Into the wild
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Thème (s):
Salut
Date de sortie:
9 janvier 2008
Ecrivains:
Secret de famille, relations père-fils, blessure, révolte, Dieu, nature
Directeur:
Sean Penn
Acteurs:
Emile Hirsch, Marcia Gay Harden, William Hurt ...

Into the wild

Into the wild, drame américain de Sean Penn, 2008. Avec Emmanuel Hirsch, William Hunt et Kristen Stewart.

Thème principal

Salut

Thèmes secondaires

Secret de famille, relations père-fils, blessure, révolte, Dieu, nature

 

L’avenir de Chris McCandless (Emmanuel Hirsch), jeune homme de bonne famille, est tout tracé : après de brillantes études à l’Université Emory d’Atlanta, il doit rentrer à Harvard. Contre toute attente, il part, sans argent ni carte d’identité, traverse tous les États-Unis pendant deux ans, pour arriver en Alaska, aux pieds du mont Denali, où il vivra 103 jours, absolument seul, dans un milieu très inhospitalier.

Assurément, le film de Sean Penn, personnalité médiatique « engagée » contre les guerres qui ensanglantent le monde et l’épuisement écologique de la planète, est une critique  de l’american way of life. Il nous raconte aussi l’histoire réelle vécue par un jeune homme. Ici s’entrecroisent deux fils. D’un côté, « Chris n’était pas un garçon comme les autres – écrit John Krakauer dans le livre d’où le film est tiré. Il était très égocentrique, obstiné. Mais il avait aussi de grands idéaux, un fort sens de la rectitude morale. Il croyait que sa mission dans la vie était celle d’abandonner la vie plus facile ». Il n’est pas sans rappeler la radicalité d’une Simone Weil. Comme elle, mais pour des raisons différentes, Chris mourra d’inanition (l’acteur a perdu 20 kilos sur 70). De l’autre, son histoire est blessée. Chris apprendra par hasard, à 18 ans, que son père avait épousé une autre femme de laquelle, après sa naissance, il avait eu un fils. Le secret (de famille) secrète des perversions, disait la psychanalyste Françoise Dolto. D’un coup, pour cette âme éprise de pureté et de vérité, éclate la duplicité du monde : si celui-ci n’est pas idéalement parfait, il est diabolique. Dès lors, il doit quitter non seulement sa famille, mais cette société hypocrite, effacer toute trace de son passage et changer de nom.

Mais ces explications sociologique et psychologique ne suffisent pas. Chris n’est pas à ce point aveuglé qu’il ne sache qu’il brise le cœur de sa famille et, à tout le moins, de sa sœur. D’ailleurs, certains signes d’affection l’émeuvent ; il n’est donc pas clivé, sa liberté peut s’exercer. Dès lors, le film invite à une lecture éthique et spirituelle. La Civiltà Cattolica a suggéré que Chris ne ressemble pas au Christ seulement par son nom, mais aussi par son sacrifice : « Penn réussit à composer des images semblables à celles qui, dans l’iconographie religieuse, représentent la Passion de Jésus. La mort d’un seul homme peut servir le repentir de tant d’autres ».

J’opterais pour une hypothèse plus nuancée. Quel choix pose Chris ? Il décide que, ce que l’homme ne peut lui donner, la nature lui offrira. En choisissant la nature contre l’homme, il pose aussi un autre choix : contre le Dieu transcendant qu’on lui a enseigné. Mais ce n’est pas tout. Le film a pu agacer par son didactisme, la répétition ingénue de situations trop transparentes – l’affection du couple d’hippies, l’héritage du vieil homme, etc. – qui sont autant de chemins pour reconstruire l’image défaillante de la famille. Et si ces répétitions aveuglantes étaient, plus encore, des signes offerts par la Providence pour le rejoindre ? Mais les possibilités de la création sont finies, et notre capacité à les refuser tristement infinie. D’autant que chaque « non » endurcit le cœur. La générosité divine se fera de plus en plus pressante et présente ; mais elle ne peut et veut que frapper à la porte (Ap 3,20). Enfin, Chris prendra conscience de son enfer-mement et reconnaîtra son besoin de dépendance, donc de salut : « Il n’y a de bonheur que partagé ». Mais avec qui ?

Pascal Ide

 

Christopher Johnson McCandless (Emmanuel Hirsch), jeune de bonne famille, finit brillamment ses études à l’Université Emory d’Atlanta. Après s’être défait des 24.292 dollars de son compte courant, notamment en les brûlant, ainsi que de sa carte d’identité, il traverse tous les États-Unis pendant deux années, passant des champs de blé du Sud Dakota au Nouveau Mexique, par le Grand Canyon où il descend en kayak les rapides du Colorado, pour arriver en Alaska, aux pieds du mont Denali, l’un des sommets les plus impressionnants des Rocheuses. Là, trouvant refuge dans un vieil autobus de transport public de la Fairbanks, qui avait servi à héberger les ouvriers construisant la voie ferroviaire et ensuite abandonné, il vivra 103 jours dans une absolue solitude, se nourrissant d’herbes et de racines, abattant un élan dont la carcasse attirera les loups, rencontrant un ours, etc.

La première interprétation est sociologique. L’on sait que Sean Penn est une personnalité médiatique « engagée » contre les guerres qui ensanglantent le monde et l’épuisement écologique de la planète. A son image, Chris se révolte contre l’american way of life. Vivant aux marges de la société, il rencontre les marginaux.

Derrière ce comportement sociologique se dit aussi une psychologie. La raison est clairement énoncée. De prime abord, le couple des parents de Chris s’aimait assez pour fonder ensemble une petite entreprise, après que le père (William Hunt) avait cessé de collaborer à la Nasa pour lancer les premiers satellites artificiels. Certes, les relations entre les parents se détérioraient et il était régulièrement question de divorce, mais la menace ne passait jamais à l’acte. La raison de la rupture de Chris est ailleurs. Durant un voyage en Californie, accompli par Chris à 18 ans, celui-ci apprend que son père avait épousé une autre femme de laquelle il avait eu un fils, cela, après sa naissance. D’un coup, pour cette âme éprise de pureté et de vérité, éclate la duplicité du monde : si le monde n’est pas idéalement parfait, il ne peut qu’être diabolique. Dès lors, il ne peut que quitter non seulement sa famille, mais aussi cette société hypocrite où les personnes doivent adhérer à des règles en renonçant à leurs aspirations et leur identité. Voilà pourquoi il éprouve le besoin d’effacer les traces de son passage, de changer de nom (optant pour celui d’Alexander Superstramp).

Tout n’est pas dit. L’interprétation que donne John Krakauer dans son livre éponyme entre enquête journalistique et roman d’aventures, éclaire ainsi la personnalité de son héros : « Chris n’était pas un garçon comme les autres. Il était très égocentrique. Il était obstiné. Il était impétueux. Mais il était aussi un pur de cœur. Il n’acceptait pas les compromis. Il avait de grands idéaux, un fort sens de la rectitude morale. Il croyait que sa mission dans la vie était celle d’abandonner la vie plus facile ». Comment ne pas se rappeler des personnes aussi radicales qu’une Simone Weil ? Comme elle, mais pour des raisons différentes (anorexie dans un cas, désert de l’autre), Chris mourra d’inanition, Sean Penn ayant demandé à l’acteur de perdre 20 kilos (sur ses 70).

Chris serait-il une image de son presque homonyme, le Christ ? Telle est l’interprétation suggérée par le bimensuel italien La Civiltà Cattolica à propos du sacrifice imposé à l’acteur : « Penn réussit à composer des images semblables à celles qui, dans l’iconographie religieuse, représentent la passion de Jésus, à laquelle il semble vouloir confier l’espérance que la réflexion sur la mort d’un seul homme peut servir le repentir (et pourtant au salut) de tant d’autres » (« Into the wild », La Civiltà Cattolica, n° 3786 [15 mars 2008], p. 631-632).

Pour ma part, j’opterais plutôt pour l’hypothèse opposée. Partons d’un fait. De prime abord, le film agace par son didactisme, la répétition ingénue de situations trop transparentes : l’affection du couple d’hippies d’un certain âge (Brian Dierker et Catherine Keener), l’intimité avec la jeune de seize ans amoureuse de lui (Kristen Stewart), l’héritage du vieil homme (Hal Holbrook). Comment le spectateur ne lira-t-il pas dans les figures paternelles mises en scène autant de possibilités offertes pour reconstruire l’image défaillante du père aux yeux de Chris ? Mais l’explication psychologique ne suffit pas à excuser Chris. Il n’est pas à ce point aveuglé qu’il ne voit qu’il brise le cœur de sa famille et, à tout le moins, il nie la souffrance de sa sœur, Carine (Jean Malone). Un signe parmi beaucoup : son émotion quand il est fait héritier ; son émotion circule. Dès lors, si le jeune homme n’est pas clivé, il est libre. Quel choix pose-t-il ? Chris décide que, ce que l’homme ne peut lui donner, la nature lui offrira ; ce que le lien humain, abusif, a déçu, l’harmonie avec la nature sauvage (et ceux qui s’identifient à elle comme les hippies) l’obtiendra. En choisissant la nature contre l’homme, Chris a aussi posé un autre choix : contre le Dieu transcendant qu’on lui a enseigné.

Revenons aux répétitions aveuglantes : si elles étaient le thème même du film ? Elles sont autant de signes déposés par la Providence sur son chemin. Mais les possibilités de la création sont finies par lesquelles Dieu ne cesse de tenter de nous rejoindre, et notre capacité à les refuser tristement infinie. D’autant que chaque « non » endurcit plus le cœur et rend irrévocable le choix (ce que la montée vers des contrées de plus en plus âpres symbolise et solitaire). La générosité divine se fera de plus en plus pressante et présente. Et alors, ce jeune homme épris d’absolu, saura, enfin, prendre conscience de son enfer-mement et reconnaître son besoin de dépendance, donc de salut : « Il n’y a de bonheur que partagé ». Mais avec qui ?

Pascal Ide

 

Tout juste diplômé de l’université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l’existence confortable et sans surprise qui l’attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui.
Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres.
Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s’aventurant seul dans les étendues sauvages de l’Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.

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