Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, fiction historique franco-germano-espagnol-belge de Martin Bourboulon, 2023. Premier volet d’une adaptation du roman éponyme d’Alexandre Dumas, 1844. Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï et Eva Green.
Thèmes
Woke, Wokisme.
Assurément, cette nouvelle mouture des Trois mousquetaires (du moins le premier volet du diptyque) plaît. Mais est-ce réjouissant ?
Comment nier le succès ? Outre le dépassement symbolique du million d’entrées après une semaine d’exploitation, j’ai constaté que, dans la salle, de nombreux spectateurs étaient tôt arrivés avant le film, bien participants pendant et enthousiastes après (applaudissements, commentaires laudatifs). De fait, le long-métrage n’est pas dénué d’atouts qui lorgnent vers le blockbuster : depuis la musique à la James Horner aux plans séquences qui suivent au plus près le fringant et cascadant d’Artagnan, en passant par des astuces scénaristiques comme une introduction fracassante qui dramatise le vol d’un meurtre de surcroît énigmatique.
Donc, Les Trois mousquetaires veut se présenter comme la grande saga familiale du printemps. Mais est-ce vraiment à une simple actualisation de l’immense roman de Dumas selon les standards hollywoodiens que les parents convient leurs chères têtes blondes ? Accentuant les choix déjà bien discutables du célèbre romancier, le film n’entre-t-il pas en résonance, discrètement, mais réellement, notamment avec quelques attendus de la religion woke ? Quatre signes, gradués du plus léger au plus grave.
La disparition des quatre valets qui, loin d’être seulement, la caricature emphatique des mousquetaires, jouent, notamment cet homme plein de ressources qu’est Planchet, un rôle non négligeable dans l’intrigue. Mais comment, aujourd’hui, un domestique ne serait-il pas exploité par celui qui l’enrôle à son service ?
Ensuite, à l’invraisemblable concession à l’idéologie LGBT qui transforme le glouton Porthos en bisexuel orgiaque, s’ajoute l’effacement de l’engagement matrimonial de Constance (Lyna Khoudri) qui devient « Mademoiselle » Bonacieux.
Par ailleurs, non content de réinterpréter l’arrière-fond politique comme une guerre de religions où le catholicisme sert de bouc-émissaire, le cinéaste accentue la déconstruction du cardinal de Richelieu (Éric Ruf) déjà bien écorné par Dumas, en en faisant un sociopathe jouissant de voir ses ennemis passés à la question.
Enfin et surtout, si Dumas suggère les mœurs légères du futur évêque de Vannes et général des jésuites (dans le Vicomte de Bragelonne), ce que le film s’empresse de transformer en certitude bien établie, en revanche, jamais il ne doute de la foi chrétienne d’Aramis. Or, dans une scène révoltante et sacrilège, l’on voit celui-ci prendre un crucifix, le tailler en pointe et l’utiliser pour torturer un homme.
Las ! Passons un triste spectacle qui ne ferait qu’aligner quelques inepties faciles à corriger, s’il n’émargeait à une idéologie moins aisée à contourner. Du grand spectacle, oui. Mais pas un spectacle familial !
Pascal Ide
- Le jeune d’Artagnan (François Civil), gentilhomme pauvre de Gascogne, en route vers Paris pour entrer dans la compagnie des Mousquetaires du roi Louis XIII, se faire agresser par deux inconnus, dont il ignore qu’ils sont agents du cardinal de Richelieu : le comte de Rochefort (Raynaldo Houy Delattre) et Milady de Winter (Eva Green). Il est laissé pour mort.
À Paris, d’Artagnan se présente capitaine de Tréville (Marc Barbé), qui ne peut lui promettre une place dans sa compagnie. C’est alors qu’il reconnaît Rochefort. Se précipitant à sa poursuite, d’Artagnan provoque, bien malgré lui, successivement trois mousquetaires du Roi qui l’assignent en duel : en heurtant l’épaule blessée d’Athos (Vincent Cassel), en se prenant les pieds dans le manteau de Porthos (Pio Marmaï) et en ramassant un mouchoir compromettant d’Aramis (Romain Duris). Comment survivre à trois valeureux bretteurs ?