Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan
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Pays:
Franco-canadien
Thème (s):
Amour maternel, Guérison
Date de sortie:
19 mars 2025
Durée:
1 heures 42 minutes
Évaluation:
****
Directeur:
Ken Scott
Acteurs:
Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Jeanne Balibar, Lionel Dray, Sylvie Vartan
Age minimum:
Adolescents et adultes

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, biopic et drame franco-canadien écrit et réalisé par Ken Scott, 2025. Adapté du roman éponyme de Roland Perez, 2021. Avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Jeanne Balibar, Lionel Dray, Sylvie Vartan.

Thèmes

Amour maternel, guérison.

S’agit-il d’un énième témoignage sur une mère juive un tantinet intrusive, sinon abusive ? Est-ce une version tout aussi autobiographique, mais humoristique de La promesse de l’aube ?

 

Le titre qui, très intentionnellement, place Dieu en deuxième position, pourrait le laisser accroire. La structure narrative de même. En effet, contrairement à l’ouvrage qui multiplie les va-et-vient entre le présent et le présent, l’histoire se découpe spontanément en deux parties : la première où la mère très pro-active qui fait tout pour libérer son fils de son handicap et la deuxième où c’est le fils qui devient l’artisan de sa propre vie – le tout sur fond continu de l’omniprésence envahissante, bienveillante et toujours influente d’Esther (comment ne pas saluer la performance exceptionnelle de Leïla Bekhti ?). Et la phrase citée au terme semble aller dans ce sens : « Puisque Dieu ne peut être partout, il dû inventer les mères ».

Voire, on pourrait craindre un film unilatéralement féministe. De fait, Roland va croiser quatre figures féminines d’exception : Esther, bien évidemment ; Mme Fleury (Jeanne Balibar), la travailleuse sociale ; Mme Vergepoche (Anne Le Ny), l’enseignante ; Sylvie Vartan jouée par elle-même. Mais il ne faudrait pas négliger les personnages masculins qui portent le film. Celui du père, bien entendu : on le voit pour la première et unique fois au travail, lorsqu’est annoncée la remise de la légion d’honneur ; et il saura témoigner son affection à Roland juste avant de mourir. Mais aussi celui du frère aîné, Jacques (Milo Machado-Garner), qui inventera la « méthode Vartan » pour apprendre à lire à ce petit enfant qui, non content d’être handicapé, est dyslexique.

Surtout, la structure du récit n’est pas binaire, mais ternaire. Certes, cette mère est fusionnelle, inécoutante, de l’autre comme de Dieu sur qui elle projette tous ses désirs, transgressive (elle trahit les confidences), sauveteuse, surprotectrice (« Parle à personne dans le métro ! – Maman, laisse-moi vivre ma vie ! ») jusqu’à être exclusive (elle privilégie le plus faible au point de paraître négliger les autres enfants de la fratrie ; elle dira du mariage de son fils avec Litzie Gozlan (Joséphine Japy) qu’il est le plus grand jour de sa vie).

Certes aussi, le fils devra prendre ses distances (« Jamais tu n’arriveras à te défaire de cette femme »), et d’abord prendre conscience que l’on (elle) a toujours décidé pour lui, puis transformer cette conscientisation en décision (par exemple, en transférant la tombe de son épouse solaire vers une région qui l’est aussi).

Mais la dernière partie montre que, loin d’être dans la réaction, Roland a su assumer la totalité de l’héritage, y compris la rhétorique un rien manipulatrice de cette mère qui réussissait toujours à emporter la conviction de tous ses interlocuteurs. Grâce à un triple travail : de la mémoire (superbe trouvaille que de ne garder de leur ancien appartement cette porte symbolique qui l’a vu grandir en famille), de la gratitude (bouleversant « merci » dans le cimetière marin : « Bonjour, Maman. Je tiens à te remercier. Merci pour cette vie fabuleuse ») et de la fécondité (« Elle est incroyable ton histoire. Fais en quelque chose ». Belle image de l’avocat devenu écrivain, assis porte grande ouverte face à la mère, pardon, la mer).

 

Alors, la guérison de son pied bot est-elle un miracle ? « J’ai fait ce que tout mère fait. – Non, tu as fait un miracle ! » Saint Augustin n’ose-t-il pas un moment ce jeu de mots : « Dieu est amour, donc, l’amour est Dieu » ? Comment cette charité maternelle qui croit tout, espère tout, supporte tout (et parfois insupporte tout le monde !), ne dirait-elle pas quelque chose de Dieu ?

Lorsque les lumières éclairent la salle, les yeux des spectateurs scintillent. Qui, en voyant le film, n’a songé à celle qui lui a donné le jour et beaucoup plus que lui ? Et si Dieu était partout, mais qu’il avait décidé d’agir par le cœur des mères ?

Pascal Ide

En 1963, Esther Perez (Leïla Bekhti), épouse de Maklouf (Lionel Dray), met au monde son petit dernier, Roland (Gabriel Hyvernaud ; puis Naïm Naji). Celui-ci naît avec une malformation qui l’empêche de se tenir debout : « Votre fils a un pied bot, explique le gynécologue lors de l’accouchement. – Et l’autre pied, il n’est pas beau ? ». Malgré de multiples interventions, les médecins considèrent que Roland ne pourra vivre qu’avec l’aide de béquilles ou en fauteuil roulant. Mais, contre l’avis de tous, Esther, refuse net cette vision pessimiste et se jure que grâce à Dieu, son fils marchera comme les autres, et lui promet qu’il aura une vie fabuleuse.

Dès lors, Esther n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour tenir cette promesse. À travers des décennies d’épreuves et de miracles de la vie, ce film est le récit d’une histoire vraie, drôle et bouleversante, celle du destin incroyable de Roland (Jonathan Cohen) et du plus grand amour qui soit : celui d’une mère pour son enfant.

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