image de la personne qu’il aime en la regardant avec amour. Enfin, comme le Christ, il donne sa vie par amour.

En regard, Rose est la figure de l’Eglise. L’Eglise, nouvel Israël de Dieu, quitte l’ancienne alliance et s’ouvre à l’Alliance avec le Christ. Rose quitte les sécurités et les raideurs du passé, et, allant jusqu’à changer de nom, fait résolument alliance avec Jack. Jack et Rose se donnent l’un à l’autre, en pleine nuit, au cœur du paquebot, au moment où le Titanic heurte l’iceberg : l’amour triomphe, lorsque la haine et les puissances de mort semblent vaincre. Enfin, Rose doit sa vie à une petite planche de salut. Tel était le nom que donnaient les premiers chrétiens au baptême, cette planche évoquant aussi le bois de la Croix. Comme l’Eglise, elle reçoit sa vie de Jack. Toute sa vie, fidèle, elle n’a qu’un amour, comme l’Eglise n’a qu’un amour : Jésus.

Plus encore, la construction du film évoque le sacrement eucharistique. En effet, celui-ci embrasse passé, présent et futur. Ne proclame-t-on pas juste après la consécration : « Nous rappelons ta mort, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire » ?

Or, le film Titanic commence d’abord par raconter l’histoire. Rose, rescapée centenaire, relit et réactualise pour nous le passé. Ensuite, un symbole qui est en même temps réalité, le diamant Cor Oceani, assure l’union entre le présent et le passé. Il dit à la fois l’océan où repose Jack et le cœur qui est symbole de l’amour. Et ce diamant finira en rejoignant Jack, là où il n’a jamais cessé d’être.

L’Eucharistie est enfin la prophétie du Royaume à venir où le Christ sera reconnu et célébré par tout homme de bonne volonté, où la Jérusalem céleste est toute parée pour son Époux. Le film ne se termine-t-il pas sur une vision : tous les passagers réunis en habit de fête, célèbrent Jack et Rose, enfin réunis pour l’éternité ?

Une telle interprétation choquera ou intriguera certains. Le scénariste a-t-il pensé à tout cela ? Plus encore, cette relecture n’est-elle pas en train de cautionner, donner une aura religieuse à une conception hédoniste et passionnelle de l’amour ?

Ces objections se meuvent au plan rationnel ; mais un film agit au plan symbolique. Qu’il est nous est difficile de ne pas tout passer à la moulinette du conceptuel. Or, un symbole est inconscient, en partie chez celui qui le met en œuvre, et souvent totalement chez celui qui en est le bénéficiaire. Voilà pourquoi celui qui va voir plusieurs fois le film ne vous expliquera pas pourquoi celui-ci exerce une telle fascination sur lui. De plus, le symbole ne s’identifie pas totalement au réel. Jack n’est bien sûr pas le Christ : en son épaisseur réelle, Jack est roublard et opportuniste ; mais du Christ, il a la jeunesse, la générosité. Quant à sa réalité, l’amour de Jack et de Rose est passionnel, donc narcissique et destructeur ; mais, au plan symbolique, cet amour peut être relu comme une parabole actuelle du mystère pascal.

Pascal Ide

Southampton, 10 avril 1912. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé pour son insubmersibilité, le « Titanic », appareille pour son premier voyage. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg. A son bord, un artiste pauvre et une grande bourgeoise tombent amoureux.

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