Barbie
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Pays:
Américano-britannique
Thème (s):
Féminisme, Théorie du genre
Date de sortie:
19 juillet 2023
Durée:
1 heures 55 minutes
Évaluation:
**
Directeur:
Greta Gerwig
Acteurs:
Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera
Age minimum:
Adolescents et adultes

Barbie, fantastique américano-britannique co-écrit et réalisé par Greta Gerwig, 2023. Avec Margot Robbie et Ryan Gosling.

Thèmes

Théorie du genre, Féminisme.

De prime abord, il y a de quoi être perdu. L’on sait combien les poupées Barbie ont évolué avec leur temps pour inclure les différentes évolutions de la société américaine. Que demander de plus ? Voire, le spectateur n’est-il pas affronté à un paradoxe ? D’un côté, ces poupées sont bien connues pour leur féminisme militant. De fait, Barbieland est un monde féminin, gouverné par des femmes, dont les amitiés sont féminines et où les hommes ne sont admis qu’à titre d’admirateurs aussi inconditionnels qu’inutiles. De l’autre, le film raconte l’histoire d’une tentative de renversement patriarcal qui est à son tour renversé par les Barbie reprenant le pouvoir. Greta Gerwig nous raconte-t-elle donc une fastidieuse oscillation entre féminisme et virilisme, bien entendu pour mieux faire triompher le premier ? Aurait-on finalement raison de suspecter l’opération marketing visant à stimuler les ventes de jouets Mattel ? Mais alors comment expliquer qu’un scénario aussi banal bénéficie d’un succès planétaire dont la France n’est nullement exclue ?

Le spectateur comprend bien que le propos affiché de la réalisatrice est militant et que, du début au terme, Barbie a évolué. Mais en quoi consiste donc cette évolution ? En des combats qu’elle doit mener autour d’elle autant qu’en elle.

 

  1. De prime abord, comment ne pas être d’accord avec les trois combats de Barbie : le féminisme, la philautie et le réalisme ?
  2. Assurément, la pratique machiste de la société américaine ou plutôt californienne est choquante et son discours autojustificateur irrecevable. Comment ne pas rire du combat de coqs, entre rivalités mesquines et jalousies masculines ? Et comment ne pas approuver l’excellent résumé qu’en donne Barbie qui reconnecte avec son cerveau : « la dissonance cognitive de la société patriarcale » ? Voire, comment ne pas être touché par une Barbie humble qui demande pardon à Ken de lui avoir imposé ses fêtes – « Je suis désolée de t’avoir dénigré dans les soirées filles » – ou une Barbie vulnérable qui avoue ne pas savoir quelle est sa mission et donc son identité – « À vrai dire, je n’ai pas de fin » –, bref, comment ne pas accepter un féminisme modéré qui ose se poser autant de questions qu’il en pose ?
  3. Assurément aussi, comment ne pas résoner avec le plaidoyer sur le « deviens toi-même », face à la tyrannie des clichés ? « J’ai toujours été Barbie stéréotypée. Je ne me sens plus vraiment Barbie », avoue l’héroïne au terme. Et comment ne pas se réjouir de l’écho que lui renvoie Ruth sa créatrice (ou Barbie Bizarre ?) : « Peut-être es-tu Barbie modèle » ? De même, comment ne pas s’accorder à la question que se pose Ken : « Peut-être est-il temps de découvrir qui est Ken ? » ? Ce sur quoi Barbie renchérit : « Il faut que tu arrives à découvrir qui tu es ». Derechef, comment ne pas considérer comme un succès l’humble affirmation : « Je suis juste Ken » ?
  4. Assurément enfin, comment ne pas se révolter contre l’image de cette bimbo [1] dont les mensurations sont concrétisées par une femme sur 100 000 [2]. En effet, une femme qui voudrait correspondre devrait en moyenne affiner sa taille de 15 cm, accroître sa poitrine de 13 cm, allonger son cou de 8 cm et grandir de… 61 cm [3]! Or, ce personnage mythique a façonné l’imaginaire féminin [4]. De ce point de vue, comment ne pas saluer cette scène touchante dans le monde réel où, après avoir éprouvé le besoin de se connecter à la propriétaire de sa poupée et ayant achevé sa vision, Barbie aperçoit une femme âgée (Ann Roth) assise à ses côtés à un arrêt de bus. Après l’échange d’un regard complice, Barbie complimente sa voisine : « Vous êtes belle ». Contre toute attente, celle-ci lui répond : « Je sais. Vieillir n’est pas mauvais, nous le pensons seulement parce qu’on nous l’a dit ». Or, pour la cinéaste, à qui la production a demandé de couper cette scène qui prétendument ne servait à rien, elle est au contraire « le cœur du film », c’est-à-dire le consentement au réel en sa diversité et sa beauté. Cette leçon de réalisme s’élargit d’ailleurs à tout le réel lorsqu’au terme du film, Barbie propose à sa créatrice de faire le deuil des Barbies parfaites et créer une Barbie ordinaire : « Les choses ne devraient pas revenir comme avant. Si on créait la Barbie ordinaire ? ». Fuyons le rêve et revenons résolument dans le réel. « Je veux faire partie des êtres humains qui améliorent le monde. M’autorisez-vous à devenir humaine ? », demande, là encore humblement, Barbie à Ruth Handler.

 

  1. Mais reprenons une à une ces trois prétendues évidences libérantes.
  2. S’agit-il d’un féminisme modéré qui accorde toute sa place à l’homme ou d’un ultra-féminisme qui se caractérise par sa réactivité amère et vengeresse ? Le discours excluant qui est présent dès la première partie du long-métrage n’est qu’à peine atténué au terme. Un exemple entre cent : la présidente de Barbieland tolère seulement à ce qu’un homme puisse siéger comme juge dans un tribunal local. Au nom de quel préjugé ? Les Ken se seraient-ils aussi injustement révoltés si les Barbie les avaient traités plus justement ? Les contraires s’engendrent mutuellement et suscitent des conflits aussi interminables que les opposés d’où ils crépitent sont unilatéraux.

Le discours saturé de clichés de Sasha, qui va de manière très victimaire jusqu’à accuser Barbie de « fasciste », ne fait que véhiculer celui d’une autre jeune fille, une activiste suédoise dont le prénom est l’anagramme de celui de la réalisatrice ? Et la très faible défense d’une Barbie qui ne sait qu’opposer son chagrin et ses larmes est encore plus affligeante que l’attaque.

Au fait, la représentation de la Californie correspond-elle à la réalité ou à une caricature inventée pour les besoins du film ? De même, si le long-métrage condamne clairement le machisme de la société Martel, pourquoi ne remet-il pas en cause sa cofondatrice, Ruth Handler ? Les femmes seraient-elles donc intouchables ? D’ailleurs, si Barbie (la poupée) est complice du capitalisme carnivore et éco-irresponsable, que dire de Barbie (le film) qui est un pur produit de la machine hollywoodienne (la campagne promotionnelle a coûté au moins aussi cher que le film, soit 150 millions de dollars ; les deux acteurs ont empoché un chèque de 12,5 millions de dollars comme cachet et recevront au total 50 millions pour les bonus).

 

  1. Au point de départ, la formule si à la mode  « Be yourself» était le mot d’ordre d’une société qui multipliait les -ismes : individualisme, hédonisme, égocentrisme, consumérisme. Aujourd’hui, il est devenu le cri de ralliement beaucoup plus radical des théories queer qui prônent la réinvention ex nihilo de l’individu jusque dans son identité genrée.

Oui, il s’agit d’être soi-même. Et c’est même la condition indispensable pour ne pas sombrer dans la victimisation (n’exister que contre l’autre) ou la fusion (n’exister qu’à travers l’autre). Mais s’agit-il d’être seulement soi-même, « juste Ken » ou « juste Barbie » ? Autrement dit, soi-même sans l’autre. Tel est le postulat angoissant de notre individualisme atomisé que la multiplication numérique des liens faibles n’a fait qu’accentuer. Mais, anthropologiquement et bibliquement, l’être humain se définit relationnellement. Il n’existe qu’avec, par et pour l’autre. Plus encore, toujours du double point de vue de la raison et de la Révélation, la première rencontre qui nous constitue est celle de l’homme l’homme (vir) et de la femme. Il est hautement significatif que, juste après avoir dit : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa », le texte de la Genèse ajoute : « il les créa homme et femme » (Gn 1,27).

Insistons. Quand Barbie affirme ne pas être amoureuse de Ken, elle ne se contente pas de revendiquer sa liberté à l’égard de cet homme-là, mais à l’égard de l’homme-vir en général. Et l’on peut encore élargir. Lorsqu’elle dit qu’elle n’a pas de fin, ce que confirme sa créatrice Ruth Handler, elle ne se contente pas de nier un déterminisme fataliste, elle ne cherche pas seulement à s’ébrouer de conditionnements aliénants, elle nie toute espèce de nature qui la prédéfinirait. Ce n’est pas par hasard si, après avoir appris que Barbie et Ken n’avait pas d’organes génitaux, la dernière image montre Barbara aller chez un gynécologue. L’anatomie n’est pas un destin [5], la différence de sexes n’est pas celle des genres. Les hésitations répétées de Barbie, bientôt Barbara, préparent son auto-invention. Son indécision psychologique est à la mesure et le reflet de son indétermination ontologique.

En prônant une humanité qui, morte à son identité de créature se recevant de son Créateur, ressuscite avec la mission prométhéenne de devenir son propre inventeur, n’a-t-on pas troqué la toute-puissance de la femme parfaite (la Barbie stéréotypée) contre une autre omnipotence, encore plus radicale (une Barbie qui ne cesse de se réinventer dans l’ordinaire des jours. D’ailleurs, cette mégalomanie apparemment si désirable est en réalité d’autant plus redoutable qu’elle est encore plus responsable et donc potentiellement coupable (de ne pas coïncider à ses aspirations). L’on ne refuse l’humanité rêvée dont nous allons bientôt parler que pour lui substituer l’humanité 2.0 de l’idéologie queer. L’on comprend donc la portée militante de la réalisatrice : transformer l’imaginaire de tout un peuple, voire du monde pour le convertir à un autre imaginaire, celui de la religion woke.

 

  1. Comment enfin ne pas adhérer à ce plaidoyer pour le réel contre l’imaginaire, pour la Barbie ordinaire contre la Barbie stéréotypée ? Ici encore le déchiffrage s’avère utile.

Passons la contradiction performative. Barbie ne veut plus être Barbie stéréotypée, soit. Mais son premier acte est celui d’une identification totale avec la fille de Ruth Handler dont elle adopte nom et prénom. Qui a dit fusion-imitation ?

Le petit enfant a besoin d’imaginaire non pas seulement pour s’évader ni même seulement pour s’ouvrir au possible en contruisant des mondes contre-factuels, mais pour se représenter l’idéal, ce vers quoi il désire aller. Rêver n’est pas fuir, mais projeter son besoin inné d’accomplissement (ce qui n’est pas synonyme de perfection, sauf à l’entendre au sens étymologique : ce qui est par-fait, achevé) dans un avenir accessible, préparer aujourd’hui ce qui me motivera demain à agir, me promettre à moi-même le mieux et, pour le chrétien, la sainteté qui est sa vocation la plus profonde.

Ce rêve n’appartient pas qu’à l’enfance. Si l’adulte le perd, il se perd, et s’enfonce dans la tristesse acédique de la banale morosité quotidienne, comme un personnage de Tchékov dans sa datcha enneigée.

La proposition de prime abord si humaine, si réaliste et si humble d’une Barbie ordinaire et quotidienne demande à être calibrée. Pour le dire en première approximation : elle est recevable aux plans corporels et psychiques (involontaires), elle ne l’est pas aux plans éthique et spirituel (volontaires). Et même aux deux premiers plans, pour en rester au seul physique, que deviendrions-nous si nous concédions tout à nos pratiques souvent intempérantes, négligentes, anti-hygiéniques et anti-écologiques ? Une fois consenti à ce qui est et ne changera pas (comme ma petite taille, mon hyper-émotivité, cette mère qui ne m’a jamais dit qu’elle m’aimait, etc.), demeure le champ infini du pouvoir-être et celui encore plus infini du devoir-être qui passe l’être et (at)tire vers l’avant.

D’ailleurs, l’une des clés narratives les plus originales du film est que Barbieland existe, parce qu’il est le monde imaginaire que se fabriquent les petites filles jouant à la poupée. Voilà pourquoi les pensées de Barbie sont confuses : elles croisent l’imaginaire rose d’une petite fille avec l’imagination plus sombre d’une quadra qui commence à se sentir vieillir. Si l’imaginaire est à la fois le processus qui a permis d’inventer cette idée neuve et le résultat, pourquoi donc le dénigrer au nom du primat du réel ? Décidément, je ne cesserai jamais de défendre la bonté et la nécessité de la fantasy contre une conception terriblement étroite de la réalité qui, poussée jusqu’à l’extrême du mal nommé réalisme (réduction de l’être à un réel lui-même réduit à ce que l’homme maîtrise rationnellement), devient un naturalisme mesuré par la raison opératoire. Toujours résonne la parole de Pascal redidivus : « L’homme passe infiniment l’homme ».

Ajoutons que, si très légitime est la demande d’être humaine, la réponse, c’est-à-dire l’essence de l’humanité, se résume-t-elle à ressentir, comme le montre la métamorphose de Barbie en Barbara ? Ou plutôt, ce moment censé être magique et faire rêver (tiens, le rêve s’inviterait-il subrepticement ?) ne révélerait-il pas l’anthropologie implicite de la réalisatrice et co-scénariste : le monde de la post-vérité où l’émotion toujours prime la raison, le singulier toujours suspecte l’universel.

 

  1. On sait le succès phénoménal du blockbuster : plus de 5,3 millions d’entrées en France et près de 1,34 milliards de dollars de recettes dans le monde. Il est talonné de près par son contemporain (aussi sorti le 19 juillet) et concurrent de l’été, Oppenheimer (plus de 4 millions d’entrées hexagonales et plus de 950 millions de dollars de recettes mondiales), dont nous avons dit tout le bien que nous pensions. Si, sous des dehors de comédie et même de comédie musicale, Barbie est une tragédie qui nous plonge dans une léthargie idéologique, Oppenheimer, en offrant une vision véritablement dramatique de l’histoire, est une vraie bonne nouvelle capable de nous offrir un salutaire électrochoc.

Il ne s’agit pas de nier les multiples réussites du long-métrage : la mise en scène maîtrisée et pourtant échevelée de Gerwig ; le jeu d’une actrice accomplie, la « nouvelle reine d’Hollywood », et la performance de Ryan Gosling ; les scènes enlevées de comédie musicale ; le rythme effréné d’un scénario toujours étonnant ; les parodies réussies de 2001. L’Odyssée de l’Espace (1968) ou de The Matrix (1999), qui raviront les fans ; la stylisation de la bagarre entre hommes qui se transforme en ballet à la West Side Story ; etc. Mais il s’agit d’interroger la prétendue libération apportée par Barbie.

Demeure une question. J’ai plaidé à plusieurs reprises pour une sorte de sensus spectatoris : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », affirmait Descartes au début du Discours de la méthode. Précisons. Appliqué au cinéma, le bons sens filmique porte sur la qualité du scénario, non sur le contenu. En positif, il concerne l’histoire racontée (l’image-mouvement), il ne s’arrête pas au seul spectacle (l’image et même l’image-temps) ou à un jeu d’acteurs singulièrement réussi. En négatif, il s’arrête avant le fond, et l’éventuelle idéologie qu’il comporte, voire qu’il colporte. Or, de ce deuxième point de vue, l’humanité en général a toujours été très perméable aux opinions ambiantes (que l’on songe à notre porosité aux totalitarismes passés et au libertarisme actuel) et l’humanité de la révolution numérique (croisement de la mondialisation avec les techniques de l’information et de la communication) encore plus vulnérable à la superficialité de la doxa. Plus urgent encore que la formation est la guérison de nos déformations (qui sont souvent des désinformations). Bien plus que la Barbie stéréotypée (la poupée), la Barbie prétendument anti-stéréotypes demande un décryptage serré. La prétendue histoire de la poupée blonde n’est pas faite pour nos têtes blondes.

Pascal Ide

[1] Pour plus de détail, cf. pascalide.fr : « Maigrir efficacement et durablement. Ou comment les sciences incarnent la vertu (de sobriété) ».

[2] Kevin I. Norton et al., « Ken and Barbie at life size », Sex Roles, 34 (1996) n° 3-4, p. 287-294.

[3] Kelly D. Brownell et al., « Distorting reality for children: Body size proportions of Barbie and Ken dolls », International Journal of Eating Disorders, 18 (1995) n° 3, p. 295-298.

[4] Florence Amalou, Le livre noir de la pub, Paris, Stock, 2001 ; Mary F. Rodgers, Barbie Culture, London-Thousand Oaks, Sage Publications, 1999.

[5] On le sait, Freud refuse la « réclamation féministe d’une égalité des droits entre les sexes », parce qu’elle oublie trop vite que « la différence morphologique [doit] se manifester dans des différences dans le développement psychique » et conclure sur le mot célèbre qui parodie une parole de Napoléon : « L’anatomie est un destin » (Sigmund Freud, « La disparition du complexe d’Œdipe », 1923, La vie sexuelle, trad. Denise Berger, Jean Laplanche, coll. « Bibliothèque de psychanalyse », Paris, p.u.f., 1969, p. 121).

Une narratrice (Helen Mirren) nous raconte l’histoire de Barbie stéréotypée ou Barbie (Margot Robbie) qui, avec une large panoplie de Barbie, réside à Barbieland. société matriarcale que gouverne une Barbie Présidente (Issa Rae), où toutes les poupées sont souriantes, autosuffisantes et persuadées d’avoir rendu les filles humaines du vrai monde heureuses. En effet, les Barbie occupent tous les postes importants, elles sont Barbie Docteur (Hari Nef), Barbie Physicienne (Emma Mackey), Barbie Avocate (Sharon Rooney), Barbie Juge (Ana Cruz Kayne), Barbie Journaliste (Ritu Arya). Lorsqu’il ne se bagarre pas avec Ken Rival (Simu Liu) et ne se livre pas à des activités balnéaires,, Ken Plage ou Ken (Ryan Gosling), le petit ami de Barbie, en est fou amoureux et ne vit que d’attirer son regard, alors que Barbie, elle, privilégie son indépendance, les fêtes qu’elle organise et ses amitiés féminines, notamment

Au cours d’une soirée dansante, Barbie est soudainement traversée par la pensée de la mort ; mais l’oublie aussitôt. Cependant, le lendemain, elle constate qu’elle n’est plus apte à sa routine habituelle et découvre que ses pieds sont plats et qu’elle a de la cellulite. Barbie bizarre (Kate McKinnon), une paria sage et défigurée, lui affirme que pour guérir elle doit voyager dans le vrai monde et trouver l’enfant dont elle est le jouet. En route vers le monde réel, Barbie trouve Ken allongé sur la banquette arrière de sa Chevrolet rose. Elle ne peut qu’accepter à contrecœur qu’il l’accompagne dans son périple.

Arrivés à Venice Beach, Barbie et Ken provoquent l’étonnement le plus total et sont arrêtés par la police, ce qui alarme le patron de Mattel, qui ordonne leur arrestation. Barbie retrouve alors sa propriétaire, Sasha (Ariana Greenblatt), une pré-adolescente en pleine réaction contre sa mère Gloria (America Ferrera). Face à une Barbie effondée, Sasha lui reproche, certes, de favoriser des normes de beauté irréalistes, mais bien plus encore d’encourager le patriarcat, le fascisme et la crise écologique. Barbie est alors capturée par le PDG de Mattel (Will Ferrell), mais quand elle comprend qu’il veut l’enfermer pour toujours dans une boîte, elle s’enfuit de la tour. Elle se retrouve face à une femme âgée mystérieuse aux allures d’Oracle (Rhea Perlman), mais qui ne révèle pas son nom. Puis, elle est sauvée par Gloria, qui est elle-même employée de Mattel. En parlant avec elle, Barbie comprend que Gloria est le catalyseur de sa crise existentielle. En effet, lorsque Sacha s’est opposée à sa mère, Gloria a compensé en recommençant à jouer à la Barbie avec celle de sa fille. Elle lui a ainsi causé une véritable crise d’identité, transférant par inadvertance ses préoccupations sur la mort et la cellulite à Barbie. Elles décident alors de voyager vers Barbieland pour quitter le monde réel si détraqué et retrouver un monde parfait.

Pendant ce temps, tout au contraire, Ken a découvert le système patriarcal dans le monde réel. Se sentant enfin accepté et important, il décide de retourner à Barbieland et persuade les autres Ken de prendre le pouvoir. Les Barbie sont alors asservies et deviennent des femmes de chambre, des femmes au foyer ou encore des « potiches ». Les Barbie sont subjuguées après avoir subi un lavage de cerveau. Lorsqu’elle rentre du monde réel, Barbie essaie de convaincre Ken et les Barbie de revenir à la raison et de réinstaller l’ancien système. Face à leur refus, Barbie déprime, mais Gloria lui redonne confiance par un discours féministe. Avec l’aide de Sacha, Gloria, Barbie bizarre et Allan, les Barbie se libèrent des Ken. Elles les manipulent pour qu’ils se battent entre eux, ce qui permet aux Barbie de reprendre le pouvoir et de modifier la nouvelle Constitution qui promouvait la supériorité masculine.

Barbie et Ken s’excusent mutuellement et reconnaissent leur échec respectif. Ken déplore qu’il n’ait pas d’identité ou de but sans Barbie. Celle-ci l’encourage à trouver une identité autonome. Barbie, elle, reste incertaine de son propre but et de son identité. C’est alors que la femme âgée sans nom apparaît à Barbie et lui révèle qu’elle est la co-fondatrice de Mattel, Ruth Handler. Elle explique qu’elle a donné le nom de sa fille Barbara et que l’histoire de Barbie n’a pas de fin définie. Barbie décide de devenir humaine en ayant conscience que cette décision implique une mort certaine. Elle revient ainsi dans le monde réel. Quelque temps plus tard, Gloria, son mari et Sacha emmènent Barbie, qui s’appelle désormais Barbara Handler, à son premier rendez-vous gynécologique.

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