Vice-versa 2
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Pays:
Américain
Thème (s):
Conscience morale, Émotions, Estime de soi, Liberté
Date de sortie:
19 juin 2024
Durée:
1 heures 36 minutes
Évaluation:
***
Directeur:
Kelsey Mann
Acteurs:
Charlotte Le Bon, Amy Poehler, Jaynelia Coadou
Age minimum:
Famille

Vice-versa 2 (Inside Out 2), animation américain de Kelsey Mann, 20241. Il fait suite à Vice-versa de Pete Docter, 2015.

Thèmes

Émotions, estime de soi, liberté, conscience morale.

S’il est aussi créatif et instructif que le premier opus (2015), ce nouvel Inside-Out – qui mérite si bien son nom – hérite aussi de ses limites anthropologiques.

 

  1. Le premier épisode, centré sur l’enfance, s’était arrêté avec la découverte bouleversante et émerveillée d’un sentiment inédit et irréductible : la nostalgie (littéralement, « la douleur du passé »), venue enrichir le clavier efficace mais très élémentaire (au sens des Éléments d’Euclide) des cinq passions fondamentales. Le second volet de ce qui promet de devenir une saga attirant un public en soif d’apprendre en se distrayant (la salle était pleine de spectateurs jeunes, réactifs et hilares), commence avec la révolution pubère, durable et irréversible, et finit par une crise d’angoisse cataclysmique, brève et heureusement révocable.

C’est l’occasion de découvrir, sur fond de micro-événements d’une banale vie d’adolescente, les changements neurohormonaux intenses induits par ce nouvel âge de la vie, et l’introduction de sentiments plus élaborés : Anxiété, Ennui, Envie, Embarras (sans oublier Nostalgie qui pointe régulièrement son nez pointu). C’est aussi l’occasion de rencontrer des bouleversements autrement plus radicaux qui sont autant éthiques que psychologiques. Au dehors, les tensions entre les amies et la famille, entre vraies amies et les fausses copines qui sont plus enviées qu’aimées. Au-dedans, les conflits entre besoin d’indépendance et besoin d’appartenance, entre l’exigence d’être soi et la nécessité d’imiter pour se connaître, entre identité personnelle et identité groupale. C’est enfin l’occasion, toujours du point de vue psychologique, de voir se construire l’estime de soi, la gestion des souvenirs douloureux ou la mise en œuvre de mécanismes de défense comme le déni ou le refoulement.

Ajoutons que, si le film instruit, il ne cesse pas d’être d’abord une intrigue sans jamais verser dans le simili-docu. Tel est le concept novateur de ce film d’animation : ce qui, Outside, relève du banal quotidien d’une jeune adolescence en légère crise constitue, Inside, une grisante intrigue où les enjeux sont autrement plus aventureux : les cinq sentiments originaires qui sont devenus nos amis se retrouvent, à la puberté, menacés d’être cadenassés au plus profond de l’inconscient, voire d’y demeurer incarcérés pour toujours ; l’Anxiété qui paraît mue par de bonne intentions s’avère être une tyrannique narcissique qui domine ou exclut. Comment mieux montrer le conflit endopsychique ?

L’histoire se termine par une heureuse et touchante harmonisation intégrant sans exlusion, au-dedans, tous les sentiments, les anciens comme les nouveaux (au même titre que l’invitation militante d’une joueuse voilée dans l’équipe de hockey…) ; au dehors, non sans un pardon humble et sincère, les amies de l’ancienne école et celles de la nouvelle ; enfin, le dialogue, tout en résonance de l’intérieur et de l’extérieur.

 

  1. Ces multiples qualités n’interdisent pas d’interroger, voire de refuser, quelques traits de l’anthropologie et de l’éthique implicites des studios Pixar (dont c’est la vingt-huitième production). Du plus superficiel au plus profond.
  2. Le choix des dénominations du nouveau pannel d’émotions ne me semble pas toujours lisible. Pourquoi appeler Embarras ce qui est à l’évidence la honte (la pudeur, la culpabilité), donc éviter un nom qui, pour être… embarrassant, mériterait d’être expliqué ? Pourquoi nommer Ennui ce qui, le personnage étonnamment francophone aidant, s’avère être un spleen baudelairien ? Pourquoi choisir Anxiété qui serait plus adéquatement dénommée Stress ?
  3. Le choix des passions opéré par le film de 2015 est encore plus discutable. Il ne s’agit pas de critiquer l’importance des cinq émotions élémentaires, mais de l’enrichir. Un simple constat l’atteste : le statut de la passion contraire. En effet, les sentiments (passions, émotions, affects, peu importe ici la distinction) se distinguent par paires opposées qui ont été systématisées avec une limpidité géniale par saint Thomas d’Aquin [1]: à la joie s’oppose la tristesse ; à la colère qui est une passion de l’irascible repoussant le mal présent ne s’oppose rien que la même joie. En revanche, à la peur s’oppose l’espoir qui manque au rendez-vous ; surtout, au dégoût (lui aussi mal dénommé, car il s’agit en fait de la haine, mais sans connotation éthique) s’oppose l’amour qui, sans doute à cause de sa connotation romantique, est cruellement absente.
  4. Encore plus décisive est la question de l’unité de la personne humaine. En effet, agire sequitur esse, « l’opération suit l’être ». Puisque l’être humain s’éprouve un, de son être un suit un agir lui-même un, ou en voie d’unification. Or, dans la vision développée par le film, la cause de cette harmonie est étrangement dévolue à la joie. Mais comment une partie pourrait-elle s’égaler au tout ? Le meilleur indice de cette contradiction est que l’intrigue oblige à montrer Joie (oui, l’émotion, pas Riley) chagrine au point de verser une larme, alors que c’est la fonction même de la très attachante Tristesse.

En fait, la réponse anthropologique est entitativement l’âme et opérativement la liberté. Mais leur représentation aurait sans doute posé un problème que rencontrera notre quatrième critique. Et si l’on objecte que la liberté est elle aussi une puissance parmi d’autres, nous répondrons que, contrairement à la joie qui est limitée à et par son objet régionalisé, le bien présent, elle est spécifiée par un objet universel : le bien en tant que bien.

  1. À mi-chemin entre l’anthropologie et l’éthique, nous rencontrons le problème posé par le conflit moral. Lorsque Riley se permet de consulter le tout-puissant cahier de la coach, elle est divisée entre son envie transgressive et sa conscience morale de la transgression. Or, comment ou plutôt par qui cette conscience est-elle représentée inside? Par Tristesse. D’abord, on serait en droit d’interroger l’absence d’Embarras, c’est-à-dire de la honte ou de la culpabilité qui, en toute rigueur, est le sentiment éveillé par la conscience de la faute. Ensuite, il est vrai, et c’est une autre imprécision de l’anthropologie convoquée par le film, la honte est, formellement parlant, une espèce de tristesse, donc devrait se confondre partiellement à cette émotion personnifiée. Enfin, cette Tristesse-honte-culpabilité n’est que le marqueur affectif, le révélateur intérieur d’une instance éthique cruellement manquante, la conscience morale.
  2. Enfin, et ici la critique se fait la plus vive, nous touchons le postulat erroné du film d’animation qui est d’abord celui de sa source d’inspiration, les neurosciences et la psychologie cognitive : l’empirisme (ou sensualisme) qui réduit l’esprit à être un épiphénomène de la sensibilité. Comme la conscience morale est un acte (sinon une faculté) de l’esprit, ainsi s’explique son escamotage. Et celui de l’autre grande puissance spirituelle évoquée plus haut : la liberté. Sans rien dire d’une large occultation de l’intelligence rationnelle.

 

Pourquoi cette incompréhensible traduction Vice versa ? Le titre original Inside-Out résume bien le thème du film que l’on aurait pu rendre par Recto verso. Faisant constamment le va-et-vient entre nos actes extérieurs et notre intériorité neuronale et psychique, il montre leur harmonie inouïe autant que ce que j’oserais appeler leur admirabile commercium. Comment ne pas s’émerveiller de ce que des phénomènes comportementaux et psychiques aussi simples surgissent de dynamismes neurohomonaux si complexes ? Le film ne pourrait-il servir de support pédagogique à un cours de philosophie de l’homme ?

Pascal Ide

[1] Cf. saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie, Ia-IIæ, q. 25. Le Docteur angélique se fonde sur différents critères eux-mêmes antagonistes : concupiscible versus irascible ; bien versus mal ; présent versus passé ; possible versus impossible.

Un an après le premier film, Riley vient d’avoir 13 ans et est sur le point d’entrer au lycée. Les cinq émotions qu’elle a connues jusque là – Joie, Tristesse, Colère, Dégoût et Peur – ont depuis, créé une nouvelle section de l’esprit de Riley appelée son « sens du soi » (ou « estime de soi »), qui abrite des souvenirs, des croyances et des sentiments qui représentent sa personnalité fondamentale. Après que Riley a remporté un championnat avec son équipe locale, l’entraîneuse d’une équipe de hockey que l’adolescente admire, les Fire Hawks, lui propose, à elle et ses deux amies, Breeanna « Bree » Young et Grace Hsieh, de se rendre à un stage de hockey qui durera trois jours. Les trois amies acceptent aussitôt la proposition.

Voulant faire bonne impression pour le stage, les cinq émotions utilisent un mécanisme que Joie a créé pour lancer tous les souvenirs négatifs au fond de l’esprit de Riley. Pourtant, la veille de son départ, la console émotionnelle déclenche une alarme indiquant « Puberté ». Les émotions se débarrassent de cette embarrassante alarme, lorsqu’un groupe de travailleurs de l’esprit fait irruption dans le Quartier Cérébral et provoque un grand désordre, tout en améliorant la console et en avertissant les émotions que « les autres » arrivent.

Le lendemain matin, les émotions découvrent que, chaque fois qu’elles interagissent avec la console, Riley réagit de manière excessive. Au dehors, Riley qui se rend au camp de hockey, apprend que ses amies iront dans une autre école secondaire que son lycée et donc qu’elles ne joueront plus ensemble au hockey à l’avenir, ce qui la bouleverse. Les choses deviennent encore plus stressantes pour la jeune fille lorsqu’elle ressent quatre nouvelles émotions qui déboulent dans le Quartier Cérébral : Envie, Ennui, Embarras, et leur cheffe, Anxiété (qu’il ne faut surtout pas confondre avec Peur). Bien qu’ils accueillent favorablement les nouvelles émotions, Joie et ses amis estiment qu’elles pourraient perturber la vie de Riley. Anxiété en constitue l’exemple le plus frappant en raison de son besoin de faire imaginer à Riley des scénarios négatifs. Par exemple, à l’arrivée de Riley au lycée, Anxiété dope son besoin de s’intégrer au risque de se retrouver seule dans sa future école. De même, Joie et Anxiété s’affrontent sur la façon de faire agir Riley pendant le stage de hockey : Joie voudrait que Riley s’amuse, tandis qu’Anxiété pense que Riley devrait se concentrer sur l’entraînement pour rejoindre les Fire Hawks et ainsi préparer son avenir.

Bientôt, Anxiété en a assez que Joie la renvoie et décide que l’« estime de soi » que Riley a construit durant sa vie la retient. Elle décide de rejeter cette « estime de soi » au fin fond de la mémoire de Riley. Elle considère également les anciennes émotions comme redondantes et incapables de cohabiter avec les nouvelles arrivantes. Bien que déçue d’agir ainsi, Anxiété demande à Embarras de mettre les cinq émotions dans un bocal en verre géant, qui est ensuite emmené dans un coffre-fort sous l’esprit de Riley où sont détenus certains secrets bien gardés de l’adolescente. Joie et ses amis découvrent vite qu’ils sont enfermés avec un groupe de personnages imaginaires que Riley a développés dans sa tête au fil des ans et qu’elle semble continuer à apprécier. L’un des personnages, Bloofy (un chien de dessin animé d’une émission préscolaire que Riley adorait), aide les émotions à s’échapper. Pendant ce temps, Anxiété et les autres nouvelles émotions créent un groupe de souvenirs négatifs pour créer une « estime de soi » plus altérée afin que l’adolescente Riley bénéficie de ce qu’Anxiété considère comme un « avenir meilleur ». Afin de stopper Anxiété et son plan pour « améliorer Riley », les anciennes émotions utilisent un tube de rappel qui envoie Tristesse au Quartier Cérébral, tandis que les autres se rendent au fond de la mémoire pour récupérer l’« estime de soi » de Riley.

Tristesse revient finalement au Quartier Cérébral et essaye de raisonner Riley, mais les nouvelles émotions la capturent avant qu’elle ne puisse l’aider. Tout en essayant d’aller au fond de l’esprit, Joie et les autres émotions voient qu’Anxiété corrompt Riley avec des sentiments négatifs à partir de scénarios dessinés par les travailleurs de l’esprit. Ces récits demandent notamment d’essayer de se lier d’amitié avec Valentina (la meilleure joueuse des Fire Hawks et idole de Riley) en la copiant, elle et son groupe d’amis, ce qui compromet encore plus son amitié avec Bree et Grace. Néanmoins, les quatre émotions réussissent à passer des scénarios positifs à Riley et incitent les autres émotions, hors Anxiété, à faire de même malgré les ordres de celle-ci.

Bientôt, les émotions finissent par atteindre le fond de mémoire de Riley et font remonter son « estime de soi » à partir du sommet d’une montagne de mauvais souvenirs qui y étaient stockés. Mais, du fait de la nouvelle « estime de soi » plus négative et dévalorisante mise en place par Anxiété, l’ancienne « estime de soi » se vide d’énergie. Face à leur hâte de ramener la première « estime de soi » à Riley, Anxiété détruit le Tube qui réintroduisait les quatre émotions. Mais cette destruction provoque une avalanche qui, tout à l’inverse de ce qu’Anxiété escomptait, les réinjecte dans le au Quartier Cérébral. Les cinq émotions originelles constatent alors que le chaos règne. frénétiquement Riley joue son dernier match de hockey. D’un côté, Anxiété veut que Riley gagne ce match parce qu’il donne lieu à des sélections lui permettant d’entrer dans les Fire Hawks. De l’autre, la nouvelle estime de soi altérée mise en place par Anxiété déclenche une tornade autour de la console des émotions, et une crise de panique chez Riley.

Après avoir traversé la tornade d’Anxiété, Joie la convainc qu’elle n’a pas besoin de forcer Riley à se changer pour vivre un avenir meilleur, puisqu’elle est maîtresse d’elle-même. Les encouragements de Joie amènent Anxiété et Riley à se calmer. Dès lors, une nouvelle « estime de soi » se crée à partir de tous les souvenirs (positifs et négatifs) de Riley.

Après le stage de hockey, Riley fait la paix avec Bree et Grace, et Valentina devient sa nouvelle amie au côté du reste des Fire Hawks lors de son entrée au lycée. Riley attend avec impatience le SMS de l’entraîneuse indiquant les futurs membres de l’équipe de hockey, tandis que la première et la deuxième génération d’émotions font la paix et apprennent à vivre ensemble, protégeant l’« estime de soi » en constante évolution de Riley. Le film s’achève sur le sourire heureux de cette dernière après qu’elle a reçu un SMS, signifiant qu’elle est admise au sein des Fire Hawks…

Première scène post-générique : Riley est en train de dîner avec son père et sa mère, qui lui demandent comment était son stage de Hockey. Ne sachant pas quoi répondre, les émotions sont prises de panique. Ennui, prend alors les commandes et répond seulement que « C’était bien », sans donner plus d’informations.

Deuxième scène post-générique : Joie se rend dans la chambre des secrets pour libérer le très mystérieux « Noir Secret » de Riley qui lui avoue qu’elle aurait troué la moquette, ce qui évoque à Joie un autre moment clé de la vie de Riley.

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