L’amour à tout prix

L’amour à tout prix, comédie de Jon Turteltaub, met en scène trois regards différents sur l’amour.

L’amour est-il un sentiment dénué de parole ? Lucy aime-t-elle Peter à qui elle a sauvé la vie ? Celle qui lisait Sleeping Beauty dans les bras de son papa, aime en réalité l’image idéalisée d’un bel homme élégant qui donne sa place aux femmes dans le métro, mais avec qui elle n’a jamais échangé un mot ? Et le mensonge tout intérieur de son idéalisation, propulsé par une série de coïncidences, s’incarnera en mensonge extérieur, lorsque la famille de Peter la prendra au sérieux.

L’amour est-il alors une parole (« je t’aime ») dénuée de sentiment ? Par la rencontre de cette fraîche beauté inconnue mais adoptée par toute sa famille, Peter trouve l’occasion rêvée de se racheter une conduite : « Il a fallu un coma pour que je me réveille. » Or, justement, il ne l’aime pas : « je réfléchis », répondra-t-il au prêtre.

C’est entre Lucy et le frère de Peter, Jack, que naîtra le véritable amour. Ici, pas de coup de foudre, mais la lente apparition d’un amour qui accepte la patience du temps, de l’épreuve et, avant tout, de la parole. Le sentiment éclôt lors d’une longue promenade forcée, dans un Chicago by night propice à la confiance et à la confidence amicale avant d’être amoureuse. C’est non par la fusion égoïste des corps, mais par la mise à distance de la parole, que l’autre se découvre et attire en profondeur. En effet, lorsque, par la complicité d’un trottoir transformé en patinoire, les corps vont se trouver proches, très proches, c’est d’abord une aide mutuelle et non pas une attirance physique qui sera expérimentée. A preuve, la déchirure du jean de Jack fait naître en lui la pudeur : « Je ne partirai que lorsque vous rentrerez. » La pudeur est le signe de l’amour naissant, du respect du mystère de l’autre.

L’amour est un mixte heureux de sentiment et de parole. A cette condition, l’amour à tout prix n’est pas un amour qui a tout pris, mais qui peut tout donner.

Pascal Ide

Lucy se sent seule et ne sait comment aborder l’élégant avocat Peter Callaghan, qu’elle voit passer chaque jour devant son guichet de métro. Mais l’occasion lui est donnée de lui sauver la vie. A la suite d’un quiproquo, la voilà adoptée par la famille de Peter. Elle y découvrira que son Prince Charmant n’était peut-être pas le bon…