Coup de téléphone. Une personne que je ne connais pas me propose de faire mes courses alimentaires. Je décline pour ne pas donner de travail supplémentaire : « Nous faisons les courses pour 30 personnes, mon Père ; alors une personne de plus ou de moins, cela ne change rien pour nous ! »
Une immense gratitude monte en mon cœur pour la généreuse donatrice qui a de surcroît la délicatesse de dire que son acte ne lui pèse pas. Je la lui exprime. Paradoxe et merveille du confinement ! C’est lorsque l’homme est le plus solitaire qu’il redécouvre qu’il est le plus solidaire.
L’homme veut être comme Dieu. Et comme il a raison ! Mais à condition qu’il ne se trompe pas sur la nature de Dieu ! C’est ce que disait Louis Évely dans une page inspirée :
« Toute l’histoire de l’humanité a été dévoyée, brisée, parce qu’Adam s’est fait une fausse idée de Dieu. Il voulait devenir comme Dieu. J’espère que vous n’avez jamais fait consister le péché d’Adam en cela […]. N’était-ce pas cela à quoi Dieu l’avait invité ? Adam s’est seulement trompé de modèle. Il a cru que Dieu était un être indépendant, autonome, suffisant et, pour devenir comme Lui, il s’est rebellé, il a désobéi.
« Mais quand Dieu s’est révélé, quand Dieu a voulu montrer vraiment ce qu’il était, Il s’est révélé amour, tendresse, effusion de soi, infinie complaisance en un autre, attachement, dépendance ; Dieu s’est révélé obéissant, obéissant jusqu’à la mort.
« En croyant devenir Dieu, Adam se différenciait totalement de Lui. Il se retranchait dans la solitude, et Dieu n’était que communion [1] ».
Pascal Ide
[1] Louis Évely, Notre Père, Paris, Fleurus, 1962, p. 45.