Une fête méconnue

L’Ascension de Notre Seigneur est un Mystère qui passe trop souvent inaperçu. Pourtant, objet d’une fête d’obligation, il est proclamé dans le Credo : Jésus Christ « est monté aux cieux ».

Jésus est ressuscité avec son propre corps, puisque le tombeau est vide et que son corps porte les plaies de la Passion (cf. Jn 20,27). Ce corps est de même nature que celui de sa vie terrestre et que le nôtre : c’est un véritable corps humain ; mais ses qualités sont différentes : glorieux, il est désormais impassible, transfiguré, totalement soumis à la volonté (cf. 1 Co 15,42-44). Or, le propre d’un corps, quel qu’il soit, est d’être localisé, le lieu signifiant la dignité du corps : « Le lieu doit être proportionné à ce qui y réside », explique saint Thomas d’Aquin, à propos de l’Ascension. C’est ainsi que seul le corps humain est de stature verticale permanente ou que le geste d’agenouillement symbolise notre humble adoration du Dieu Très-Haut. Voilà pourquoi il convenait que le Christ élevé au-dessus de tout (cf. Ph 2,9-11), soit glorifié en son corps par la Résurrection, et présent dans le lieu qui lui est adapté par l’Ascension. Le réalisme très incarné de ce mystère ne choque qu’un Occidental dont la spiritualité a peu à peu congédié le corps, considéré comme indigne d’avoir part à la liturgie et à la gloire promise (cf. Rm 8,23-24).

Pour quoi le Christ est-il monté aux cieux ? L’Ascension du Christ augmente notre foi, puisque désormais, selon ses propres paroles : « je vais vers le Père et vous ne me verrez plus » (Jn 16,10-11) ; or, « bienheureux celui qui croit sans avoir vu » (Jn 20,29). Elle relève aussi notre espérance, puisque Jésus nous a promis : « Quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez aussi » (Jn 14,3). Enfin, le mystère de l’Ascension stimule notre charité en élevant notre cœur vers le but de notre vie : « Recherchez les choses d’en haut, là où le Christ demeure, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre. […] votre vie est désormais cachée avec le Christ. » (Col 3,1-3) En effet, « là où est ton trésor, là aussi est ton cœur » (Mt 6,21).

Mais il y a plus. L’Ascension est cause de notre salut. Le Christ, vrai homme, est entré au ciel « afin d’intercéder pour nous » (He 7,25) : désormais la nature humaine est exaltée dans la gloire de la Trinité éternellement bienheureuse. D’autre part, « il est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses » (Ep 4,10), c’est-à-dire de les remplir de tous les dons de sa grâce salvifique. D’ailleurs, il nous est bon que le Christ s’éloigne physiquement, pour qu’advienne l’Esprit-Saint : « Si je m’en vais, je vous l’enverrai » (Jn 16,7).

« Rends-moi la joie d’être sauvé » (Ps 51,14). Si donc l’Ascension cause aussi notre salut, fêtons-la dans la joie ! Avec Marie notre mère et les douze Apôtres, entrons dans la grande neuvaine où nous attendons, d’un grand désir, la venue de l’Esprit de Vérité et d’Amour qui viendra plus sûrement que l’aurore qu’attend le veilleur.

Pascal Ide

12.5.2021
 

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