Cette filmographie est la première annexe (non publiée) de l’ouvrage paru le 25 octobre 2016 : Manipulateurs. Les personnalités narcissiques : décrire, comprendre, agir, Paris, L’Emmanuel, 2016. Nous y renvoyons pour le détail du profil psychologique de la personnalité narcissique (désormais abrégé PN), de ses mécanismes et des conduites à tenir vis-à-vis d’elle.
Après une présentation générale sur les films (1), je proposerai une liste d’une trentaine de films de cinéma (2), quelques séries télévisées (3) et l’analyse détaillée de quelques scènes extraites de films et d’une série (4).
1) Présentation générale
Nombreux sont les films qui mettent en scène une personnalité narcissique, parfois, de grand format, fictive ou réelle [1].
Certains genres sont de grands pourvoyeurs de ces personnalités sulfureuses et fascinantes. Tel est le cas des films de guerre. Par exemple, Apocalypse Now donne à voir un inquiétant échantillon comme le lieutenant-colonel Bill Kilgore (Robert Duvall) qui fait poser ses hélicoptères près d’une plage alors que celle-ci est proche du feu ennemi pour affirmer sa volonté de chef, ou le colonel Walter E. Kurtz (Marlon Brando) qui règne comme un dictateur sur une tribu de montagnards rebelles.
De même que certains acteurs sont particulièrement disposés pour jouer le rôle de sociopathes, comme Jack Nicholson, Anthony Hopkins ou Tim Robbins, de même certains cinéastes semblent présenter un tropisme particulier pour ces figures troubles, effrayantes, mais souvent attirantes. Alfred Hitchcock, le plus psychologue des grands cinéastes d’action, a mont(r)é une galerie de manipulateurs destructeurs, par exemple, dans Soupçons, L’ombre d’un doute, Rébecca, La corde, L’inconnu du Nord-Express [2]. De fait, ses héros allient souvent la séduction à l’insensibilité. Cette passion s’explique-t-elle seulement par le passé traumatique de celui qui, à cinq ans, dut aller au poste de police muni d’une lettre de son père, fut arrêté par le policier pendant dix minutes, avant d’être relâché et depuis nourrit à la fois la phobie de la police et l’obsession de l’injuste accusation des innocents [3] ? À moins que, ainsi que le révèle un film biographique récent, le réalisateur et scénariste britannique ne présente lui-même d’authentiques traits narcissiques [4] ? L’on met d’autant plus volontiers en scène un tel personnage qu’on souhaite l’exorciser de soi…
Le plus fréquemment, la personnalité narcissique et perverse est un homme ; parfois, elle adopte les traits d’une femme. Si elle est séduisante, elle est alors glaciale – telle Marion Vergano (Catherine Deneuve) dans La Sirène du Mississipi ou Peyton Flanders (Rebecca De Mornay) dans La Main sur le berceau. Elle peut aussi adopter une posture plus fragile ou plus douce – telle l’héroïne d’Ève qui, au début, paraît plus menacée par la rivalité mimétique, mais se révèle tardivement, sous ces dehors mielleux, comme une femme profondément dangereuse. Il arrive plus rarement que le film montre un couple manipulateur : ainsi dans Les liaisons dangereuses [5] – davantage que dans le roman où Valmont apparaît comme la victime de la comtesse qui, afin de ne pas se compromettre, le délègue afin d’exécuter ses basses œuvres.
Si les profils narcissiques sont souvent plus proches du quotidien (et se présentent comme des séducteurs), quelques-uns sont notoirement pathologiques et même gravement pervers : Alain Revent (Helmut Berger), le beau monstre du film éponyme, Percy Wetmore, le gardien aussi lâche que cruel de la ligne verte, surnom du bloc où sont détenus les condamnés à la chaise électrique, Hannibal le cannibale de la tétralogie dont le plus célèbre film (et de loin le meilleur, cinq fois oscarisé) est Le silence des agneaux [6], le serial killer John Doe (Kevin Spacey) dans Seven [7], ou le criminel à la cruauté mythique, Keyser Söze, lui aussi joué par Kevin Spacey dans le film sorti la même année et multi-oscarisé Usual Suspects [8].
Certains films proposent des tableaux cliniques presque complets. Dans le film important de Robert Altman The player, le producteur Griffin Mill (Tim Robbins) présente de nombreux traits narcissiques : dévoré d’ambition, totalement centré sur lui et son avancement, indifférent à la souffrance de son entourage et, pire encore, à celle qu’il provoque, s’estimant au-dessus de la loi, etc. Il va jusqu’à séduire sans nulle culpabilité la femme d’un homme qu’il a tué accidentellement.
Si les Américains me paraissent être, encore aujourd’hui, les tout premiers pourvoyeurs de films sur ce sujet, c’est qu’ils n’ont jamais craint de faire appel aux sciences humaines et de dénoncer les excès même au plus haut niveau, n’ont pas hésité à montrer ces personnalités, chez les militaires (cf., par exemple, Les Sentiers de la gloire ou Apocalypse Now), les hommes politiques (cf., par exemple, Les pleins pouvoirs ou Des hommes d’influence), les chefs d’entreprise (cf., par exemple, Antitrust ou Le diable s’habille en Prada), surtout s’ils sont richissimes (cf., par exemple, Vertical Limit), etc. Voire, les réalisateurs n’hésitent pas à mettre en scène leur propre profession (cf., par exemple, The player). Sans oublier ceux que, légion, nous croisons dans la vie quotidienne, du faux-ami au locataire (JF partagerait appartement ou Fenêtre sur Pacifique). Mais les Français ont mis en scène quelques figures de narcissiques, réels (cf., par exemple, Cloclo) ou fictifs (cf., par exemple, Harry, un ami qui vous veut du bien).
Un dernier constat, qui demanderait à être affiné. Paradoxalement, alors que notre époque est plus portée au narcissisme, il me semble que les PN font recette jusque dans les années 90, mais qu’ils sont aujourd’hui moins portés à l’écran. Peut-être parce que nous sommes moins séduits par la toute-puissance et plus sensibles à la souffrance des victimes, notamment à la suite des scandales dus aux abus sexuels.
J’ajoute que le cinéma invite aussi à un discernement. Ainsi, Anakin Skywalker / Dark Vador, le héros de la double trilogie de Lukas, Star Wars [9], l’un des personnages les plus noirs de l’histoire du cinéma, dont le récit s’étend en plus sur pas moins de six films, paraît présenter bien des traits de la personnalité narcissique : sens très aigu de sa valeur, et cela très précocément (dans La menace fantôme) ; désobéissance systématique et rivalité vis-à-vis de son formateur, Obi-Wan Kenobi ; goût du pouvoir ; instrumentalisation de l’autre, y compris de son épouse, Padmé Amidala ; transgressions multiples allant jusqu’à l’assassinat des innocents enfants apprentis Jedis sur Coruscant ; accusation victimaire (typique est le dialogue initial avant l’affrontement final sur Mustafar dans La revanche des Siths) ; etc. Pourtant, d’autres éléments, plus décisifs, invite à conclure à la négative : avant tout, le retournement final et le regret amer dans le Retour du Jedi ; l’obéissance à l’Empereur ; l’absence de lignage traumatique, puisque, bien qu’orphelin de père, il est élevé sur Tatooin par une mère aimante, Shmi ; et le passionnant cheminement décrit dans le troisième épisode de la prélogie (c’est à partir de multiples décisions, qui sont autant de bifurcations, qu’Anakim choisit d’être emporté par le côté obscur de la Force).
2) Quelques exemples
Voici une liste qui, bien entendu, ne peut qu’être très limitative, de films triés par ordre chronologique, dont un bon nombre a déjà été cité.
Film (titre français) | Réalisateur | Natonalité | Année | Acteurs principaux | Genre | Résumé de l’histoire |
Rebecca | Alfred Hitchcock | Américaine | 1940 | Laurence Olivier, Joan Fontaine, Dame Judith Anderson | Drame, thriller | Le richissime et veuf Maxim de Winter épouse une jeune et timide domestique qu’il emmène vivre dans son lugubre manoir de Manderley. Elle est confrontée à une gouvernante, vouant une admiration sans borne à Rebecca, l’ex-femme mystérieusement décédée un an plus tôt, qui s’avère être une redoutable PN… |
Soupçons | Alfred Hitchcock | Américaine | 1942 | Cary Grant, Joan Fontaine | Drame | Parce que Johnnie lui ment trop souvent, Lina, sa jeune épouse, se met à le soupçonner d’être un assassin et s’imagine qu’il veut la tuer… |
L’ombre d’un doute | Alfred Hitchcock | Américaine | 1943 | Joseph Cotten, Teresa Wright, MacDonald Carey | Drame | Oncle Charlie et sa nièce sont très attachés l’un à l’autre, sauf qu’il n’apprécie vraiment pas qu’elle puisse le soupçonner d’être un assassin… |
La corde | Alfred Hitchcock | Américaine | 1948 | James Stewart, John Dall, Farley Granger | Drame, thriller | Deux étudiants en suppriment un troisième, pour la seule « beauté » du geste et cela, juste avant une soirée où ils reçoivent les parents de la victime et leur ancien professeur… |
Ève | Joseph L. Mankiewicz | Américain | 1950 | Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders, Celeste Holm | Drame | Ève Harrington reçoit, des mains d’un vieil acteur, le Prix Sarah Siddons. L’entourage de celle-ci se souvient de l’ascension de cette femme peu ordinaire, apparemment douce… |
L’inconnu du Nord-Express | Alfred Hitchcock | Américaine | 1951 | Farley Granger, Ruth Roman, Robert Walker | Drame, thriller | Un champion de tennis est abordé dans un train par un inconnu qui lui propose un étrange marché : il supprime sa femme encombrante si celui-ci se charge d’éliminer son propre père. Peu de temps après, sa femme est assassinée… |
Les sentiers de la gloire | Stanley Kubrick | Américain | 1958 | Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou | Guerre | En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée « La fourmilière ». Au moment de l’attaque, les soldats tombent par dizaines et leurs compagnons, épuisés, refusent d’avancer… |
The servant | Joseph Losey | Britannique | 1963 | Dirk Bogarde, Sarah Miles | Drame | Tony, un aristocrate jeune et brillant, engage Hugo Barrett comme domestique. Ce dernier se révèle être un valet modèle, travailleur et intelligent. Mais Susan, la fiancée de Tony, trouve, au contraire, le comportement de Barrett malsain… |
La sirène du Mississipi | François Truffaut | Français | 1969 | Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve | Drame, romance | Répondant à l’annonce d’une agence matrimoniale, une femme superbe usurpe la place d’une autre. Mais le demandeur tombe follement amoureux de l’usurpatrice… |
Le beau monstre | Sergio Gobbi | Français | 1971 | Helmut Berger, Virna Lisi, Charles Aznavour | Drame | Un homme séduisant et raffiné, détruit psychiquement sa première épouse qui, acculée au désespoir, se défenestre. Avec l’aide perverse d’un ami homosexuel de rencontre, il s’ingénie à torturer mentalement sa seconde femme. Un policier qui soupçonne la vérité parviendra-t-il à arracher la malheureuse aux griffes du « beau monstre » ? |
Apocalypse Now | Francis Ford Coppola | Américain | 1979 | Martin Sheen, Robert Duvall, Marlon Brando | Guerre | Le capitaine Willard est envoyé pour une mission secrète : éliminer le colonel Kurtz, un militaire aux méthodes expéditives, qui sévit au-delà de la frontière cambodgienne. Longue sera la route et traumatique son terme… |
JF partagerait appartement | Barbet Schroeder | Américain | 1982 | Bridget Fonda, Jennifer Jason Leigh, Steven Weber | Drame | Après une rupture avec son petit ami, Allison Jones décide de partager son appartement avec une jeune fille modeste et réservée, Hedra Carlson. Au fur et à mesure de leur cohabitation, Hedra se permet de lui emprunter ses vêtements, son petit ami, voire sa vie… |
Liaison fatale | Adrian Lyne | Américain | 1987 | Michael Douglas, Glenn Close, Anne Archer | Drame, thriller | Un avocat new-yorkais, heureux mari et père de famille, a une aventure passionnelle avec une jeune éditrice célibataire. S’en suivront chez tous les protagonistes une avalanche de drames passionnels… |
Les liaisons dangereuses | Stephen Frears | Américain et britannique | 1989 | Glenn Close, John Malkovich, Michelle Pfeiffer | Drame | La marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont signent un pacte. Au nom de celui-ci, la marquise demande à Valmont de séduire la candide Cécile de Volanges qui doit prochainement épouser son ex-favori, M. de Bastide. Mais Valmont entreprend de séduire la vertueuse Mme de Tourvel… |
Fenêtre sur Pacifique | John Schlesinger | Américain | 1990 | Melanie Griffith, Matthew Modine, Michael Keaton | Drame, biopic | Patty et Drake achètent la maison de leurs rêves à San Francisco. Pour les aider financièrement, ils louent une chambre à Carter Hayes, un locataire apparemment idéal. Pourtant dès son emménagement, les choses tournent mal… |
La main sur le berceau | Curtis Hanson | Américain | 1992 | Rebecca De Mornay, Annabella Sciorra | Drame | Apres le suicide de son mari, gynécologue pervers, sa femme s’introduit dans la famille qu’elle rend responsable de ce drame. Elle se rend vite indispensable tout en tissant la toile de sa vengeance… |
The player | Robert Altman | Américaine | 1992 | Tim Robbins, Greta Scacchi, Fred Ward | Drame, policier, comédie | Griffin Mill est responsable de production dans une Major d’Hollywood. Arrogant et cynique, il va en une journée se disculper d’un meurtre qu’il a commis, se débarrasser d’un collègue dangereux pour sa carrière et séduire la femme de sa victime… |
Harcèlement | Barry Levinson | Américain | 1994 | Donal Logue, Michael Douglas, Demi Moore | Drame, thriller | Cadre s’attendant à une promotion importante, Tom Sanders est surpris qu’on lui préfère Meredith Johnson, son ex-maîtresse ambitieuse. Sanders repousse les avances trop cavalières de sa nouvelle patronne. Pour se venger, elle l’accuse de harcèlement sexuel… |
Seven | David Fincher | Américain | 1995 | Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow | Policier | À sept jours de sa retraite, un vieil inspecteur blasé, tombe sur un serial killer, John Doe, qui a décidé de sauver la société en commettant sept meurtres symboliquement inspirés par les péchés capitaux. Jusqu’au jour où il se rend compte qu’il est lui-même impliqué… |
Les pleins pouvoirs | Clint Eastwood | Américain | 1996 | Clint Eastwood, Gene Hackmann, Ed Harris | Thriller | En cambriolant une luxueuse demeure appartenant à Walter Sullivan, Luther Whitney assiste par hasard aux ébats amoureux de la femme de Walter, et d’un homme qui se révèle être le président des États-Unis. Christy se défend contre son amant sadique, mais est abattue par les agents de la sécurité rapprochée du président… |
Des hommes d’influence | Barry Levinson | Américain | 1997 | Robert De Niro, Dustin Hoffman, Anne Heche | Comédie | Deux semaines avant les élections présidentielles américaines, un candidat est éclaboussé par un scandale sexuel. Pour détourner l’attention des électeurs, ses conseillers décident d’inventer une guerre en Albanie. Qui a dit manipulation ? |
La ligne verte | Frank Darabont | Américain | 1999 | Tom Hanks, Michael Clarke Duncan | Drame fantastique | Paul Edgecombe est gardien-chef dans le bloc des condamnés à la chaise électrique. Atteint du syndrome de Lima (l’inverse du syndrome de Stockholm), Paul tient à ce que les prisonniers jouissent d’un environnement humain, jusqu’à ce qu’arrive un nouveau gardien sous ses ordres, Percy Wetmore, qui s’avère être d’une cruauté perverse envers les détenus… |
Antitrust | Peter Howitt | Américain | 2000 | Ryan Phillippe, Tim Robbins, Claire Forlani | Thriller | Génie informatique, Milo Hoffmann reçoit une offre alléchante d’une prestigieuse compagnie de Silicon Valley dirigée par son mentor, Gary Winston. Mais il se rend peu à peu compte que celui-ci est prêt à tout pour parvenir à ses fins… |
Harry, un ami qui vous veut du bien | Dominik Moll | Français | 2000 | Sergi López, Laurent Lucas, Mathilde Seigner | Thriller | Les vacances de Claire et Michel s’annoncent difficiles entre leurs trois enfants, irrités par l’infernale canicule et leur maison de vacances en chantier. C’est alors qu’Harry débarque, prêt à rendre tous les services, y compris ceux qu’on ne lui demande pas… |
Vertical Limit | Martin Campbell | Américain | 2000 | Chris O’Donnell, Scott Glenn, Bill Paxton | Thriller | Passionné d’escalade, le milliardaire Elliot Vaughn organise une expédition sur le K2, l’un des plus hauts et des plus difficiles sommets du monde. Il s’avère vite que cette personnalité bouffie d’elle-même n’hésite pas, si elle le peut, à sacrifier autrui, surtout si le météo l’oblige à choisir avec lui-même… |
Arrête-moi si tu peux | Steven Spielberg | Américain | 2002 | Leonardo DiCaprio, Tom Hanks | Biopic | Frank Abagnale est un usurpateur d’identités qui détourne des millions de dollars à son profit, au point de devenir l’un des dix individus les plus recherchés des Etats-Unis. Un agent du FBI fait de la traque de Frank sa mission prioritaire. Mais l’attrapera-t-il ? |
La chute | Oliver Hirschbiegel | Allemand | 2004 | Bruno Ganz, Juliane Köhler | Biopic | En racontant les derniers jours de la vie de Hitler dans son bunker, ce film fait le tableau du narcissique et du pervers peut-être le plus terrifiant de l’histoire de l’humanité |
Le diable s’habille en Prada | David Frankel | Américain | 2005 | Meryl Streep, Anne Hathaway, Emily Blunt | Drame | Fraîchement diplômée, Andrea débarque à New York et décroche le job de ses rêves : devenir l’assistante de Miranda, une charismatique rédactrice en chef d’un prestigieux magazine de mode. Mais charismatique rime avec tyrannique… |
Cloclo | Florent Emilio Siri | Français | 2012 | Jérémie Renier, Benoît Magimel | Biopic | Icône de la chanson française au destin tragique, Claude François, surnommé « Cloclo » (1939-1978) est aussi doué pour la musique et l’organisation qu’autocentré, bref, narcissique… |
3) Séries télévisées
Aujourd’hui, les séries télévisées, là encore surtout américaines, sont aussi de grandes pourvoyeuses de PN. Je ne parle pas de personnages secondaires, mais d’un des héros, sinon même du héros, voire des héros de la série (le couple de). En effet, le secret de la longue durée d’une série tient avant tout, certes au scénario, mais plus encore à la richesse de ses personnages. Or, rien de plus complexe qu’une personnalité narcissique qui cache son jeu… Tous les degrés sont montrés – du narcissisme le plus anodin au plus gravement pathologique et destructeur –, tous les milieux sont visés – dans les exemples cités ci-dessus, respectivement : policier, médical, politique, juridique.
Pour ne donner qu’un exemple, la version américaine de House of Cards non seulement met en scène sans vergogne la présence de personnalités narcissiques au plus haut échelon du pouvoir politique, mais en fait ses héros, en l’occurrence le couple formé par le sénateur Frank Underwood et sa femme Claire, admirablement campés par Kevin Spacey et Robin Wright.
Là encore, la liste n’est que vaguement indicative. On ne sera pas étonné de retrouver des noms d’acteur déjà égrénés…
Film (titre français) | Réalisateur | Natonalité | Année | Acteurs principaux | Genre | Résumé de l’histoire |
Dexter | James Manos Jr. | Américain | 8 saisons (2006-2013) | Michael C. Hall et Jennifer Carpenter | Thriller horrifique | Expert en médecine légale auprès de la police le jour, Dexter Morgan est tueur en série la nuit, s’attaquant aux criminels qui échappent au système judiciaire… |
Docteur House | David Shore | Américain | 8 saisons (2004-2012) | Hugh Laurie, Robert Sean Leonard | Drame médical | Brillant interniste qui dirige une équipe au sein de l’hôpital fictif de Princeton-Plainsboro dans le New Jersey et se trouve régulièrement confronté à des énigmes médicales, le docteur Gregory House est aussi un misanthrope arrogant, cynique et anticonformiste. D’un mot, c’est une PN… |
House of Cards | Beau Willimon | Américain | 4 saisons (2013-2016) | Kevin Spacey et Robin Wright | Drame politique | Frank Underwood, élu démocrate à la Chambre des représentants et whip de la majorité, franchit tous les degrés qui le conduisent jusqu’à sa grande ambition, devenir président des Etats-Unis. Expert en manipulation en tous genres, dénué de tout sens moral, il va jusqu’à assassiner pour atteindre ses fins, aidé par sa femme et complice, Claire… |
Damages | Todd A. Kessler, Glenn Kessler, Daniel Zelman | Américain | 4 saisons (2007-2012) | Glenn Close et Rose Byrne | Drame juridique | Ellen Parsons est une jeune et brillante avocate new-yorkaise qui, dès la sortie de l’école, est embauchée dans le plus célèbre cabinet de la « Pomme », celui de Patty Hewes, une avocate qui gagne toutes les affaires qu’elle défend. La collaboration va être fructueuse, mais ô combien dramatique, car toutes deux sont aussi ambitieuses que manipulatrices et sans scrupule. |
4) Analyses de scènes
S’il est instructif d’analyser des films ou des séries en entier, il l’est aussi de passer au crible une ou plusieurs scènes de manipulation. En voici deux, tirés de films d’action américains grand public, et une troisième, tirée d’une série télévisée.
Confidence
Confidence, thriller américain de James Foley, 2003.
La scène se déroule de 41 mn. 12 sec. à 44 mn. 58 sec.
Histoire
Peu importe ici le détail de l’intrigue. Le film est une histoire bien ficelée, mais assez classique, d’arnaque où les protagonistes, et plus encore les spectateurs, sont victimes d’un jeu de dupes, d’ailleurs beaucoup plus réjouissant pour les seconds que pour les premiers.
Dans la brève scène que nous allons étudier, le héros, Jake Vig (Edward Burns), teste sa collaboratrice, Lily (Rachel Weisz). Pour cela, il va arnaquer un pigeon – anonyme – dans une bijouterie. En la visionnant, observez non seulement l’astucieuse technique de manipulation, mais aussi et d’abord les attitudes des trois personnages impliqués, tout en vous interrogeant : que nous est-il révélé de la psychologie du manipulateur ? ; qu’est-ce qui, chez lui, favorise la manipulation du manipulé ? ; le complice du manipulateur, c’est-à-dire la jeune femme, est-elle seulement manipulatrice ?
Le manipulateur
Avec une remarquable maîtrise, le héros met en œuvre différentes tactiques de manipulation afin de pousser le pigeon à payer la somme rondelette qui permet d’acheter une boucle d’oreilles avec des diamants : il offre des signes de crédibilité et de fiabilité, le fait entrer dans la confidence, affiche une vulnérabilité touchante, ne force jamais la liberté de l’autre, etc. Au-delà de la prouesse psychologique et technique, considérons seulement les symptômes typiques de la PN qui sont aussi ceux d’un égoïste hors norme :
- Le premier est l’image survalorisée de soi. C’est ce qu’atteste son assurance, mais peut-être, plus encore, l’image finale : après avoir doublement volé et le client de la bijouterie et le baiser de Lily, on pourrait s’attendre à ce que son visage s’éclaire d’un sourire de contentement ; en fait, le regard de haut en bas signale un complexe de supériorité, voire un léger mépris. De manière plus générale, un arnaqueur n’est pas seulement une personne qui vole l’autre avec, si l’on peut dire, élégance, c’est aussi et d’abord un ego bouffi qui, ce faisant, nourrit son auto-conviction d’être supérieur aux autres. Jake avoue d’ailleurs un moment qu’il n’a jamais cessé de mentir et de détrousser l’autre.
- Le second est l’insensibilité à la souffrance d’autrui. Jake se moque éperdument d’avoir plumé ce bourgeois, mais aussi du malaise que Lily ressent d’avoir été obligée, sans être prévenue, de singer un baiser amoureux.
L’escroc adopte les entours sympathiques d’un séduisant gentleman. Le manipulateur appartient donc au genre des séducteurs. La violence psychologique peut paradoxalement s’accompagner d’une gentillesse extérieure confondante et fondante.
Le manipulé
Cette scène nous révèle aussi quelque chose de la manipulation et, au-delà, de l’égoïsme.
La manipulation est une relation : il n’y a pas de manipulateur sans manipulé et, osons-le dire, de personne qui, d’une manière ou d’une autre, se laisse manipuler, sinon volontairement, du moins se prête, psychologiquement, par ses fragilités, à ce jeu pervers.
Sur au moins deux points, l’escroqué a prêté le flanc. Tout d’abord, il ment en affirmant reconnaître Jake. Une gêne, presque insignifiante, dans sa réponse montre le décalage entre ce qu’il dit et ce qu’il croit [10]. Certes, le futur pigeon ne voulait pas déplaire à Jack et installer une distance. Mais il aurait pu expliquer à Jake en souriant qu’il ne se souvenait pas – ce qu’a fait la vendeuse, aimablement mais fermement. Ensuite, il a anticipé la demande de l’arnaqueur qui, très finement, ne lui adresse jamais de requête [11] – là encore, la comparaison avec la vendeuse éclaire : suaviter et fortiter (« de manière douce et forte »), elle décline l’offre de Jack. Mais celui qui anticipe le besoin de l’autre porte un nom bien connu dans les jeux psychologiques : c’est un Sauveteur [12] ; avant d’enferrer l’autre dans les rets de sa serviabilité dévorante, il s’aliène lui-même à sa compulsion serviable. Il n’est donc dupé que parce qu’il se laisse duper par ses propres impostures psychologiques. Lorsqu’il se rendra compte qu’il s’est fait piéger, le pigeon devra reconnaître qu’il s’est lui-même fait engluer : il s’en suivra une culpabilité démesurée autant qu’amère.
Jake a sans doute repéré ce pigeon anonyme à son allure : sa tendance débonnaire se lit sur son visage et dans sa gestuelle. Mais nos propensions n’annulent toutefois pas notre liberté.
Enfin, cette scène invite à déconstruire la générosité de la personne dupée : quelle image de lui-même nourrit-elle en s’enthousiasmant du prétendu bonheur du couple arnaqueur ? Dans son sourire extatique, son mouvement attendri de la tête, ne se paie-t-il pas lui-même et donc ne récupère-t-il pas de la main gauche la mise qu’il a avancée de la main droite ? Une telle suspicion ne reflue pas sur tout acte de bonté, mais sur celui du Sauveteur qui ne joue au Saint-Bernard que pour nourrir son image déficitaire de lui. Le don, si généreux soit-il dans son contenu, ne l’était pas en son intention.
La complice, manipulatrice, mais aussi manipulée
Jake n’a réussi son arnaque qu’avec la complicité de Lily. Toutefois, celle-ci ne s’est-elle pas aussi fait manipuler ? C’est ce dont témoignent autant son attitude (surprise, regard gêné, dégagement des bras de Jake dès qu’elle le peut) que ses mots (« Je dois aller chez le coiffeur ») qui sonnent comme un prétexte (on l’imagine mal prendre un rendez-vous au timing aussi serré). On devine alors que, loin d’être anticipé par Jake, le baiser fut extorqué ; or, la règle d’or de l’arnaque est que chaque acteur connaisse et joue parfaitement sa partition ; Jake a donc dérogé, pour profiter de la situation.
Mais, à l’instar du pigeon principal, Lily n’est manipulée que parce qu’elle est manipulable : plus encore qu’une paire de boucle d’oreilles, elle gagne son entrée dans le gang. Nous l’avons vu : celui qui est en dette est éminemment manœuvrable. Le bénéfice secondaire qu’elle en tire lui fait accepter l’inacceptable : ne pas être respectée. Voilà pourquoi, victime consentante, elle ne réagit pas a posteriori, par exemple en repoussant Jack. Sa passivité trahit sa complicité.
Conclusion
Reconnaissons-le, la vision de cette brève scène laisse chez le spectateur un malaise réel et même durable. Il tient d’abord à la manipulation même qui laisse derrière elle un sillage nauséabond, fait de culpabilité, de clivages multiples, innommés, de frustrations parfois destructrices. Les pires violences ne sont pas toujours sanglantes. Il peut aussi être dû à une crainte : qui est à l’abri de la manipulation ? Le récit le montre en creux : plus le sujet est unifié, dégagé de ses scénarios, libre, moins il est dupable. Enfin, il tient à une question à laquelle ne peut répondre à notre place : comment être assuré de la pureté d’un acte généreux ?
Point Break
Point Break. Extrême limite, Thriller américain de Kathryn Bigelow, 1991.
La scène se déroule de 0 h. 16 mn. 45 sec. à 0 h. 20 mn. 00 sec.
Histoire
Le héros, un jeune agent du FBI, Johnny Utah (Keanu Reeves), veut infiltrer un milieu de surfers californiens pour démasquer un gang de braqueurs de banques. Pour cela, il repère une jeune femme appartenant à ce groupe, Tyler (Lori Petty), et apprend grâce au fichier de la police qu’elle a récemment et brutalement perdu ses parents d’un accident de voiture.
Fort de cette information, Johnny aborde la jeune fille et lui demande de prendre des leçons de surf. Il se fait abruptement rembarré. Il joue alors son va-tout. La voix tendue par l’émotion, il explique : « Je vais vous expliquer pourquoi je tiens tant à apprendre le surf. J’ai récemment perdu mes parents et je leur ai toujours promis que je ferai du surf. Je ne peux pas trahir ma promesse, ce serait trahir leur mémoire ». Au fur et à mesure où il parle, les yeux de la jeune fille auparavant durs et indifférents, deviennent fixes, s’embuent. « Entendu ». Puis, elle se ressaisit : « Juste le temps de vous apprendre. C’est tout ». Mais il est trop tard : le poisson est ferré…
Le manipulateur
Johnny manipule Tyler avec art. En effet, à son histoire (langage verbal) se joint des mimiques (langage non-verbal) qui la rendent crédible.
Remarquons que, même si l’intention de Johnny est droite, son action est moralement condamnable. Doublement. D’abord, parce qu’il ment. Ensuite, parce qu’il instrumentalise une personne ; or, nous devons toujours traiter l’autre comme nous souhaitons nous-même être traités, c’est-à-dire comme une fin et non comme un moyen [13]. Justifier des moyens désordonnés à partir d’une fin qui est bonne porte un nom : le machiavélisme [14].
D’ailleurs, il est bien rare qu’ici la justice immanente ne fonctionne pas : d’abord, lorsque Tyler découvrira qu’il lui a menti, la révolte sera d’autant plus violente qu’il l’a manipulée et a trahi sa confiance. Johnny paiera donc pour sa double faute. Ensuite, parce que celui-ci est lui-même déjà rongé par la culpabilité d’avoir ainsi joué d’un cœur.
Le manipulé
En rester là est insuffisant. Si Tyler est manipulée, c’est aussi parce qu’elle est manipulable. Sa décision n’est pas libre. De plus, elle ne s’est pas déterminée en fonction d’un bien évalué objectivement, mais par sa propre histoire non résolue. Quatre signes l’attestent.
D’abord, la tristesse qui se lit sur son visage se figeant soudain lorsque John parle de la mort accidentelle supposée de son père, montre qu’elle n’a pas digéré sa propre souffrance. Ensuite, elle gère son deuil en surcompensant par une attitude protectrice. C’est la mère qui répond en Tyler, non la femme. Ici, le mécanisme est autant le Sauveteur que la projection (elle se projette dans la souffrance mimée par Johnny). En outre, Tyler est ambivalente. D’un côté, elle dit ne pas le materner (« Juste le temps de vous apprendre »). De l’autre, elle le fait. D’ailleurs, un signe très net de son clivage intérieur, de ce qu’elle n’est pas en accord profond avec sa décision d’aider Johnny, est qu’alors, elle gonfle la joue, soupire, lève les yeux au ciel. Enfin, la jeune femme a mis en place un dernier mécanisme de défense. Blindée, elle survit en mettant le masque de la virago, l’homme manqué, la femme coupé de sa féminité. En effet, elle refuse le contact, met à distance, s’impatiente, ne donne de prime abord ni écoute ni compassion – autant de valeurs où, même le féminisme, à travers le care, reconnaît une spécificité du féminin [15].
Ainsi, à l’instar de l’aide apportée par le pigeon de Confidence, celle que Tyler offre à Johnny, même si elle paraît gratuite, donc bonne, ne l’est pas formellement, car sa décision n’est pas libre ; plus encore, elle est narcissique : en sauvant Johnny, elle se sauve elle-même.
Conclusion
Le mal dicte le remède. Tyler n’a pas accueilli sa vulnérabilité parce qu’elle se dissimule une sensibilité à vif, non intégrée. Ne pas s’ouvrir pour ne pas souffrir. Si la jeune femme s’était écoutée, elle aurait pris conscience de son clivage, de son incohérence, et elle aurait refusé. Le déni de ce que la blessure (donc de la souffrance que l’on ressent) rend paradoxalement vulnérable. Là encore, plus on est guéri, unifié, pacifié, moins on est manipulable.
House of cards
Voici maintenant un exemple de manipulation au plus haut niveau, puisqu’elle est l’œuvre en direct du Président des Etats-Unis en personne, et au plus haut degré, puisqu’elle cherche, sans aucun scrupule, à détruire l’autre. Il est emprunté à une série télévisée qui multiplie les exemples.
House of Cards, série télévisée de Beau Willimon, Saison 3, épisode 11 et chapitre 37 : « La famille avant tout ».
Histoire
Francis Underwood est président sortant et l’élection à la Maison-Blanche approche. Pour remporter le premier débat de la campagne, il s’est allié à la candidate Jackie Sharp (Molly Parker) à qui il a promis, en échange de son soutien, le poste de vice-présidente. Elle doit alors suivre ses directives et s’attaquer farouchement à la troisième candidate, Heather Dunbar (Elizabeth Marvel). Afin de la déstabiliser et de la décrédibiliser en public et en direct à la télévision, sur l’incitation de Frank, Jackie Sharp n’hésite pas alors à critiquer sa vie privée et son rôle de mère… Or, toujours dans cette émission télévisée, alors qu’il est derrière Dunbar dans les pronostics, Francis trahit son engagement vis-à-vis de Jackie Sharp, dans l’espoir de gagner en popularité, détruisant ainsi la carrière politique de Jackie Sharp. Underwood agit donc pour le seul service de ses intérêts, sans jamais reconnaître un seul tort.
Il faut prendre en compte pas moins de 4 scènes pour voir se déployer la manœuvre. Déclinons-les brièvement.
Première scène
De 8 mn. 40 sec. ou 9 mn. à 10 mn. 30 sec.
Cette première scène est la mise en place du piège. Frank Underwood rassure Jackie Sharp : « Je serai votre pitbull ».
Deuxième scène
De 29 mn. 30 sec. à 32 mn. 7 sec.
Arrive le débat public à la télévision avant les primaires. Il se déroule entre les trois candidats : le président sortant et les deux prétendantes, républicaine et démocrate. C’est alors que, de la plus ignoble manière, Underwood lâche Jackie Sharp et l’humilie publiquement.
Troisième scène
De 35 mn. 40 sec. à 37 mn. 25 sec.
Aux demandes d’explication de Jackie Sharp, Francis Underwood commence par se justifier, mentir et amoindrir les faits. Mais son ancienne alliée ne se laisse pas démonter ; alors, il emploie une autre tactique : il s’emporte de manière très contrôlée et dévoile soudain son jeu en la menaçant, la méprisant et l’écrasant sans vergogne. Faut-il le préciser ? À aucun moment, le président sortant ne reconnaît un tort ni ne manifeste la moindre sensibilité à la souffrance de l’autre. En quelques paroles, nous voyons se déployer tous les traits, effrayants, de la PN et même perverse.
Quatrième scène
De 45 mn. 45 sec. à 46 mn. 10 sec.
Durant une brève entrevue télévisée, Jackie Sharp prend la seule décision qui soit juste vis-à-vis d’une PN destructrice. Elle reconquiert ainsi et sa liberté, et sa dignité.
[1] Les films dont la fiche technique n’est pas précisée sont repris plus bas dans un tableau récapitulatif.
[2] Norman Bates (Anthony Hopkins) n’est pas tant un pervers qu’un malade affecté d’une grave psychose dissociative (Psychose, thriller horrifique américain d’Alfred Hitchcock, 1960. Avec Anthony Perkins, Janet Leigh et Vera Miles).
[3] Cf. François Truffaut, Hitchcock Truffaut, ou Le Cinéma selon Alfred Hitchcock, Paris, Robert Laffont, 1966 ; rééd., Paris, Gallimard, 1993.
[4] Hitchcock, film biographique américain de Sacha Gervasi, 2012. Avec Anthony Hopkins, Scarlett Johansson, Jessica Biel et Helen Mirren.
[5] Cf. notamment l’adaptation du roman éponyme de Pierre Choderlos de Laclos, dans le film oscarisé de Stephen Frears cité plus bas.
[6] Thriller américain, adapté du roman éponyme de Thomas Harris, de Jonathan Demme, 1991. Avec Jodie Foster et Anthony Hopkins.
[7] Thriller américain de David Fincher, 1995. Le scénario est écrit par Andrew Kevin Walker et distribué par New Line Cinema. Avec Brad Pitt, Morgan Freeman, Gwyneth Paltrow et Kevin Spacey.
[8] Thriller germano-américain de Bryan Singer, 1995. Avec Chazz Palminteri et Kevin Spacey.
[9] Cf. Pascal Ide, « Star Wars : un mythe chrétien ? », Famille chrétienne, 1978 (12-18 décembre 2015), p. 38. Cf. analyses complémentaires sur le site pascalide.fr
[10] Cf. l’ouvrage de vulgarisation du spécialiste Paul Ekman, Je sais que vous mentez ! L’art de détecter ceux qui vous trompent, trad. Pascal Loubet, Paris, Michel Lafon, 2010. Le fait est tellement connu qu’il fait l’objet d’une série télévisée américaine, à la fois psychologique et policière : Lie to me, de Samuel Baum, 3 saisons, 2009-2011. Avec Tim Roth et Kelli Williams.
[11] L’on sait, en effet, que l’on consent d’autant plus à poser un acte généreux (ou autre) que l’on ne s’est pas senti contraint à le faire. Cf. le passionnant et inquiétant ouvrage de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, coll. « Vies sociales », Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 22002.
[12] Nous l’avons rencontré à plusieurs reprises (chap. 1, 2, 4) : c’est l’un des trois pôles du triangle dramatique de Karpman.
[13] L’on reconnaît ici le troisième impératif catégorique d’Emmanuel Kant. Karol Wojtyla le relit de manière créative à partir de ce qu’il appelle la « norme personnaliste » (Amour et responsabilité. Étude de morale sexuelle, trad. Thérèse Sas revue par Marie-Andrée Bouchaud-Kalinowska, Paris, Éd. du Dialogue et Stock, 1978, p. 33-36).
[14] « Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus » (Nicolas Machiavel, Le Prince, chap. 17. Cf. chap. 15-22).
[15] Cf. Diemut E. Bubeck, Care, Gender and Justice, Oxford, Clarendon Press, 1995 ; Patricia Paperman et Sandra Laugier (éds.), Le souci des autres. Éthique et politique du care, Paris, cnrs éd., 2005, 22011. Pour une application là encore télévisée, cf. Laurent Jullier et Barbara Laborde, Grey’s anatomy. Du care au cœur, Paris, p.u.f., 2012.