The Northman, aventure américano-britannique co-écrit et réalisé par Robert Eggers, 2022. Avec Alexander Skarsgård, Ethan Hawke et Nicole Kidman.
Thèmes
Violence, paganisme.
Ce film trop long est trop complaisant dans les images et trop prosélyte dans son idéologie néopaïenne.
Dans ce monde scandinave qui résiste encore à l’évangélisation, tout n’est que violence. La relation de l’homme à l’homme. La personne n’a que deux options : dominer ou être dominé, asservir ou servir (comme esclave) ; se venger (le secours à la mère étant subordonnée à la vengeance) ou subir. La relation de l’homme à la femme : le premier est guerrier et la seconde n’est que le repos du guerrier et la porteuse de la vie. La relation entre parents et enfants. Le second n’est que l’instrument d’une transmission d’un antidécalogue fait d’assassinats, de mensonges et de trahisons. La relation de l’homme aux dieux qu’il s’est donnés, à commencer par le tout-puissant Odin. Elle s’inscrit tout entière sous le double régime de la peur et de la fatalité, qui est la forme extrême de la violence faite à la liberté.
Bien entendu, The Northman ébauche une très mince voie de rédemption : celle de l’amour humain qui conduit Amleth à se sacrifier pour celle qu’il aime, sortir de son insensibilité haineuse et enfin verser la deuxième larme de sa vie. Il finit toutefois par céder derechef à la violence nu(e) sur fond nocturne d’éruption volcanique et sur bande-son saturée de beuglements-hurlements.
Bien sûr aussi, les plans nombreux et splendides de l’Islande nous donnent à voir une nature âpre, et à comprendre que ces peuples scandinaves sont encore à l’image de ce milieu sauvage qui les héberge et qu’ils ne domestiquent pas. Hors Révélation, l’homme a l’anthropologie et la théologie de sa cosmologie. Mais expliquer n’excuse pas tout – surtout à l’heure d’un wokisme qui épargne étrangement ces figures par excellence de l’exclusion et de l’injustice sociales qu’étaient ces sociétés ultra-racistes et esclavagistes. Au moins ce film surfant sur le mythe à la mode des Vikings et déconstruisant celui d’Hamlet permet de vérifier le mot célèbre du saint Curé d’Ars : « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes. » De fait, les protagonistes du film en général et le héros en particulier nourrissent comme idéal suprême, à travers rituels de sorcellerie et transes chamaniques de devenir berserkr, c’est-à-dire de se métamorphoser en ours et en loup pour s’incorporer leur force et leur identité hurlante.
Au sortir de ce film nauséeux, inexplicablement encensé par la critique et les spectateurs, une exclamation libératoire a jailli en moi : quel bonheur d’être chrétien ! quel malheur d’être (aujourd’hui) païen !
Pascal Ide
Le jeune prince Amleth (Alexander Skarsgård) vient tout juste de devenir un homme quand son père, le roi Horwendil (Ethan Hawke), est brutalement assassiné par son oncle Fjölnir (Claes Bang) qui s’empare alors de la mère du garçon, la reine Gudrun (Nicole Kidman), et du trône. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves. Mais une devineresse lui rappelle son vœu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle. Il embarque alors sur un bateau pour l’Islande et entre, avec l’aide d’Olga (Anya Taylor-Joy), une jeune Slave prise comme esclave, dans la ferme de son oncle, en se faisant lui aussi passer pour un esclave, avec l’intention d’y perpétrer sa vengeance.