On peut l’interpréter positivement comme une trace laissée par le péché originel. Prenons une analogie. Pourquoi l’homme est-il le seul animal à avoir peur, plus, à être tellement effrayé de la mort (l’animal peut, tout au plus, pressentir qu’il va disparaître, non se le représenter) ? Invoquer l’instinct de survie et même le désir de conserver son être n’est pas suffisant. En effet, par notre corps, la corruptibilité est une conséquence inéluctable de notre nature. L’homme ne ressentirait pas une telle épouvante face à la mort s’il ne possédait, plus profondément encore enraciné en lui, le souvenir de ce don immérité de son immortalité, perdue avec la chute des origines. Pour reprendre une intuition de Pascal méditant sur la misère de l’homme, celui-ci n’est pas un être fragile, mais un riche qui est devenu pauvre et se souvient nostalgiquement de cette richesse. Eh bien, de même que quelque chose en l’homme rejette viscéralement cette mortalité parce qu’il aspire à la vie éternelle, de même rejette-t-il la maladie, la diminution physique, le vieillissement, qui en sont la conséquence et la préparation.
Pascal Ide