Le Pape François
Biopic espagnol de Beda Docampo Feijóo et Eduardo Giana, 2016. Avec Dario Grandinetti, Silvia Abascal.
Thèmes
Foi, mission.
Pour être intentionnellement édifiant, le film n’en est pas amateur (sauf au sens étymologique). Pour être sans surprise (qui ignore qu’il sera le premier pape extra-européen de l’histoire), il n’est pas sans rebondissement ni tension. Pour raconter une histoire, il n’en est pas linéaire, et les flashbacks sont eux-mêmes variés et pas toujours attendus.
D’autres que moi souligneront les faiblesses du scénario (idéalisation du personnage, musique omniprésente, etc.), ses interprétations (naïvement politiques, en termes de conservateurs et de progressistes), voire ses erreurs (nul, hors les pères du conclave qui sont tenus à un secret absolu, ne sait les pourcentages des voix lors de l’élection de Benoît xvi).
Pour ma part, j’ai appris des choses (comme la résistance, au moins initiale, de la mère du jeune Jorge, d’ailleurs surtout pour son bien supposé ; ou le rôle important joué par la figure de sa grand-mère). Surtout je suis sorti non seulement enchanté, mais profondément touché. Certes, si déjà une critique analytique qui cherche à argumenter est subjective, car elle interprète, combien plus une reprise qui part de ce que je ressens et qui, bien sûr, parle (aussi) de moi. Courons toutefois le risque.
Je fus touché par cette figure de prêtre que, une fois n’est pas coutume, l’on montre à plusieurs reprises en train de prier, célébrer les sacrements (la messe, un baptême), parler du Bon Dieu et de la Vierge, avec spontanéité et sans ostentation, être spirituel sans être spiritualiste. Surtout, je fus rejoint de voir le père Jorge incarner ce qu’il dit, ce que, depuis, comme pape François, il ne cesse d’exhorter à vivre : une existence simple, voire sobre, le refus de toute compromission et des avantages, une compassion affective et effective, où il pleure avec ceux qui pleurent (superbe scène avec la jeune femme qui vient de se faire avorter où s’entrelacent la vérité du « L’avortement est un grand crime », de la lucidité pleine de compassion : « Je vois que tu regrettes ton péché » et de la confession de la miséricorde : « Dieu t’a déjà pardonné »), une proximité sans fusion, un humour sans dérision.
Une telle personne qui passe en faisant le bien (cf. Ac 10,38), comment ne serait-elle pas le vicaire du Christ ?
Pascal Ide
Ana (Silvia Abascal), jeune journaliste espagnole, est envoyée au Vatican pour couvrir le conclave de 2005. Dans le train, elle fait la connaissance du cardinal Jorge Mario Bergoglio (Dario Grandinetti). Touchée par la compassion et la simplicité de l’archevêque de Buenos Aires, elle le retrouve et, dans la lumière d’une amitié naissante, peu à peu découvre tant sa vie au quotidien, dans sa proximité avec chacun que la dénonciation courageuse des oppressions modernes (pauvreté, drogue), des compromissions politiques (les tentatives d’instrumentalisation) et même ecclésiales (le pharisaïsme), que son parcours atypique, depuis son enfance jusqu’à son élection au terme du conclave 2013, sous le nom de « Pape François ». Mais, à Ana qu’il appelle le lendemain, il confie qu’il préfère que ses amis continuent à l’appeler « père Jorge »…