Incroyable mais vrai, fantastique français écrit et réalisé par Quentin Dupieux, 2022. Avec Alain Chabat, Léa Drucker, Roxane Arnal : Marie, 19 ans Benoît Magimel et Anaïs Demoustier.
Thèmes
Temps, hyperconsommation.
L’évaluation est aussi tristement simple que malheureusement irrévocable : l’indigence abyssale du scénario.
Assurément, l’intuition est excellente, d’autant que, pour une fois, les résumés ne la trahissent pas, ce qui laisse le spectateur aussi attentif avant la découverte que stupéfait après celle-ci. D’autant aussi que la limpidité linéaire du scénario sait faire le monter le suspense, du moins pendant le premier quart d’heure.
Après, en revanche… Ce qui se développerait, au mieux, sur la durée d’un sketch ou d’un épisode de Friends, se dilue et s’essoufle à prétendre devenir un long métrage. D’abord, à tort pour l’unité d’action, l’idée heureuse et presque poétique d’une accélération-décélération paradoxale est double de celle, absurde et grossière, du sexe électronique – comme si le spectateur n’avait pas compris la leçon selon laquelle, dans notre société d’hyperconsommation, toute relation devient utilisation et toute utilisation addiction. De sorte que, non sans ironie, la forme de l’intrigue est rattrapée par son contenu : elle répète usque ad nauseam la même sérénade sur l’obsession féminine du rajeunissement et masculine de la performance sexuelle (heureusement, si le sujet est scabreux, les images sont discrètes).
Une comparaison suffira à confirmer cette pouillerie pathétique (mais qui produit et finance de tels films ?). Dans une autre comédie qui est en réalité un drame, Un jour sans fin (Groundhog day, 1993), Harold Ramis est aussi parti d’une idée trs simple, mais il a su la développer usque ad gloriam (amoris) avec une rigueur (scénaristique) et une vigueur (créatrice) qui touche au génie, parce qu’il s’est souvenu que celui-ci était encore plus Aufgabe (travail) que Gabe (don). Que le réalisateur trop prolixe et trop pressé de Au poste ! (2018), du Daim (2019) et de Mandibules (2020) apprenne la différence entre simplicité de surabondance et simplicité d’indigence.
Pascal Ide
Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker) ont décidé d’acheter une maison. Ils visitent un vieux pavillon tout juste mis en vente. Alors qu’il commence à faire nuit, l’agent immobilier qui fait la visite leur montre, dans le sous-sol, « le clou de la visite » : un conduit dans le sol. D’abord hésitant, le couple l’emprunte, descend toute les marches et se retrouve… dans le même pavillon sous un ciel bleu. Face à l’incrédulité des futurs propriétaires, l’agent immobilier explique que le conduit permet de faire un saut de 12 heures dans le futur (d’où le ciel bleu). Plus tard, il leur apprend une autre propriété du conduit : il rajeunit de 3 jours. Il ne fournit aucune explication de ces propriétés (et peut-être d’autres).
Ayant décidé d’acheter la maison, Marie teste immédiatement le conduit, bien que cela lui coûte sa journée. Alain, lui, fait visiter le pavillon à son patron, Gérard (Benoît Magimel), qui est fan de voitures, et sa compagne Jeanne (Anaïs Demoustier), qui est gérante d’un magasin de sous-vêtements. Pendant le dîner improvisé, Gérard annonce à Alain et Marie qu’il s’est fait installer un pénis électronique pour remplacer le sien et intensifier sa vie sexuelle avec Jeanne. Après trois passages et donc avoir rajeuni de 9 jours, Marie installe un miroir à côté de la sortie du conduit et demande à Alain s’il observe une différence. Que vont devenir Marie et Gérard avec leur nouveau jouet ? Et que va devenir leur couple ?