La nature nous fait du bien 6/6

10) Les bienfaits du jardinage

Alors que les promenades, en forêt ou en ville, font interagir de manière non pas passive, mais contemplative, la nature demeurant un inopérable (selon les catégories scolastiques), le jardinage, lui, interagit activement, la nature devenant un opérable. Sans surprise, le travail horticole est très bénéfique pour la santé.

a) Le jardinage en général

1’) Un signe : l’importance en général

La fréquence de la pratique du jardinage n’est plus à démontrer. Quelques chiffres parmi d’autres : 42 % de la population britannique s’y adonne et 55 % des ménages américains ; en 2020, le marché mondial du jardinage s’élève à 104 milliards de dollars.

Passons du fait à la cause. Comme il s’agit d’un passe-temps et non pas d’une profession, on en est en droit de s’interroger sur la motivation de cette activité. Une enquête menée auprès de 6 000 habitants du Royaume-Uni a révélé que la première intention énoncée était le plaisir [1]. Ce qui a été confirmé par de nombreuses autres études. Mais est-ce la seule raison ou plutôt, au-delà de la raison consciente n’en rencontre-t-on pas une autre, plus cachée, qui est les multiples bienfaits psycho-physiques du jardinage ?

2’) La preuve
a’) Bienfaits individuels

Quoi qu’il en soit, indépendamment de la motivation, il est possible de mesurer l’impact de cette activité sur la santé [2]. Une méta-analyse japonaise portant sur 76 études provenant de populations très variées en lieux, âges et contextes socio-économiques a montré que, partout et pour tous, les effets sont très bénéfiques : sur les signes physiques (baisse de l’hypertension artérielle ou de l’indice de masse corporelle) et psychiques émotionnels (baisse de la dépression, de l’anxiété et du stress, moins de troubles de l’humeur) ou cognitifs (amélioration des performances cognitives) [3]. D’autres études ont montré l’effet positif sur la démence [4], la schizophrénie [5].

Une conséquence passionnante est que le jardinage constitue une thérapie efficace, curative ou préventive. De plus, l’hortithérapie [6] est dénuée d’effets secondaires.

b’) Bénéfices économiques

Indépendamment de sa valeur en lui-même, le bien commun est aussi mon meilleur bien propre (ce que l’individualisme a totalement perdu de vue). Or, le jardinage présente d’indéniables effets collectifs, en l’occurrence d’ordre financier. Une professeure d’architecture paysagère s’est aussi interrogée sur le coût comparé de cette « prescription verte » avec les TCC (thérapie cognitive et comportementale) dans le traitement du stress (allant jusqu’à l’incapacité de travailler). En l’occurrence, elle a assigné 84 patients de manière aléatoire soit à des activités horticoles dans le jardin thérapeutique Nacadia à l’université de Copenhague, à raison de trois séances hebdomadaires, soit à une TCC, à raison de deux séances d’une heure par semaine. Les participants ont eux-mêmes évalué l’efficacité du traitement à partir d’un questionnaire, le Shirom-Melamed Burnout (SMBQ).

Les deux démarches curatives ont donné des résultats similaires, c’est-à-dire une très notable amélioration, après 10 semaines. En revanche, la différence était financière : le jardinage avait coûté beaucoup moins cher [7]. Bien entendu, l’objection surgira inévitablement : qu’en est-il de l’efficacité sur le long-terme ? La chercheuse a suivi les patients pendant 12 mois après la fin du traitement. Or, contre toute attente, 77 % de ceux qui avaient reçu le traitement par la nature continuaient à travailler, contre 60 % de ceux qui avaient bénéficié de la TCC. Cette observation fut confirmée [8]. Elle aussi été chiffrée par des chercheurs qui ont calculé le rapport coût/bienfaits pour 642 Britanniques qui ont participé à une thérapie fondée sur la nature (en l’occurrence, l’une des quatre au choix : thérapie zone boisée, hortithérapie, écothérapie et tai-chi). Ces traitements permettent d’économiser pas moins de 31 500 livres par personne et par an [9] !

b) Le jardinage en particulier

Épousant l’ordre de détermination, les chercheurs ont affiné leur analyse, s’intéressant aux différentes composantes du jardinage, côté objet et côté sujet. En fait, seul l’ « objet » jardin a été étudié, étant donné qu’il est difficile de distinguer les différents actes de jardinage (planter, désherber, élaguer, etc.).

1’) Principe : les espèces de jardin

Multiples sont les « espèces » de jardin dont l’on prend soin. Selon le lieu (situs) : détaché de la maison, devant (jardin en façade) ou derrière ; au dehors, mais sur la maison ou l’appartement (jardinières). Selon le lieu (ubi) : accolé à chez soi ou loin de chez soi (jardin ouvrier). Selon la propriété du terrain : soit elle existe (en propriété privée, en location, comme le jardin ouvrier, ou en propriété partagée : le jardin collectif, qui s’est multiplié ces dernières années) ; soit, catégorie originale, elle n’existe pas, de sorte que la végétalisation est illégale (l’un des artisans de ce qu’il appelle « la guérilla jardinière » est Richard Reynolds [10]).

2’) Application

Pour différencier les bénéfices selon les types de jardin, reprenons les couples distingués, mais en les comparant.

a’) Les jardins en façade versus jardin derrière

Il paraît évident que le jardin à l’arrière de la maison cumule les deux avantages du jardinage et de l’intimité (le « chez soi »). Mais qu’en est-il du jardin en façade, dont on sait la mauvaise réputation, au point que, dans beaucoup de lieux collectifs, ils ont été bétonnés, notamment au nom de l’absence de soin qui les transforme en mares de boue… ?

En réalité, l’expérience montre que ces jardins en façade devraient être conservés, au nom de son utilité pour notre santé et celle de nos voisins. En effet, pendant trois mois, une équipe d’architectes paysagistes de l’université de Sheffield a installé dans une région économiquement défavorisée du nord de l’Angleterre, des plantes ornementales en pots dans 38 jardins en façade de 10 m2 en moyenne qui jusque là étaient nus. Par un questionnaire, ils ont mesuré les indicateurs de stress physique et psychique, par une double comparaison : avant et après la pose des plantes ; entre ces jardins et le groupe contrôle qui n’en avait pas.

Or, les participants ont affirmé que la présence de plantes les rendait plus gais et que leur vision améliorait leur humeur ; et cela valait en particulier pour ceux dont la santé mentale était déficiente [11].

Demeure la difficulté : le jardin à l’arrière semble plus désirable que le jardin à l’avant. Pour lui répondre, Kathy Willis ne fait pas part d’études, mais seulement de réponses ponctuelles qu’elle a recueillies [12]. Mises en forme, le raisonnement est le suivant : la vision des plantes est bienfaisante ; or, celui qui quitte sa maison ou y retourne ne peut pas ne pas traverser son jardin de façade, ce qui n’est pas le cas du jardin à l’arrière.

b’) Les jardins ouvriers versus les jardins privés

Les jardins ouvriers se présentent souvent comme des parcelles de terre appartenant à une institution comme la ville qui la loue à un groupe de jardiniers pour un usage exclusif horticole. Or, cette activité est très populaire, puisqu’au Royaume-Uni, en 1918, on en comptait environ 1 million et demi, et aujourd’hui environ 330 000 et aux alentours de 3 millions dans le monde actuel.

Des chercheurs de Zurich ont eu l’idée de comparer le jardinage en jardin privé et en jardin ouvrier quant à l’impact émotionnel sur le bien-être physique et psychique, et cognitif sur l’attention dirigée. De prime abord, l’on aurait tendance à penser que les jardins ouvriers sont moins bénéfiques. En effet, nous l’avons vu, le bien-être mental est notamment aux couleurs ; or, ces jardins sont plus ternes que les jardins privés. En réalité, les résultats ont montré que les réactions vis-à-vis du jardin ouvrier sont beaucoup plus positives, du double point de vue affectif et cognitif [13]. Pourquoi ? Nous avons aussi vu que la complexité était restauratrice ; or, les jardins ouvriers possèdent une plus grande variété de plantes que les jardins privés.

c’) Les jardins collectifs versus les jardins privés et ouvriers

Les jardins communautaires sont des parcelles de terre dont l’accès est collectif, par exemple autour d’un immeuble d’habitation ou devant un établissement scolaire. Ils se sont multipliés ces quarante dernières années. Si, comme tout jardin, sa culture doit être avantageuse, qu’en est-il, comparativement à l’activité horticole sur jardin individuel (dont on est propriétaire comme le jardin privé ou locataire comme le jardin ouvrier) ?

Étant donné notre individualisme, nous serions portés à pencher en faveur de ce dernier. Pourtant, derechef, les résultats de quelques recherches semblent valoriser le jardinage collectif. Primo, l’homme est un être éminemment relationnel qui a besoin d’appartenance et d’interdépendance ; or, le jardinage collectif apporte des relations et lutte contre la solitude. Secundo, l’interaction est source de joie, qui elle-même est une énergie ; ce type de jardinage apporte donc un plus haut optimisme et une meilleure résilience [14]. Tertio, la santé est liée à l’alimentation, notamment en fruits et légumes ; or, le jardinage les cultive en priorité [15].

11) Relecture philosophique

Ces données valent pour elles-mêmes et sont riches d’implications pratiques. Elles valent pour les adultes, invitant à une anastomose beaucoup plus étroite, à des interactions répétées avec cette nature qui nous enveloppe ; et des interactions beaucoup plus précises. Par exemple, plus que le soin précis de chaque plante ou fleur importe la variété des formes et des couleurs, en particulier des teintes de verts. L’on regrettera seulement que, « pour la plupart des soignants, la nature est toujours vue comme un complément [16] », et non pas comme une thérapeutique à part entière. Elles valent pour les enfants. Aujourd’hui, en effet, des milliers d’études établissent les bienfaits de la nature sur les jeunes générations. Bienvenue, une méta-analyse portant sur 300 recherches a synthétisé et même quantifié les effets, montrant que l’exposition aux espaces verts améliore la santé et les performances cognitives des enfants à raison de 147 %, ce qui est impressionnant [17]. Les conséquences pratiques sont immédiates, même si elles sont coûteuses : multiplier classes en plein air, verdit les couleurs et les salles de cours.

Les résultats collectés par ces études sont aussi profus de hautes significations théoriques ou plutôt contemplatives.

a) Du côté de l’objet

Les expériences attestent l’effet bienfaisant de l’arbre comme tel. En effet, botaniste, Katherine Willis se centre sur le monde végétal. Alors que l’Occident a longtemps médité sur la proximité entre l’homme et l’animal, le tournant phytocentrique récemment opéré montre une proximité insoupçonnée entre l’homme et l’arbre [18]. Sans entrer dans le détail – qui mériterait une longue étude –, ces deux vivants présentent cette même particularité de privilégier la verticalité, qu’Aristote qualifiait de « divine » au nom de la symbolique propre au supérieur.

b) Du côté du sujet. Analyse

1’) La vue

Attardons-nous le sensible propre de la couleur. Or, la couleur en général possède une signification métaphysique [19] et même trinitaire [20]. Il en est de même des couleurs en particulier [21], notamment le vert, auquel sainte Hildegarde de Bingen accordait une valeur particulière, vitale (elle parlait de Lebensgrüne, « verdure vitale ») [22]. Toujours à propos du chromatisme, la variété des préférences montre que l’homme est soumis aux variations saisonnières. Or, les biorythmes annuels témoignent de notre dépendance (positive) au cosmos, donc de notre réceptivité.

Considérons le sensible commun qu’est la forme, à savoir le rôle de la structure fractale moyenne. Or, relue à la lumière de l’amour-don, la fractalité est douée d’une riche signification [23].

Ajoutons que, si la théorie d’Appleton s’avérait juste, elle tresserait une double caractéristique, symboliquement masculine (l’élan émanant d’un espace ouvert) et féminine (la protection en un lieu plus fermé).

2’) L’odorat

Nous avons vu que les senteurs émises par les arbres et par les fleurs en général exerçaient une action apaisante et stimulante pour l’homme. Or, l’olfaction est le seul des cinq sens externes à être étroitement connectée avec nos affections, via le cerveau émotionnel, ainsi que les études neuroscientifiques le montrent. Plus encore, malgré sa mauvaise réputation philosophique, l’odorat apparaît comme un sens beaucoup plus profond que l’on ne sait [24].

En particulier, la suavité du parfum de la rose adoucit l’homme qui en bénéficie. Or, la douceur est la vertu de celui qui donne [25].

3’) L’audition

Les études ont montré que les sons plus complexes et plus riches sont plus reconstituants ou restaurateurs. Peut-être cela s’explique-t-il par la résonance. En effet, selon cette méta-loi qui ne va pas sans le pneuma et n’est pas sans analogie avec l’imitation, les substances sont en lien (vinculum substantiale) par la médiation non pas d’abord de causes (efficientes), mais de signes. Or, l’organisme humain est de tous les corps le plus complexe, le plus élaboré.

4’) Le toucher

Il est significatif que la manipulation du végétal soit plus reconstituante que celle d’autres matériaux organiques comme terreau ou graines. En effet, la connexion opère d’abord entre substances, entre individualités. Or, l’arbre ou la plante sont davantage individualisées que le terreau qui n’est qu’un matériau médiateur et la graine qui n’est qu’un vivant germinal.

De plus, toucher le bois non traité est le plus bénéfique : c’est bien l’immédiateté du contact avec la nature nous transforme si elle est immédiatement en contact avec nous. Peut-être, une nouvelle fois, les surfaces naturelles nous influent-elles plus positivement du fait de leur plus grande complexité et irrégularité.

Par ailleurs, il est dommage qu’aucune étude n’ait cherché à différencier le contact avec l’écorce avec le cœur de l’arbre. Du moins, les recherches portent sur ce qui concerne celui-ci et ont montré combien elles influençaient positivement la personne. Le dynamisme en jeu serait-il le plus suivante : les recherches sur le toucher témoignent que, loin d’être superficiel, ce sens connecte avec la profondeur de notre être [26]. Or, « cor ad cor loquitur ». Ce que Newman dit du Cœur à cœur avec Dieu vaut analogiquement de toute relation cordiale. Encore ici joue la méta-loi de résonance.

c) Du côté du sujet. Synthèse

Les études analytiques concernent chaque sens. Les études synthétiques les confirment, ajoutant tel ou tel facteur intéressant, comme, par exemple, pour le jardinage collectif, le bienfait lié au travail en commun. En effet, l’homme est un être éminemment relationnel. Plus encore, il ne s’achève que dans le don ; or, le don est pour la communion : non pas seulement ni même d’abord avec la nature, mais avec l’autre homme, dans une intersubjectivité amative.

12) Conclusion. Relecture à la lumière du don

Enfin, toutes ces expériences gagnent à être éclairées par la métaphysique de l’être-don (que l’analyse philosophique a déjà plus qu’évoqué). En effet, celle-ci est rythmée non seulement par la pulsation réception-donation (et retour), mais, à chaque moment par la méta-loi du maximum ou de l’excessus.

Or, en premier lieu, la nature est un bien pour l’homme : bienfaisante, elle fait le bien. Plus, ce bien est gratuitement offert, donc constitue un véritable don. Davantage encore, elle est le plus possible donnable. En effet, elle passe par tous les canaux sensoriels (nous n’avons pas exploré le canal gustatif, mais l’expérience quotidienne de l’alimentation en témoigne de la plus évidente manière). Or, les sens externes sont nos premières fenêtres de l’homme sur le monde. Bien qu’être d’esprit, la personne incarnée n’accède à la profondeur intelligible des choses que par les sens.

En deuxième lieu, l’homme reçoit la nature. En effet, l’objet propre le plus adéquat, c’est-à-dire proportionné ou adapté à l’homme, est sensible. Or, nous venons de le dire, la nature est constituée d’étants qui sont perceptibles. En outre, l’homme, être de liberté, accueille seulement ce qu’il décide d’accueillir. C’est ainsi que l’homme ne bénéficiera de la nature que s’il choisit de vivre dans un environnement où elle sera accessible. Voilà pourquoi, s’il ne va pas vers la nature, comme la forêt, il lui faudra verdir son milieu urbain. Mais, là aussi, il y a plus et beaucoup plus. L’homme reçoit la nature au plus profond de lui-même. En effet, les effets bénéfiques de la nature concernent, du côté cognitif, l’attention et, du côté affectif, l’envers du stress qu’est la paix. Or, l’attention est l’acte fondateur de la connaissance et, par là, de la vie intérieure : sans attention, il n’y a pas de présence à ce qui m’est présent, les actes de sensation, de mémoire, de jugement, de raisonnement sont sans racine [27]. De même, la paix est le sentiment attestant le bien fon(damen)tal qu’est l’unité. Donc, l’homme se fait – ou plutôt, il lui appartient de se faire le plus récepteur possible à la nature.

Par ailleurs, entre la nature qui donne et l’homme qui reçoit se noue non seulement un lien, mais une unité riche de son altérité, c’est-à-dire non pas une fusion, mais une communion. Ainsi s’éclaire d’un jour nouveau, la parole fameuse qui scande l’encyclique décisive de François, Laudato sì : « Tutto è connesso ». En outre, puisque donation et réception obéissent à la méta-loi de maximalité, cet entrelacement noue le plus étroit des commerces, dont le paradigme est les épousailles. Dans leur bouleversante convergence (qui est elle-même symbolique de cette harmonie), les expériences multipliées célèbrent donc les noces de l’homme et de ce don immérité autant que méconnu qu’est notre milieu naturel [28]. À ce sujet, on ne saurait minimiser la présence, à la fois tellement efficace et tellement symbolique, du biotome humain [29].

Pour être complet, il faudrait doubler cette dynamique quaternaire de la dynamique ternaire (réception-appropriation-donation). Or, toutes ces études montrent que le végétal n’est pas seulement l’objet des sens externes et donc des sens internes et de l’intelligence, mais, à travers eux, de l’appétit. Mais, plus que les puissances cognitives, les puissances affectives (sensibles et rationnelles) transforment l’homme en profondeur. C’est par elles que l’homme éprouve l’action bienfaisante de la nature.

Enfin, le dynamisme d’unité est en vue du dynamisme d’ouverture [30]. Donc, en permettant à l’homme en quelque sorte de s’unifier, de se rassembler, la nature prépare le don de soi. Dit autrement, l’homme vivra d’autant plus aisément du don de soi (versus, par exemple, la rumination qui le replie sur lui) qu’il peut reconnecter avec la nature. Or, la cascade s’inclut dans la boucle. Donc, si l’autre humain sera le premier bénéficiaire, la nature est aussi, tôt ou tard, appelée à être gratifiée du don de l’homme. Disons-le dans les catégories de l’ontodologie. la communion n’est plénière que si elle est échange de dons, la dynamique quaternaire intègre le retour du don. Donc, toutes ces études sur le don sont le plus sûr chemin vers une attitude écoresponsable. C’est en prenant toujours plus conscience de tous les biens dont le non humain ne cesse de le gratifier au plus intime que, par gratitude, donc par surabondance, l’humain donnera à son tour à son donateur naturel, c’est-à-dire en prendra soin. Par exemple, la spirale organique du « travail qui relie » qu’a élaboré avec pédagogie Joanna Macy gagnera par exemple à être relue à la dynamique du don [31].

Pascal Ide

[1] Cf. Lauriane Suyin Chalmin-Pui, Alistair Griffiths, Jenny Roe, Timothy Heaton & Ross Cameron, « Why garden? – Attitudes and the perceived health benefits of home gardening », Cities, 112 (2021), n. 103118.

[2] Cf. Michelle Howarth, Alison Brettle, Michael Hardman & Michelle Maden, « What is the evidence for the impact of gardens and gardening on health and well-being: a scoping review and evidence-based logic model to guide healthcare strategy decision making on the use of gardening approaches as a social prescription », BMJ Open, 10 (2020) n° 7, e036923.

[3] Cf. Masashi Soga, Kevin J Gaston & Yuichi Yamaura, « Gardening is beneficial for health: A meta-analysis », Preventive Medicine Reports, 5 (2016), p. 92-99.

[4] Cf. Yajie Zhao, Yang Liu & Zhiwen Wang, « Effectiveness of horticultural therapy in people with dementia: A quantitative systematic review », The Journal of Clinical Nursing, 31 (2022) n° 13-14, p. 1983-1997.

[5] Cf. Meijing Xu, Shan Lu, Jianjiao Liu & Feng Xu, « Effectiveness of horticultural therapy in aged people with depression: A systematic review and meta-analysis », Front Public Health, 11 (2023), n. 1142456.

[6] Cf. Rebecca L. Haller, Karen L. Kennedy & Christine L. Capra, The Profession and Practice of Horticultural Therapy, CRC Press, Florida, 2019.

[7] Ulrika Karlsson Stigsdotter, Sus Sola Corazon, Ulrik Sidenius, Patrik Karlsson Nyed, Helmer Bøving Larsen & Lone Overby Fjorback, « Efficacy of nature-based therapy for individuals with stress-related illnesses: randomised controlled trial », The British Journal of Psychiatry, 213 (2018) n° 1, p. 404-411.

[8] Sus Sola Corazon, Patrik Karlsson Nyed, Ulrik Sidenius, Dorthe Varning Poulsen & Ulrika Karlsson Stigsdotter, « A long-term follow-up of the efficacy of nature-based therapy for adults suffering from stress-related illnesses on levels of healthcare consumption and sick-leave absence: A randomized controlled trial », International Journal of Environmental Research and Public Health, 15 (2018) n° 1, n. 137 ; Henriette Busk et al., « Economic Evaluation of Nature-Based Therapy Interventions – A Scoping Review », Challenges, 13 (2022) n. 1, p. 23.

[9] Jules Pretty & Jo Barton, « Nature-Based Interventions and Mind-Body Interventions: Saving Public Health Costs Whilst Increasing Life Satisfaction and Happiness », International Journal of Environmental Research and Public Health, 17 (2020) n° 21, p. 7769.

[10] Cf. Richard Reynolds, La guérilla jardinière, trad. Marie-Cécile Baland, coll. « Société civile », Gap, Yves Michel, 2010.

[11] Cf. Lauriane Suyin Chalmin-Pui, Jenny Roe, Alistair Griffiths, Nina Smyth, Timothy Heaton, Andy Clayden & Ross Cameron, « ‘It made me feel brighter in myself’- The health and well-being impacts of a residential front garden horticultural intervention », Landscape and Urban Planning, 205 (2021), n. 103958.

[12] Kathy Willis, Naturel, p. 256.

[13] Cf. Christopher Young, Mathias Hofmann, David Frey, Marco Moretti & Nicole Bauer, « Psychological restoration in urban gardens related to garden type, biodiversity and garden-related stress », Landscape and Urban Planning, 198 (2020), n. 103777.

[14] Cf. Way Inn Koay & Denise Dillon, « Community Gardening: Stress, Well-Being, and Resilience Potentials », International Journal of Environmental Research and Public Health, 17 (2020) n° 18, p. 6740.

[15] Cf. Giuseppina Spano, Marina D’Este, Vincenzo Giannico, Giuseppe Carrus, Mario Elia, Raffaele Lafortezza, Angelo Panno & Giovanni Sanesi, « Are Community Gardening and Horticultural Interventions Beneficial for Psychosocial Well-Being? A Meta-Analysis », International Journal of Environmental Research and Public Health, 17 (2020) n° 10, p. 3584.

[16] Kathy Willis, Naturel, p. 271.

[17] Cf. Amber L. Fyfe-Johnson et al., « Nature and Children’s Health: A Systematic Review », Pediatrrics, 148 (2021) n° 4, e2020049155.

[18] Un des ouvrages les plus profonds écrits sur ce sujet est celui de Francis Hallé, Éloge de la plante. Pour une nouvelle biologie, Paris, Seuil, 1999.

[19] Cf. Gustav Siewerth, La philosophie de la vie de Hans André, trad. Emmanuel Tourpe, introduction et commentaire de Pascal Ide, Paris, DDB, 2015, chap. 12.

[20] Cf. Pascal Ide, « L’ontologie trinitaire des couleurs. Une relecture de la loi de complémentarité chromatique », Sophia, 14 (2022) n° 1, p. 143-160.

[21] Cf. site pascalide.fr : « La signification métaphysique de la polarité blanc-noir » ; « Le bleu, couleur métaphysique ? ».

[22] « Une des notions favorites d’Hildegarde, la viridité, du latin viridis, vert, vigoureux […] s’applique également à la nature et à l’homme, désignant cette énergie interne qui fait pousser les plantes et par laquelle l’homme se développe » (Régine Pernoud, Hildegarde de Bingen. Conscience inspirée du xiie siècle, coll. « Livre de poche », Monaco, Le Rocher, 1995, p. 94. Cf. aussi p. 107).

[23] Cf. Pascal Ide, « Le tout est (dans) la partie. La loi holographique, contrepoint à l’émergence », Philippe Quentin (éd.), Émergence, colloque de l’ICES, La Roche-sur-Yon, 19 et 20 mars 2019, coll. « Colloques », La Roche-sur-Yon, Presses Universitaires de l’ICES, 2021, p. 52-112.

[24] Cf. site pascalide : « Le donné du nez. Pour une ontodologie de l’olfaction ».

[25] Cf. Pascal Ide, « La douceur, vertu des petits pas », Sources vives. Violence et douceur, 114 (Carême 2004), p. 117-133.

[26] Cf. la longue étude sur le site pascalide.fr : « Le toucher, sens de l’ouverture fontale ».

[27] Cf. Pascal Ide, Méditer en pleine conscience. L’art de la réceptivité, Paris, Éd. de l’Emmanuel, 2021, p. 99-106.

[28] Voilà pourquoi j’ai émis l’hypothèse que l’ontologie régionale qu’est la nature se caractérise d’abord par cette connexion (cf. Pascal Ide, « Nouveau regard sur les objets de la métaphysique. Une sortie de la querelle des ontologies (générale et régionales) ? », Bulletin de Littérature Ecclésiastique, 125/2 [2024] n° 498, p. 71-104).

[29] Rappelons que Kathy Willis lui consacre un chapitre entier (Naturel, chap. 7). Cf. aussi site pascalide.fr : « Le microbiote. Une relecture philosophique ».

[30] Cf. Pascal Ide, Mieux se connaître pour mieux s’aimer, Paris, Fayard, 1998, chap. 1 et 2.

[31] Pour le détail, cf. Id., Les quatre sens de la nature. De l’émerveillement à l’espérance. Pour une écologie enracinée dans la grande histoire de la création, Paris, Éd. de l’Emmanuel, 2020, p. 161 s.

21.1.2025
 

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