La Machine à explorer le temps (The Time Machine), science-fiction américain de George Pal, 1960. Inspiré du roman La machine à remonter le temps de Herbert George Wells, 1895. Avec Rod Taylor, Alan Young, Yvette Mimieux. Oscar des meilleurs effets spéciaux (Gene Warren et Tim Baar).
Thèmes
Temps, manichéisme.
Dans son conte futuriste La machine à remonter le temps, Wells a imaginé un avenir où s’opposeraient deux types d’hommes, les Eloïs et les Morlocks. Les premiers, blonds, tout de blanc vêtus, éthérés, non-violents, végétariens, ouraniens et oisifs, vivent sur la terre. Les seconds, dépigmentés et photophobiques, bestiaux et cannibales, s’activent dans les profondeurs telluriques. Cette vision manichéenne serait sans conséquence, si les Morlocks ne remontaient pas, régulièrement, à la surface, pour prendre un des Eloïs et s’en repaître. Alors, le schéma dualiste se complexifie. Il apparaît que, comme dans une autre fable utopique, Zardoz (John Boorman, 1974), qui oppose les Exterminateurs et les Éternels, ces derniers qui sont des sans-violence sont aussi des sans-passions. Dès lors, l’opposition devient celle, nietzschéenne, des apolliniens et des dionysiaques, celle, freudienne, du Surmoi et du ça, celle, jungienne, de l’anima et de l’animus.
La seule solution réside non pas dans l’affrontement des Morlocks par l’explorateur du temps, ni, inversement, dans l’introduction de Zed dans le monde des Éternels, qui s’avèrera ultimement destructrice. Elle consiste dans l’intégration de ce que chaque pôle contient de vrai et de bien. Elle requiert aussi un troisième terme sortant de la mortelle dialectique, donc d’un médiateur qui accepte de descendre sous terre. Et si les Eloïs se nourrissaient eux aussi, secrètement, de la substance des Morlocks, mais sublimée, comme ces derniers s’alimentent réellement de leur chair ? Et si la fin montrait les Morlocks s’ouvrant à la lumière supérieure et les Eloïs s’éveiller au rude travail de la terre et de la procréation ?
Pascal Ide
Le 31 décembre 1899 à Londres, George (Rod Taylor), un inventeur passionné par l’écoulement du temps, discute chez lui de la quatrième dimension avec quatre de ses amis. Il leur affirme avoir inventé une machine à explorer le temps. Il leur en présente un modèle miniature, qui disparaît après qu’il l’a activé. Sceptiques, ses invités l’accusent d’avoir utilisé un tour de magie et se moquent gentiment de lui. Trois d’entre eux s’en vont. Le quatrième, Filby (Alan Young), reste un moment. George l’invite à revenir dîner, avec leurs compagnons, dans cinq jours.
Aussitôt Filby parti, George va dans son laboratoire où est entreposée une machine grandeur nature. Après s’être assis dans l’appareil, il pousse le levier de vitesse vers l’avant. La machine part dans le futur. Il s’arrête le 13 septembre 1917, où il apprend que l’Angleterre est en guerre contre l’Allemagne. Il aperçoit un homme en uniforme, qu’il prend pour Filby. Mais il s’agit de son fils James (même acteur). Celui-ci l’informe que son père est mort récemment à la guerre.
George retourne à sa machine et la fait repartir jusqu’au 19 juin 1940, où il tombe en plein bombardement. Il comprend que le monde est de nouveau en guerre.
Il repart et s’arrête le 18 août 1966, où il s’émerveille devant un monde moderne et inconnu. Il rencontre de nouveau le fils Filby, devenu vieux, qui lui enjoint d’aller se cacher car « les champignons vont bientôt exploser ». De fait, une déflagration se produit, le ciel devient rouge et de la lave s’écoule dans les rues.
George repart vers le futur. Prisonnier de la lave qui, une fois refroidie, est devenue une roche compacte, il voit les siècles défiler. Puis le minéral finit par s’éroder. George arrête sa machine le 12 octobre 802 701. Il se trouve près d’un imposant bâtiment en forme de sphinx. Il explore la nature environnante, d’aspect paradisiaque, et y découvre les habitants du lieu, qui s’ébattent près d’une rivière. Soudain, à son grand étonnement, une jeune femme, Weena (Yvette Mimieux), se noie sous le regard indifférent de ses compagnons. George la secourt. Weena lui apprend, avec son nom, que son peuple se nomme les « Eloïs ». Elle sympathise avec George. Celui-ci constate que les Eloïs vivent dans l’insouciance mais n’ont ni lois, ni gouvernement. Déçu, il veut repartir vers son époque. Mais sa machine a disparu. Des traces de roue montrent qu’elle a été traînée à l’intérieur du sphinx, dont la porte s’est refermée. Weena lui révèle que c’est l’œuvre des « Morlocks ». Elle le conduit dans un musée où, sur les rayons d’une bibliothèque, des livres qu’elle ne sait pas lire se délitent quand on les feuillette. Or, des anneaux métalliques racontent le passé. George comprend qu’après une guerre nucléaire, des humains survivants ont choisi de vivre de deux manières différentes : soit dans des cavernes souterraines, soit à la lumière du soleil. Les premiers sont devenus les Morlocks. Ils entretiennent les seconds, les Eloïs, comme du bétail qui leur sert de nourriture.