Affronter son péché

Pascal Ide, « Affronter son péché », Famille chrétienne, n° 1791 (4 juillet 2012).

 

Une fois notre péché identifié, ne désespérons pas ! ­Posons un acte de volonté : décidons de le combattre.

 

Il est indispensable de faire un travail de vérité intérieure, de lucidité sur soi-même. Cette tâche inconfortable commence lorsqu’on cherche, avec un cœur droit, à prendre conscience de son péché et à le ­nommer. Comment ? En scrutant ses désirs profonds. Car « tout péché se fonde sur un désir ­naturel », assure saint Thomas d’Aquin. C’est encore plus vrai pour les péchés capitaux, car ils pour­suivent les biens les plus « capiteux » : l’honneur ou l’excellence (orgueil), le ­plaisir (gourmandise et luxure), l’argent (avarice)… Questions clés : à partir de quel moment notre désir devient-il démesuré ? À partir de quel moment notre consentement à ce désir devient-il pécheur ?

Reconnaître et nommer un péché capital suppose que nous en analysions les trois composantes :
– La profondeur, car un vice est d’autant plus profond qu’il est plus habituel et plus difficilement déracinable. Quelle en est la fréquence ? Nous est-il difficile d’y résister ?

– L’extension : de quelles autres fautes ce péché capital est la source dans notre vie ? Quels secteurs de notre existence touche-t-il ? Quelles personnes de notre entourage affecte-t-il ?

– L’ancienneté : depuis combien de temps sommes-nous habité par ce vice ?

Cet inventaire est d’autant plus humiliant et douloureux qu’il est lucide et ­courageux. Et si nous avons l’impression accablante de collectionner les péchés capitaux, pas de panique : les péchés se fondent sur des inclinations naturelles. Cependant, il est probable que l’un d’eux a poussé en nous des racines plus profondes, plus étendues et plus anciennes.

Après la reconnaissance lucide, le consentement humble. Il ne s’agit pas de consentir au péché, mais à la prise de conscience de la faute. Alors guette un autre danger : se ­dégoûter. Cette désespérance est un piège pire que l’aveuglement. Accepter l’existence de ce vice, c’est reconnaître que nous sommes habité par une fragilité spirituelle fon­damentale. Cette misère, loin d’éloigner Dieu, L’attire, pour peu qu’on ne se replie pas sur elle. Une tentation fréquente est de dire au Christ : « Tu ne peux plus m’aimer après ce que j’ai fait ». C’est le péché de Judas, la plus terrible des offenses. Le péché ferme le cœur. Or, sainte Faustine insistait sur ce point, Jésus est plus blessé par notre manque de confiance en son pardon pour tel péché que par ce péché lui-même.

Dès que nous avons péché, résistons à la tentation de nous replier sur nous-même : ouvrons-nous à Jésus, tournons notre cœur vers son cœur de miséricorde et offrons-nous à Lui, tel que nous sommes, dans notre misère. La conscience du mal implique celle du bien, comme l’ombre se détache sur fond de lumière.

Contre le péché, une seule solution : la résolution. Il est essentiel d’incarner cette offrande de notre être pécheur. La volonté de conversion s’exprime par un acte concret, si minime soit-il. Et il est bon qu’une résolution soit (au minimum) quotidienne.

Pascal Ide

15.5.2018
 

Les commentaires sont fermés.