Une journée de la vie de Jésus (Mc 1,29-39. Mercredi de la 1ère semaine du Temps Ordinaire)

En ses toutes premières pages, l’évangile selon saint Marc nous donne de méditer ce qu’est une journée-type de Jésus. Elle pourrait se résumer en 3 « C » ou plutôt en 4.

Compassion. Jésus « guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies ». Saisi d’une miséricorde affective qui le prend aux entrailles, il exerce une miséricorde effective, c’est-à-dire efficace par laquelle il guérit le plus grand nombre possible de personnes du plus grand nombre possible de maux. Il se risque même à redonner la santé à la belle-mère de Pierre, ce qui, estiment certains, aurait conduit ce dernier à le trahir…

Combat. En effet, « il expulsa beaucoup de démons ». Jésus ne se contente pas de faire le bien, il lutte contre le mal. Il s’oppose à celui qui s’oppose à lui, donc à Dieu. Et des quatre évangiles, le deuxième est celui qui atteste combien la venue de Jésus pousse le démon à sortir de ses dissimulations. Selon la loi dramatique de double croissance du bon grain et de l’ivraie, à Celui qui multiplie les actes de bonté répond celui qui multiplie les actes de malice.

Contemplation. « Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait ». Non seulement Jésus vit de longs moments d’union exclusive avec son Père, mais il accorde à la prière le meilleur temps de sa journée. Jamais la vie suractive du Christ ne se substitue à sa communion contemplative avec Celui qui lui est tout.

Et ces trois « C » convergent vers un quatrième, la Charité. En effet, le don est l’acte de l’amour et le don de soi l’acte d’amour par excellence (cf. Jn 15,13). Or, Jésus ne cesse de se donner aux autres et à Dieu, « jusqu’à l’extrême » (Jn 13,1) : aux malades qui se pressent, aimantés par sa compassion inconditionnelle, dans un épuisant combat contre les esprits impurs, dans une oraison prise sur les précieuses heures de sommeil. Ce que la Passion a condensé en quelques heures, est déjà manifesté et préparé par ces journées où Jésus donne tout et ne retient rien.

Mais il y a plus : « C’est pour cela que je suis sorti », dit Jésus. Certains Pères de l’Église ont lu dans cette parole la révélation de l’intimité la plus profonde du Fils. En effet, qu’est-ce que le mystère de la génération éternelle du Fils, sinon le jaillissement, l’extase d’amour par lesquels le Père se donne à son Fils et donc par lesquels le Fils sort du Père ? La charité compatissante, combative et contemplative que la vie quotidienne de Jésus nous donne à voir n’est rien moins que le sacrement sublime de l’événement intime qu’est l’engendrement trinitaire.

Pascal Ide

13.1.2021
 

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