Chapitre 16 : La louange selon saint Bernard de Clairvaux
La gratitude se traduit dans l’action de grâces, deux thèmes chers à saint Bernard de Clairvaux [1], qui les développe notamment dans deux sermons, l’un sur la miséricorde [2], l’autre intitulé : « Contre le pire des vices, l’ingratitude [3] »… Relevons quelques points :
- De prime abord, l’on peut s’étonner, voire s’inquiéter non pas de l’importance accordée par l’abbé de Clairvaux à la louange, mais au poids de l’obligation : « Nous avons à lui rendre de continuelles actions de grâces [gratias agere debeamus] » (I, 1, p. 225). Voilà pourquoi « les miséricordes du Seigneur, éternellement je les chanterai » (Ps 88,2). Elle est même une tache écrasante, « beaucoup plus lourde [multo maius] » que tout (I, 1, p. 221). En effet, elle doit être à la mesure du don divin ; or, « Dieu me charge de tant de miséricordes, m’entoure de tant de bienfaits » (I, 1, p. 221). Donc, « mon esprit défaille » (Ps 76,4) à rendre grâces.
D’abord, Bernard ne fait que parler le langage de l’Écriture. Parmi les textes les plus souvent cités : « Comment rendrai-je [retribuam] au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait [retribuit] ? » (Ps 115,12) [4] ; « Nous avons reçu non pas l’esprit de ce monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous sachions [ut sciamus] quels dons [donata] Dieu nous a faits » (1 Co 2,12) [5].
Ensuite, faisant allusion au « fardeau » dont parle Jésus (cf. Mt 11,30), l’abbé de Clairvaux ajoute que ce devoir est « bien plus agréable [suavius] » que le « fardeau de la pénitence ». Enfin, il n’insiste sur cette obligation fondamentale que parce que d’abord il souligne l’« abondance de bienfaits » divins : « Dieu me charge de tant de miséricordes, m’entoure de tant de bienfaits » (I, 1, p. 221) ! Or, pour cette « abondance de bienfaits », « nous avons à lui rendre de continuelles actions de grâces [gratias agere debeamus] » (I, 1, p. 225).
- Bernard critique avec force le vice contraire au point que l’ingratitude apparaît comme le pire péché : « rien ne déplaît autant à Dieu que l’ingratitude [nihil ita displicite Deo] » (I, 1, p. 221). Et cette attitude engendre dans le « cœur » de Bernard une « grande tristesse et une douleur incessante » (Rm 9,2). La raison principale en est que « l’ingratitude est mortifère [peremptoria], hostile à la grâce et ennemie du salut [hostis gratiae, inimica salutis] » (I, 1, p. 221). La cause de l’ingratitude, pour Bernard, est l’amnésie : les ingrats « risquent d’être oublieux [immemores] de la miséricorde divine ». Et la conséquence en est l’éloignement de la grâce : en oubliant des « bienfaits si grands et si nombreux », il risquent d’être « abandonnés de la grâce qu’ils n’auront pas révérée comme une grâce [deserantur a gratia quam non ut gratiam venerantur] » (I, 1, p. 223).
Bernard distingue deux degrés dans l’ingratitude : l’oublieux est un ingrat ponctuel ; bien pire est l’ingrat habituel : « celui qui s’obstine et s’enferme dans le murmure et l’impatience [obstinato perdurat animo] ». Car non seulement, cet homme est ingrat, mais il répond aux miséricordes de Dieu « par le mépris [contumeliam] » (I, 2, p. 223).
- Dans la deuxième partie du sermon, Bernard multiplie les exemples de mémoire reconnaissante. Il passe en revue les « sept miséricordes du Seigneur » qui sont aisément universalisables puisqu’il ajoute : « que, vous aussi, je pense, vous découvrirez facilement en vous-mêmes [facile in vobis] » (II, 1, p. 225). La première est la miséricorde face à ses chutes : soit que Dieu l’ait relevé, soit qu’il l’ait gardé de la chute. Et de citer la parole du psaume : « Si le Seigneur ne m’avait secouru, il s’en serait fallu d’un rien que mon âme ne tombe » (Ps 93,17) [6].
Pour nourrir la gratitude, le saint abbé de Clairvaux distingue deux espèces de miséricorde : celles par lesquelles le Seigneur délivre « du mal [a malo] » (les cinq premières) ; celles par lesquelles il accorde « les biens [bona] », les deux dernières (II, 5, p. 229).
Enfin, il souligne la fécondité de la gratitude. Il interprète la parole si mystérieuse de la parabole : « Enlevez-lui même ce qu’il a » (Mt 13,12 ; Lc 8,18), en l’appliquant à l’ingrat : « Ne considère-t-on pas comme perdu ce que l’on a donné [donatum est] à un ingrat ou ne regrette-t-on pas d’avoir donné [dedisse] ce que l’on voit se perdre ? » (I, 2, p. 223). Puis il en tire la conséquence positive que la reconnaissance permet que « les dons reçus de la grâce non seulement soient maintenus, mais encore multipliés [non modo manere sibi, sed et multiplicari] » (Ibid.).
Chapitre 16 : Oraisons de la messe, prières de gratitude
Voici deux exemples de prière de gratitude tirées de la liturgie eucharistique parmi des centaines.
Un premier est l’oraison de communion de la troisième semaine du temps ordinaire :
« Permets, nous t’en prions, Dieu tout-puissant, qu’ayant reçu de toi la grâce d’une nouvelle vie, nous puissions nous en émerveiller toujours ».
Cette prière épouse la logique même de la gratitude. D’abord, elle considère son origine objective qu’est le don, souligné triplement comme « grâce », comme « vie » et comme nouveauté. Ensuite, et c’est là le point original, en parlant de l’émerveillement (« émerveiller »), elle prend en compte son vécu existentiel. Ainsi, l’oraison articule ontologie et phénoménologie. Enfin, cette bipolarité fait écho avec l’antienne d’ouverture qui cite le Ps 95,1.6 et allie ce double aspect, objectif (« La splendeur et l’éclat, la puissance et la beauté brillent dans son Temple saint ! ») et subjectif (« Chantez au Seigneur un chant nouveau »).
Une deuxième illustration est la prière sur les Offrandes du mardi de la 4ème semaine de Carême :
« Nous te présentons, Seigneur, des biens que toi-même nous as donnés : qu’ils te disent notre reconnaissance devant tout ce que ta création nous propose pour assurer notre vie sur la terre ; qu’ils deviennent aussi le remède qui nous guérira et nous fera vivre éternellement. Par Jésus-Christ ton Fils notre Seigneur… ».
Chapitre 16 : Vivre la messe comme une aventure
Vivre la messe comme une aventure… Tel est le défi pour chacun, mais surtout pour les hommes qui, plus que les femmes, désertent l’église (donc l’Église), car non seulement ils n’y rencontrent pas assez d’hommes, mais parce que la manière de la vivre est souvent trop féminine, pas adaptée à leur cœur d’aventurier. En fait, ce n’est pas la liturgie qui doit changer, mais notre manière de la vivre. Les hommes (viri) chrétiens du Moyen-Âge l’avaient compris. Quand ils ont voulu raconter l’Eucharistie, ils en ont fait une aventure, la plus fabuleuse des aventures : le Saint-Graal. Vivre chaque messe comme une quête du Graal, qui est une quête intérieure, mais qui vient du supérieur (Dieu), pour être reversée vers l’extérieur (la mission dans le monde). Passer de « Prends pitié de moi » et de « Parle, ton serviteur écoute », au « Me voici, envoie-moi ».
Chapitre 16 : Les trois manières de participer à la messe
Nous avons beau savoir que l’Eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne [7] », nous – je parle autant des fidèles que des prêtres – la vivons souvent de manière routinière. La messe, c’est toujours la même chose…
Il y a trois sortes de participants à la messe.
Il y a ceux qui y vont pour l’homélie. En effet, c’est ce qui change le plus, ce que l’on ne peut connaître à l’avance. Mais c’est un peu le loto, selon que le prêtre est inspiré ou non, nous sert ses refrains habituels ou pas, a eu le temps de préparer ou non, lit son papier ou non. Etc.
Il y a ceux, moins nombreux, qui vont à la messe pour les lectures. Certes, ils peuvent les lire dans leur missel. Mais l’essentiel est ailleurs. Celui qui vient pour entendre la Parole de Dieu a transformé l’expression abstraite « Parole de Dieu » dans la locution concrète : « Dieu (me) parle ». Même s’il entend la même Parole pour tous les participants et même tous les participants du monde entier, il sait que Dieu lui parle personnellement à chaque Eucharistie, comme l’Ami incomparable à son ami.
Enfin –et c’est malheureusement le plus petit nombre –, il y a ceux qui vont à la messe pour la messe elle-même. Ils ont compris que la véritable nouveauté, c’est l’Eucharistie. A chaque messe, je suis sacramentellement et très réellement, au pied de la Croix, le Crucifié vient à ma rencontre. Plus encore que l’écoute de la Parole, la communion me transforme du dedans, elle est la plus grande puissance de changement qui est présente dans l’univers : si Dieu, par le prêtre, peut changer le pain et le vin dans le Corps et le Sang de Jésus, il peut – et veut – transformer mon cœur de pierre en cœur de chair. « L’Eucharistie », affirme le cardinal Ratzinger, est le « sacrement des transformations » [8].
Chapitre 16 : Une pratique totale et permanente de la gratitude
Voici un passage d’une homélie sur la martyre sainte Juliette (Juliette de Césarée, en Cappadoce, au centre de la Turquie), martyrisée sous le règne de Dioclétien :
« Quand tu es à table, prie : en portant le pain à la bouche, rends grâce à Celui qui te le donne ; en réconfortant d’un verre de vin la faiblesse de ton corps, aie souvenir de Celui qui te fait ce don pour la joie de ton cœur et pour le soulagement de tes infirmités. Une fois passé le besoin de t’alimenter, que le souvenir du Bienfaiteur ne passe pas pour autant !
« Quand tu revêts ta tunique, rends grâce à Celui qui te l’a donnée ; quand tu t’enveloppes de ton manteau, montre encore plus d’amour envers Dieu, lui qui nous a fourni des vêtements appropriés tant pour l’hiver que pour l’été, afin de protéger notre vie et de couvrir notre nudité.
« Le jour est-il terminé ? Remercie Celui qui t’a donné le soleil pour les travaux de la journée, ainsi que le feu pour éclairer la nuit et se mettre au service de nos nécessités.
« Mais la nuit offre encore bien d’autres sujets de prière. En regardant la beauté du ciel étoilé, prie le Seigneur des choses invisibles, adore l’Artiste qui a fait toutes choses dans sa sagesse. Quand tu vois toute la nature animale plongée dans le sommeil, adore de nouveau Celui qui, par le sommeil, sans même que nous en ayons conscience, nous soulage d’une fatigue continue, et nous rend par un peu de repos la vigueur de nos forces. Par conséquent, que la nuit ne soit pas entièrement passée dans l’assoupissement ; ne laissons pas l’inconscience occuper inutilement la moitié de notre vie. Aussi le temps de la nuit sera-t-il lui-même réparti entre le repos et la prière ; ou plutôt, le sommeil lui-même restera une méditation mêlée de piété, car bien souvent les songes sont l’écho des préoccupations de la journée : tels sont les soucis de la vie, tels sont les songes !
« Prie donc ‘sans relâche’. Il n’est pas question de pratiquer la prière avec sans cesse des paroles sur les lèvres, mais de t’unir à Dieu dans tout le cours de ton existence, de manière à faire de ta vie entière une incessante et continuelle prière [9] ».
Ce riche texte propose toute une théologie pratique de l’acte de gratitude.
- Il décrit celui qui remercie. La gratitude s’enracine d’abord dans nos cinq sens qui nous ouvrent au monde : « En regardant la beauté du ciel étoilé », « Quand tu vois ». Elle fait aussi appel à l’intelligence qui, à travers les choses visibles, contemple « le Seigneur des choses invisibles, l’Artiste qui a fait toutes choses dans sa sagesse » (ici, l’auteur renvoie aux textes décisifs que sont Rm 1,18-21 et Sg 13,1s). Elle est aussi un acte de la mémoire qui fait retour sur les dons divins (« aie souvenir »). Enfin, elle est un acte d’amour : « Quand tu t’enveloppes de ton manteau, montre encore plus d’amour envers Dieu ».
- Il décrit avec précision l’objet de la gratitude, celle-ci couvre tout ce qui arrive à l’homme pour son bien. L’homme est appelé à remercier pour tout. Certes, pour tout ce qui vient de la nature : « le soleil », « le feu », etc. Mais, de manière originale, l’auteur englobe aussi les œuvres proprement humaines, le fruit de l’activité de l’homme comme telle. L’auteur invite à rendre grâces non pas au nom de la nature qui est par exemple présente dans le pain ou la tunique (tous les biens de la nature sont destinées à l’homme), mais pour ces objets eux-mêmes dans lesquels il voit directement l’action divine : « montre encore plus d’amour envers Dieu, lui qui nous a fourni des vêtements appropriés ». Cette gratitude inclut non seulement les cadeaux par surcroît comme le vin (Dieu te « fait ce don pour la joie de ton cœur »), mais les biens de première nécessité : la nourriture, l’habit, le repos, le travail. Comment comprendre cette contemplation de l’œuvre de Dieu immédiatement présente dans les artefacts, les objets créés par l’industrie humaine ? Une indication est peut-être fournie par le fait que notre auteur voit la nature à travers les deux rythmes fondamentaux, celui du jour et de la nuit – « Remercie Celui qui t’a donné le soleil pour les travaux de la journée, ainsi que le feu pour éclairer la nuit » – et celui de l’hiver et de l’été. Or, ce rythme concerne la Providence plus que la création, la durée plus que l’origine seule. Donc, la nature est instrument de la Providence qui ne cesse de nous bénir. La gratitude se lève en nous quand nous contemplons le cours des choses et non pas seulement sa Source. Dès lors, de même que Dieu est présent dans l’épaisseur de la durée et l’harmonie des rythmes, de même est-il présent dans l’épaisseur de la médiation humaine et l’équilibre de ses activités-passivités.
- Il expose enfin la nature de la gratitude. Celle-ci est l’acte par lequel nous rendons grâce au Donateur de ses dons : « En portant le pain à la bouche, rends grâce à Celui qui te le donne […]. Quand tu revêts ta tunique, rends grâce à Celui qui te l’a donnée ». De ce fait, la reconnaissance devient un acte de prière. En effet, la prière est l’union à Dieu. En reconnaissant que Dieu est à la source de tout ce que nous sommes et de tout ce qui nous arrive, la gratitude unit à Dieu et devient donc prière. Plus encore, la gratitude est une prière qui, en devenant toujours plus continuelle (« sans relâche »), transforme celui qui remercie en homme de prière. En effet, par elle, je prends continuellement conscience que tout don vient de Dieu. « Une fois passé le besoin de t’alimenter, que le souvenir du Bienfaiteur ne passe pas pour autant ! » Ainsi, la reconnaissance permet d’être constamment unie à Dieu. « Il n’est pas question de pratiquer la prière avec sans cesse des paroles sur les lèvres, mais de t’unir à Dieu dans tout le cours de ton existence, de manière à faire de ta vie entière une incessante et continuelle prière ».
En couvrant toutes les activités humaines, la gratitude lève toute tentation de séparer les moments tournés vers les réalités séculières et ceux dédiés à Dieu, et permet donc à l’homme de transformer toute activité en prière. Mais la gratitude permet de dépasser une dualité encore beaucoup plus profonde, celle de l’activité diurne et consciente et la passivité nocturne et inconsciente (qui va justement se transformer en activité). La gratitude peut même exister en ce temps qui semble perdu pour la prière qu’est l’inconscience nocturne : « Ne laissons pas l’inconscience occuper inutilement la moitié [ou plutôt un tiers] de notre vie ». Certes, parce que nous y reconnaissons l’œuvre de Dieu qui « par le sommeil, […] nous soulage » et nous redonne « vigueur ». Mais, plus encore, parce que la conscience de la présence donatrice de Dieu enveloppe tous les gestes quotidiens : « Quand tu es à table […]. Quand tu revêts ta tunique […]. Quand tu t’enveloppes de ton manteau », etc. Or, « bien souvent les songes sont l’écho des préoccupations de la journée ». Donc, « le sommeil lui-même restera une méditation mêlée de piété ».
De même que le « Père est toujours à l’œuvre » (Jn 5,17), de même, nous allons le voir, la gratitude est appelée à devenir une attitude permanente. Et cette invitation à la prière permanente s’inscrit dans une loi vitale plus cachée, celle du « más », du « toujours plus » de saint Ignace [10] : « montre encore plus d’amour envers Dieu ». L’enveloppement continu du temps par la prière est la traduction de cette dynamique du comparatif.
Contrairement au don qui est sans retour, la gratitude est le retour par excellence. En revanche, comme le don, elle est sans retard et sans restriction, prenant en compte tous les objets et tout le sujet.
Chapitre 16 : Conseils de lecture
– « Louer et être heureux ! », dossier de Il est vivant !, 329 (janvier-février 2016), p. 8-31.
– Saint Augustin, Prier Dieu. Les psaumes, trad. Jacques Perret, Paris, Le Cerf, 1994, par exemple p. 184 s.
– S. François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, L. V, chap. 7-11.
– Jacques Guillet, « Le langage spontané de la bénédiction dans l’Ancien Testament », Recherche de sciences religieuses, 57 (1969), p. 163-204.
– Louis Monloubou, « La louange et l’histoire », Nouvelle revue théologique, 100 (1978), p. 679-705. Disponible sur internet, consulté le 15 juin 2017 : http://www.nrt.be/fr/La-louange-et-l’histoire.-Un-problème-d’exégèse,-une-question-d’actualité-article-1078
Chapitre 17 : Les quatre motifs de gratitude selon saint Ignace
Voici comment le jésuite André Marc commente le premier moment de la Contemplatio ad amorem spiritualem in nobis excitandum dont il dit qu’elle « résume tous les Exercices de saint Ignace », en quatre propositions :
« 1. Les Dons de Dieu. La munificence est le dernier mot de la création. Dieu n’a pas de buts utiles, mais désintéressés. […]
- La présence de Dieu dans ses dons. Il est présent comme l’auteur ou l’artiste dans son œuvre, où il met sa pensée, son idéal. C’est encore plus vrai de la grâce, où Dieu est lui-même le don qu’Il nous offre. […]
- Dieu agissant dans le monde. Il s’y mêle par son Verbe Incarné, par l’Esprit Saint, pour prendre la conduite de toute vie humaine […].
- Le monde tout transparent de Dieu, puisque présent de Dieu et présence de Dieu, qui est le seul et l’éternel présent[11]».
Chapitre 17 : Blessure et gratitude
Diaporama reçu et d’origine inconnue (sic !).
Chapitre 17 : Conseils de lecture
Outre les références données dans le chap. 3 :
– Adam Grant, Donnant donnant. Quand générosité et entreprise font bon ménage, trad. Danielle Charron, coll. « Village mondial », Montreuil, Pearson, 2013, chap. 2-4.
– Pascal Ide, Le burnout. Une maladie du don, Paris, L’Emmanuel et Quasar, 2015, chap. 4.
– Mary Jane Ryan, Attitudes of gratitude. How to give and receivejoyeveryday of your life, Berkeley (California), ConariPress, 1999.
Chapitre 18 : Conseils de lecture
– Sainte Élisabeth de la Trinité, Le Ciel dans la foi, dans Œuvres complètes, éd. Conrad de Meester, Paris, Le Cerf, 1991.
– Pascal Ide, « Le corps et l’âme humains sont-ils unis par amour ? », Pedro Barrajón (éd.), La teologia del corpo di Giovanni Paolo II. Atti del Convegno internazionale, 9-11 novembre 2011, Roma, Ateneo Pontificio Regina Apostolorum, 2012, p. 143-184. Disponible sur le site « pascalide.com »
Pascal Ide
[1] Pour ne pas alourdir le texte, je n’indiquerai pas les références ni le texte latin, qui se trouveront tous deux sur : « La gratitude selon saint Bernard de Clairvaux ».
[2] Bernard de Clairvaux, De misericordiis, dans Sermons variés, intr. et notes Françoise Callerot, trad. Pierre-Yves Emery et Gaetano Raciti, coll. « Sources chrétiennes » n° 526, Paris, Le Cerf, 2010, p. 220-229.
[3] Bernard de Clairvaux, Sermon 27, dans Sermons divers 23-69, trad. Françoise Callerot, Pierre-Yves Emery, coll. « Sources chrétiennes » n° 518, Paris, Le Cerf, 2007, p. 80 s. Cf. aussi Id., Sermon 11,7, Sermons sur le Cantique 1-15, trad. Paul Verdeyen et R. Fassetta, coll. « Sources chrétiennes » n° 414, Paris, Le Cerf, 1996, p. 250, l. 10.
[4] La traduction latine de la Vulgate souligne la symétrie de la réponse et du don en répétant le verbe « retribuere ».
[5] La note remarque que « Bernard revient quelque vingt fois à ce verset » (note 1, p. 224).
[6] Et la note fait justement référence à Thérèse de Lisieux, Histoire d’une âme, Paris, 1985, p. 99.
[7]Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen gentium sur l’Église, 21 novembre 1964, n. 11, § 1. Benoît XVI, Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, sur l’Eucharistie comme source et sommet de la vie et de la mission de l’Église, 22 février 2007.
[8]Cardinal Joseph Ratzinger, « Eucharistie, communion et solidarité », Lectio magistralis du premier Congrès eucharistique de Bénévent, en Italie (25 mai-2 juin), le 2 juin 2002, texte dans L’Osservatore Romano, Éd. française, n° 29, 16 juillet 2002, p. 8 et 9 et n° 30, 23 juillet 2002, p. 9 et 10. Le texte de ladite conclusion se trouve à la page 10.
Spontanément, nous songeons à la transsubstantiation. Mais le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi n’en compte pas moins de quatre autres : deux au-delà de et deux en-deçà.
- Par la Croix, le Christ transforme l’acte de violence des hommes en un acte de donation en faveur des hommes. « L’acte de tuer […] est transformé en amour […]. Telle est la transformation fondamentale, sur laquelle se fonde tout le reste. C’est la véritable transformation dont le monde a besoin et qui seule peut racheter le monde ».
- Par la résurrection du Christ, le corps mortel se transforme en corps ressuscité, en corps vivant éternellement ; plus généralement, la mort est changée en vie.
- Au cœur de cette dynamique se produit la conversion du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ. Ce que l’on appelle la transsubstantiation ou passage d’une substance à l’autre. Désormais arrimée aux deux changements précédents et ouvrant aux deux suivants, elle devient possible et compréhensible.
- La conversion des saintes espèces dans le Corps et le Sang du Christ ne trouve pas sa fin en elle-même, mais est orientée vers un autre changement : « L’objectif de l’Eucharistie est la transformation de ceux qui la reçoivent dans l’authentique communion avec sa transformation ».
- Enfin, cette quatrième transformation est appelée à se prolonger en une dernière, plus large : « à travers nous, les transformés, devenus un seul corps, un seul esprit qui donne la vie, toute la création doit être transformée ». Autrement dit, l’Église s’élargit au monde, à toute la création
[9]De l’homélie sur la martyre Julitte, PG 31, 244 b-d. Traduction Jean-Marie Baguenard que je remercie vivement de m’avoir transmis ce texte. Qui est l’auteur et quel est le contexte ?
[10] « Le comparatif (‘más’, ‘mejor’, etc.) est, comme le crescendo ouvert vers le haut, le rythme de vie et de pensée du fondateur de la Compagnie de Jésus qui, répugnant à tout positif et superlatif statique, voit dans l’inclôturabilité [Unabschliessbarkeit] du plus, le trait distinctif de la réalité divine (Deus semper major), en même temps que celle de la réalité créaturelle vis-à-vis de Dieu (ad majorem Dei gloriam) » (Hans-Urs von Balthasar, Postface de Ignatius von Loyola, Die Exerzitien, Luzern, Josef Stocker, 1946, coll. « Christliche Meister », Einsiedeln et Freiburg-im-Brisgau, Johannes, 111993, p. 105)
[11] André Marc, Raison et conversion chrétienne, coll. « Museum Lessianum. Section philosophique » n° 48, Paris, DDB, 1960, p. 299 et 300. Souligné dans le texte.