L’ambiance, un écho de l’esprit ? Les promesses d’une pneumatologie métaphysique 2/2

4) Détermination

Pour clarifier ce concept d’ambiance, nous procéderons par distinctions successives. Ce faisant, nous systématisons les propos de Bégout et des autres atmosphérologues. Il est très possible qu’il récusereait des classifications tranchées. Du moins ont-elles l’intérêt de montrer des insistances et des saillances.

a) Le genre : l’affectivité

Nous l’avons dit, l’ambiance s’éprouve d’abord et avant tout affectivement. Elle n’est pas une aisthésis, mais un pathos ; elle n’est pas une connaissance, mais une expérience tonale. Ou, pour employer le terme de Heidegger qui a influencé de manière décisive cette nouvelle approche de l’être, une Stimmung. L’auteur de Sein und Zeit, en effet, montre que le Dasein se rapporte à sa propre existence avant toute détermination réfléchie et catégoriale. Or, cette compréhension passe par la tonalité affective : « La disposition affective est une des structures existentiales où se tient l’être qui est là [1] ».

 

« D’un côté, les caractères émotionnels de l’environnement influencent notre affectivité, de sorte que nous sommes tous conscients de l’effet d’un espace gai ou morose sur notre état d’esprit, de l’influence de la pluie ou du soleil qui brille sur notre humeur. D’un autre côté, l’humeur prête aux objets ses émotions spécifiques. Dans ces conditions, le paysage morose me rend morose et cette humeur morose, à son tour, fait que le paysage m’apparaît terne et gris. Il y a un conflit qui va et vient entre mon humeur et le caractère d’un paysage, et qui rend difficile, du point de vue psychologique, la séparation entr emon humeur et le caractère du paysage [2] ».

 

Par ailleurs, le concept d’ambiance doit être pris dans un sens non pas d’abord ontologique, mais phénoménologique : la manière même dont l’homme vit l’ambiance. Toutefois, alors que, pour Heidegger, la Stimmung est intentionnelle (elle ouvre l’existant à son existence propre et au projet [3]), il n’en est plus de même pour les atmosphérologues : ils récusent toute projectivité, toute jection qui est une jonction, pour se centrer sur le seul être-entre de l’atmosphère. Nous allons bientôt le dire.

b) Première division : les interprétations duelles ou préduelle

Cette expérience ambiancielle peut être relue de trois manières. La première soulignera encore l’enracinement chosal, la deuxième le retentissement émotionnel, alors que seule la troisième sort définitivement de ces dualismes.

1’) L’interprétation chosale

Selon Bégout, un certain nombre de philosophes de l’ambiance demeure encore prisonnier de l’ontologie traditionnelle de la chose, alors même qu’ils s’en défendent. Tel est par exemple le cas de Gernot Böhme. Mais exposons d’abord sa vision avant de l’évaluer.

Nous l’avons évoqué dans l’induction, l’intuition du philosophe allemand est que, loin d’être encloses en elles-mêmes, les choses surgissent. Prenons l’exemple d’une tasse bleue. L’expérience montre qu’elle apparaît bleue. Or, ce qui apparaît n’a pas seulement ni d’abord dû être senti ou ressenti tel, mais, auparavant, a dû « se montrer », sortir de soi et « se présenter » (sich präsentieren). Donc, le bleu de la tasse, estime Böhme, n’est pas une propriété interne de la chose au sens où elle demeurerait enfermée dans celle-ci, mais ce qui rayonne hors de la chose. Ainsi, de manière plus générale, la chose « jaillit hors d’elle-même de manière caractéristique [4] », ce que notre auteur appelle le « surgissement », Hervortreten. Dit autrement, la chose n’est donc plus conçue en relation avec elle-même, ni même en relation avec les autres, mais dans sa capacité à sortir de soi, « à travers ces modes par lesquels elle ressort [5] ».

Voici comment Böhme détaille cette ontologie de l’« apparition » (Erscheinung) jaillissante :

 

« La chose équivaut à son entrée-en-apparition [In-Erscheinung-treten] ou, mieux, à son être-entré-en-apparition [In-Erscheinung-getreten-sein]. Cela témoigne d’un côté d’une grande confiance des choses dans leur propre ouverture : elles ne cachent rien, elles ne trompent pas, et l’aspect qu’elles nous montrent n’est pas un simple symptôme. Et d’un autre côté, cette position affirme que l’être des choses est par-dessus tout surgissement [Hervortreten] [6] ».

 

Böhme parle par ailleurs aussi d’« extase », en continuant à souligner avec soin qu’elle est bien une auto-présentation phénoménale sans reste de la chose qui déborde continuellement : « Les extases individuelles de la chose sont […] non réellement des prédicats, mais plus proprement des modes d’être, des formes de présence [7] ». Nous reviendrons sur cette description apparemment anthropomorphique dans notre relecture dative.

2’) Critique de l’interprétation chosale

Si stimulante soit cette nouvelle ontologie de l’atmosphère, elle comporte toujours « quelque chose de chosal [etwas Dinghaftes] [8] ». D’abord, en effet, nous venons de voir combien Böhme part de la chose. Même s’il sort de la conception close de la chose, il ne sort pas de la conception close de la chose. Ensuite, il réagit à l’encontre de Schmitz qui, selon lui, rend l’atmosphère trop indépendante à l’égard des choses : « Par contraste avec l’approche de Schmitz, les atmosphères ne sont pas pensées comme flottant librement, au contraire, comme quelque chose qui émane [ausgeht] des choses et qui est produit [geschaffen] par elles [9] ».

3’) L’interprétation sentimentale

En regard, il semble que l’approche de Hermann Schmitz soit plus centrée sur le vécu subjectif. En effet, selon ce dernier, l’atmosphère est conçu comme un espace sentimental [10]. Mais il la caractérise aussi comme « demi-chose », et celle-ci est plus large que le sentiment, puisqu’elle peut englober des atmosphères sensibles ou sensorielles comme le bruit, la lassitude ou la chaleur [11]. La demi-chose présente deux notes qui la distinguent de la chose.

La première est chronologique : la chose est, sinon constante, du moins contrainte à occuper un endroit et un temps. En regard, la demi-chose est versatile ou intermittente. Partons de l’exemple de « la voix, celle d’un homme ou d’un animal. La séquence sonore change, mais pas la voix. Entre deux séquences sonores, la voix peut disparaître et ne pas être présente, et pourtant elle revient toujours à l’identique [12] ».

Le second trait est synchronique : la chose est séparable de son influence, alors que la demi-chose n’en est pas détachable, mais coïncide avec elle.

Schmitz résume ces deux caractéristiques dans le texte suivant :

 

« Il faut prendre garde ici de ne pas accomplir une fausse réification [Verdinglichung] du sentiment comme atmosphère spatialement étendue. Les sentiments ne sont pas des choses, mais des demi-choses. Je distingue le type chosal [Gegenstandstyp] des demi-choses de celui des choses de la manière suivante : les choses durent sans interruption et agissent de manière médiate en tant que causes qui entraînent, par leur action, des effets. En revanche, la durée d’une demi-chose peut être interrompue et son finluence est immédiate, dans le sens où cause et conséquence coïncident [13] ».

4’) Critique de l’interprétation sentimentale (et chosale)

De prime abord, la lecture proposée par Hermann Schmitz honore plus l’autonomie de l’ambiance à l’égard de la chose et donc se rapproche de ce que nous allons appeler l’herméneutique préduelle. Toutefois, nous avons vu que Schmitz parle de demi-chose. Or, interroge Bégout, « une demi-chose n’est-elle pas encore une chose ? » Le philosophe allemand ne s’est donc pas totalement affranchi de sa dépendance archaïsante à l’ontologie des substrats, en fait, chosale (et pas sentimentale).

5’) L’interprétation préduelle

Ensuite, cette Stimmung récuse la partition traditionnelle du sujet et de l’objet, et donne donc accès à une réalité pré-dualiste. « La notion de Stimmung, qui évoque un accord mutuel au même ton, recouvre indivisément celle de l’humeur et celle du climat, comme dans les vers de Verlaine il pleut dans mon cœur, comme il pleut sur la ville [14] ».

Ni objective, ni subjective, l’atmosphère unit au contraire le sujet et l’objet, se situe dans un entre-deux. Mutliples sont les attestations de ce tertium [15] : « le tiers subtil [16] » ; « elles sont prédualistiques [17] » ; « en remettant en cause la distinction et de l’objet et du sujet, elle questionne la possibilité même de son objectivation [18] » ; « rendre justice au statut authentiquement intermédiaire de l’atmosphère entre sujet et objet [19] » ; « unité originelle de l’homme et du monde [20] ».

Même si Bégout range Tonino Griffero dans les ontologies chosales de l’atmosphère, ne faudrait-il pas adopter une position plus nuancée. En effet, le philosophe italien propose une fine description de l’atmosphère en dix critères. Les deux premiers sont empruntés à Schmitz (cf. ci-dessus). Voici l’énoncé des huit autres :

 

  1. « Les atmosphères ne sont pas une propriété d’un objet, mais, en tant que demi-choses, elles coïncident avec leur caractère phénoménique ».
  2. « Les atmosphères sont ce qui situe ‘entre’ [tra], rendues possibles par la co-présence (corporelle, mais aussi sociale et symbolique) du sujet et de l’objet ».
  3. « À la différence d’autres phénomènes que les sciences physiques considèrent de manière naïve comme invariables, les phénomènes sont relativement (à savoir de manière perceptive) modifiables, à savoir qu’elles sont pénétrables de manière cognitive, mais seulement au niveau du sens commun ».
  4. « Si les atmosphères sont des demi-choses, elles doivent avoir cependant une sorte d’identité ».
  5. « Les atmosphères n’existent jamais, si ce n’est d’une manière tout à fait inappropriée, comem des états purement potentiels ».
  6. « Bien qu’elle ne soit ni une substance, ni un accident, et, dans les termes de la psychologie de la Gestalt, ni une figure ni un fond, l’atmosphère a une spatialité qui lui appartient sui generis (qui est, de manière prototypique, pré ou extra-dimensionnelle).
  7. « À côté des qualités atmosphériques passagères, il existe des qualités atmosphériques relativement persistantes ».
  8. « Il y a dès lors des choses et des situations qui sont suscitées dans certaines atmosphères et d’autres qui, à l’occasion, les prennent en charge [21]».

 

Ce n’est pas le lieu de commenter en détail cette description quasi-définitoire des propriétés de l’atmosphère. L’on relèvera que si la note 4 est probablement la plus centrale (nous allons y revenir), les suivantes montrent les relations entre l’atmosphère avec la connaissance (5), l’essence (6), l’acte et la puissance (7), l’espace (8), le temps (9), l’action et la passion (10). Comment ne pas entendre comme une résonance avec les catégories aristotéliciennes (plus que kantiennes) ?

c) Seconde division : trois espèces d’unité préduelle

Mais il y a trois manières de comprendre cettte unité préduelle que Bégout qualifie respectivement de dialogique, synthétique et autochtone.

1’) La conception dialogique de l’ambiance

Ici, l’ambiance noue ensemble « la réalité concrète et l’état qu’elle provoque [22] ». Elle participe et du monde et de l’humeur sur le monde. Voire, elle effectue un mouvement de va-et-vient ou de ping-pong entre le ressenti intérieur et les caractéristiques de l’environnement qui le suscite : « Les atmosphères se produisent dans cet ‘intervalle’ [in between]. Elles décrivent la relation concrète entre des personnes et leur environnement [23] ». Même si nous avons déjà parlé de Böhme dont l’interprétation est plus chosale, notons cette formule révélatrice de tonalité aristotélicienne. Il parle de l’atmosphère comme de la rencontre du sujet de l’objet, de la « coïncidence du perçu et du percevant [24] ».

De même, Griffero identifie l’ambiance au croisement de ses deux instances en se défiant de toute réification d’un troisième terme. Reprenons la quatrième des notes descriptives. Après avoir noté que « les atmosphères sont ce qui situe ‘entre’ [tra] » le sujet et l’objet, voici comment il continue :

 

 « Nous avons précédemment insisté sur l’existence extra-subjective de l’atmosphérique. Mais celui-ci existe – au sens d’être perçu – seulement pour quelqu’un qui le perçoit. […] Entre signifie entre l’objet, ou plutôt les qualia de l’environnement [ambiantali], et le sujet, ou plutôt son corps vivant. Néanmoins, cet entre – la présupposition d’une communication inter-corporelle – n’est pas réifié au point d’être assimilé à un troisième élément qui, comme une membrane, serait interposé entre deux couches [25] ».

 

Et cette conception se trouve déjà chez Heidegger qui voit le milieu comme la connexion du monde et des choses, comme leur entre-deux :

 

« Le monde et les choses ne sont pas l’un à côté de l’autre. Chacun, ils passent l’un à travers l’autre. Passant ainsi à travers, ils mesurent, à eux deux, un milieu. C’est là qu’ils sont à l’unisson. En tant qu’ainsi unis, ils sont intimement l’un pour l’autre. Le milieu des deux est la tendresse intense de l’intimité. Le milieu pour ce qui est deux, la langue allemande le nomme l’entre-deux [das Zwischen]. Le latin dit : inter. À quoi correspond l’allemand unter. L’intimité où monde et chose sont l’un pour l’autre n’est pas une fusion où tous deux se perdent. Il ne règne d’intimité que là où ce qui est l’unisson, monde et choses, devient distinction pure et demeure distinct. Au milieu des deux, dans l’entre-deux où monde et choses diffèrent, dans leur inter, règne le Dis- de leur fonction [26] ».

 

Heidegger décrit avec beaucoup de précision la nature de cette intrication. D’abord, refusant la fusion, elle distingue les termes en présence (« distinction pure » qui edemeure distinct[e] ») : monde et choses. Ensuite et à l’opposé, refusant la séparation, elle les unit au point de les faire résonner « à l’unisson ». Enfin, elle est décrite comme un « entre » qui est à la fois inter et unter. Surtout, notre auteur n’hésite pas à la qualifier affectivement comme « milieu » où règne « la tendresse intense de l’intimité ».

Même la Gestalt Psychology avec laquelle la philosophie de l’ambiance entretient « beaucoup de points communs » doit être récusée [27]. Certes, elle souligne l’autonomie phénoménale de l’atmosphère, mais elle affirme son caractère essentiellement figural. Elle se fonde sur la distinction de la forme et du fond. Or, une ambiance est dénuée de tout visage, ainsi que nous le disons ci-dessus.

2’) La conception synthétique de l’ambiance

La première conception tressait les deux pôles des vécus personnels et des qualités objectives, mais en respectait la différence ; elle les rapprochait, mais maintenait la distinction. Celle-ci abolit toute altérité et les fusionne. L’ambiance ferait expérimenter une réalité nouvelle qui serait proprement la fusion du sujet et de l’objet. Voilà pourquoi cette approche est qualifiée de synthétique.

3’) La conception autochtone de l’ambiance

Les deux premières approches font du tiers une composition des deux pôles, soit en les unissant accidentellement, soit en les fondant substantiellement (pour reprendre la distinciton aristotélicienne des deux types de devenir). Dans les deux cas, « elles restent finalement engluées » dans « le dualisme sujet/objet [28] ». Or, l’expérience de l’ambiance ne fait pas appel aux vécus et aux choses. Elle « permet ainsi de nous désensorceler de la jonction, d’échapper à la domination millénaire de l’élémentarisme [le sujet la substance] et du corrélationisme [leur relation] [29] ».

Une troisième approche considère non plus le sujet et l’objet, mais un troisième terme. Elle affirme que l’ambiance ne se réduit ni au psychique ni au physique, mais constitue une réalité autre. D’où l’épithète d’autochtone. Disons-le en termes spatiaux : la conception dialogique rapproche les termes, la conception synthétique les unit tant qu’elle efface toute frontière. Bien au contraire, la conception autochtone les écarte, creuse un espace intermédiaire. Telle est la position que veut défendre Bruce Bégout. Pour décrire cette dimension résolument prédualiste de l’être, il convoque deux néologismes : jection et mersion. La jection, toute proche de la jonction et du trajet, désigne le lien (jonction passive ou trajet actif) entre sujet et objet. En revanche, la mersion, toute proche de l’immersion, est une plongée dans ces phénomènes atmosphériques qui précèdent tout clivage, tout coup de ciseau interprétatif. Cette logique mersive se fonde sur « cette présence médiale et englobante comme un continuum d’expérience qui se tient avant tout rapport entre des substrats distincts [30] ». Bégout parle aussi d’éco-phénoménologie (à distinguer de l’écologie phénoménologique), d’atmosphérologie (sic !), de médial (à distingue de médiaire).

Redisons-le, Bégout adopte une perspective phénoménologique. Mais l’atmosphérologie est une phénoménologie sans phénomènes. Précisément « le nouveau principe des principes de l’éco-phénoménologie » n’est plus le retour aux choses-mêmes, qui sont secondes, mais, plus originairement, le « retour au lieu même où elles se donnent [31] ».

5) Évaluation critique

Incontestablement, très riche est la moisson de faits récoltée. Avant d’être élaboration conceptuelle, l’atmosphérologie est d’abord une écoute neuve du réel. Elle permet de « dépasser la référence à la polarité du vécu et de son objet », « chiasme » que Renaud Barbaras croyait insurmontable [32].

Incontestablement aussi, cette approche est réactive. Au fond, elle s’inscrit en faux contre le dualisme de la modernité ou plutôt contre les dualismes : sujet-objet, en soi-pour soi, matière-esprit, fond-manifestation, immanence-transcendance, etc.

Relevons toutefois au moins trois problèmes de fond.

  1. Le premier est une contradiction entre le propos et la méthode. En effet, nous l’avons dit, Bégout opte pour une démarche phénoménologique : « seule une approche phénoménologique nous semble à même de respecter le mode de donation des ambiances [33]». Or, la phénoménologie husserlienne s’est très nettement opposée à la métaphysique, comme l’idéalisme au réalisme, autrement dit a choisi le vécu conscientiel contre l’objectivité intelligible extra-mentale. D’ailleurs, à cette contradiction performative se joint quelques autres incohérences. Notre auteur qui ne cesse de ferrailler contre l’archaïsme des pensées de l’élémentaire, de la substance et de la relation, ne peut s’empêcher de concéder l’existence de l’objet :

 

« Il est clair que toute physionomie, même non individuelle, celle d’un paysage, d’un moment ou d’une situation, repose sur l’existence d’éléments qui la précèdent et la composent. Aussi, tout moment figural [ce que critique Bégout], comme tout moment tonal [ce qu’il défend comme originaire], en dépit de leurs différences phénoménologiques (le discret et le continu, la forme et l’informe, le limité et le diffus), présupposent une configuration sensible qui les porte et leur sert de fondement. C’est parce que le ciel est gris, qu’il pleut, que les gens baissent la tête, que l’ambiance morose envahit soudainement la ville. Sans l’existence de ces conditions objectives, elle ne pourrait elle-même naître [34] ».

 

De même, Bégout s’objecte : l’ambiance se notifie par l’affectivité ; or, l’affectivité est l’acte de la subjectivité ; il doit donc réintégrer d’une manière ou d’une autre celle-ci dans sa différence d’avec l’objectivité des choses [35]. Or, pour résoudre cette forte difficulté, il fait appel à la notion de « physionomie » et l’étend du visage humain à « une forme d’expressivité extra-humaine [36] », par exemple développée chez Alexander von Humboldt et d’autres auteurs [37]. Peu importe ici le détail. En revanche, en dépouillant l’homme du privilège de l’affectivité, notre auteur doit surinvestir la nature d’une auto-expressivité [38], donc réinscrire une altérité entre les deux instances.

  1. Le deuxième concerne le contenu. Ces philosophies s’inscrivent dans ce qu’Henri de Lubac appelait la postérité spirituelle de Joachim de Flore. En effet, s’il souligne ce qui est l’équivalent d’un pneuma, ainsi que nous venons de le dire, il le désolidarise totalement des substrats, des deux pôles, objectif et subjectif, physique et psychique. présente un tropisme joachimite (bien entendu philosophique). Par exemple, il est révélateur que, pour décrire l’ambiance, Tonino Griffero convoque le concept japonais d’aïda qui « n’est pas une relation entre deux vies séparées, mais la place originairement commune dont le soi et l’autre dérivent [39]». Autrement dit, l’ambiance devient l’instance d’où les deux éléments, subjectif et objectif, découlent.

De même qu’il refuse toute dualité externe entre les éléments, entre le sujet et l’objet, de même, nous l’avons dit, Bégout refuse, selon une perspective très deleuzienne, toute dualité interne à ces éléments mêmes, c’est-à-dire la distinction entre le fond (Grund) et l’apparition (Erscheinung) : « À l’opposé d’une théorie de la profondeur, nous militons pour une conception plate et superficielle de l’expression, d’une expression qui n’est que pure surface et auto-présentation [40] ».

  1. Le troisième problème relève de la posture historique qui est réactive. Si affirmative soit la thèse centrale, d’abord, elle s’oppose constamment à l’herméneutique dualiste, ensuite, elle convoque l’hérédité nietzschéenne. Or, l’un des nombreux paradoxes de l’auteur de La Généalogie de la morale est à la fois d’avoir condamné le ressentiment avec la plus fine des ludicités et d’y avoir succombé constamment. En effet, nous nous souvenons du cri de Nietzsche : nous « croyons encore [trop] à la grammaire ». Or, c’est elle qui a lié choses et propriétés, le sujet et l’objet, la cause et l’effet. Puis, dans un second temps, après avoir projeté « dans les choses certaines valeurs, ensuite ces valeurs ré-agissent sur nous après que nous avons oublié que nous en étions les auteurs [41]». Bégout ne parle-t-il pas de « la tentation archéologique [42]» (en l’occurrence d’engendrer la figure dans un processus d’où elle surgirait), ne fait-il pas du fond un arrière-monde ?

Mais, à trop souligner l’expérience si inédite de l’ambiance en son irréductibilité phénoménale à toute substance et toute corrélation, Bégout en vient à suspecter toute différence (ici entre les éléments, c’est-à-dire les choses et les vécus) d’hégémonie. Comment ne pas songer aux théories du gender qui font rimer différence avec violence, distinction avec domination, et font de l’altérité le terreau de l’altération ?

6) Relecture en clé dative

a) Analyse

De multiples signes attestent la présence de cet esprit : le terme même d’« esprit » (Maurice Merleau-Ponty) ; le surcroît qui est une des lois de l’amour-don (Hubertus Tellenbach) ; un milieu caractérisé par « la tendresse intense de l’intimité » (Martin Heidegger)

Centrons-nous sur un exemple. Nous avons vu ci-dessus que Gernot Böhme décrit la dynamique des choses dans des termes qui engagent fortement la dynamique du don : le jaillissement ou le « surgissement », l’« extase », la diffusion, qui sont autant de caraectéristiques de la donation ; l’« apparition » qui « ne cache rien » ; plus encore, dynamiquement, l’« entrée-en-apparition », c’est-à-dire mouvement intérieur de donation ; le refus du « symptôme », c’est-à-dire implicitement le refus d’un signe dénué de profondeur ; du côté du sujet connaissant, cette la relation qu’est la « confiance ». Bref, pour « l’ontologie modifiée de la chose [43] » élaborée par Böhme, tout, dans la chose est extatique, c’est-à-dire émanation vibratoire, radiation débordant de soi.

Or, ce lexique n’est pas seulement heideggérien (« ouverture », « vérité », « être », etc.), il est plus encore balthasarien. Il consonne avec la grammaire à la fois affective et véritative développée par Balthasar dans Wahrheit (ou Wahrheit der Welt).

b) Synthèse

Tonino Griffero reconnaît humblement :

 

« Aussi devons-nous admettre que, en dépit de son aspect intuitif, la définition des atmosphères comme un itnermédiaire [tra] entre sujet et objet, mais aussi comme antérieur à cette distinction, ne résout pas entièrement le problème que pose tout discours sur les atmosphères, en particulier en ce qui concerne leur nature subjective ou objective [44] ».

 

Selon moi, ce qui manque à l’atmosphérologie, c’est non seulement le concept central d’esprit (tel que, par exemple, il fut élaboré par le stoïcisme), mais sa relecture en termes de communion et d’intériorisation unifiés dans la lemniscate trinitaire.

Les deux grandes limites de l’interprétation joachimite de l’ambiance sont son antériorité et son extériorité à l’égard des deux pôles subjectif et objectif [45]. Assurément, l’atmosphère possède une réalité différente, et l’immense mérite de cette médiologie phénoménologique est d’avoir collecté une riche moisson d’expériences en établissant l’existence de manière désormais patente et en avoir analysé un certain nombre de caractéristiques. Sa grande limite est de ne pas avoir aperçu l’essence de ce tiers être (Les corrélés ne sont pas que des corrélats) et donc de ne pas avoir pu élaborer la pneumatologie ontologique autant que phénoménologique que la philosophie attend cruellement.

Une autre limite qui s’en déduit est que, déconnectée de ses sources que sont les entités reliantes autant que relisées, la figure perd toute profondeur. L’extase dont parle Böhme est, ultimement, dénuée de fond. Et c’est ce que nous avions relevé dans l’induction en citant un texte de Koffka.

Seule l’ontologie trinitaire [46], me semble-t-il, est à même de pouvoir penser ensemble et de manière intégrative (non juxtaposée) les requisit à la fois de la bipolarité sujet-objet, et de son dépassement sans effacement par un esprit qui les fait vibrer harmoniquement. N’est-ce pas ce que Merleau-Ponty avait entrevu dès la Phénoménologie de la perception ? Il part de l’expérience du ciel bleu :

 

« Moi qui contemple le bleu du ciel, je ne suis pas en face de lui un sujet acosmique, ne le possède pas en pensée, je ne déploie pas au-deant de lui une idée du bleu qui m’en donnerait le secret, je m’abandonne à lui, je m’enfonce dans ce ‘mystère’, il se pense en moi, je suis le ciel même qui se rassemble, se recueille et se met à ‘exister pour soi, ma conscience est engorgée par ce bleu illimité [47] ».

 

Puis, de là, il en vient à exposer la sensation de bleu en termes de résonnance et de mystère ontophanique (sacrement) :

 

« La sensation de bleu n’est pas la connaissance ou la position d’un certain quale identifiable à travers toutes les expériences que j’en ai comme le cercle du géomètre est le même à Paris et à Tokyo […]. Si les qualités rayonnent autour d’elles un certain omde d’existence, si elles ont un pouvoir d’envoûtement et ce que nous appelions tout à l’heure sa valeur sacramentelle, c’est parce que le sujet sentant ne les pose pas comme des objets, mais sympathise avec elles, les fait siennes et trouve en elles sa loi momentanée. Précisons. Le sentant et le senti ne sont pas l’un en face de l’autre comme deux termes extérieurs et la sensation n’est pas une invasion du sensible dans le sentant [48] ».

 

Enfin, le phénoménologue français en vient à interpréter la connaissance dans les termes même de la communion, voire de l’union sponsale :

 

« Toute perception est une communication ou une communion, la reprise ou l’achèvement par nous d’une intention étrangère ou inversement l’accomplissement au-dehors de nos puissances perceptives et comme un accouplement de notre corps avec les choses. Si l’on ne s’en est pas aperçu plus tôt, c’est parce que la prise en conscience du monde perçu était rendu difficile par les préjugés de la pensée objective. Elle a pour fonction constante de réduire tous les phénomènes qui attestent l’union du sujet et du monde et de leur substituer l’idée claire de l’objet comme en soi et du sujet comme pure conscience. Elle coupe donc les liens qui réunissent la chose et le sujet incarné et ne laisse pas subsister pour composer notre monde que les qualités sensibles, à l’exclusion des modes d’apparition que nous avons décrits, et de préférence les qualités visuelles, parce qu’elles sont une apparence d’autonomie, qu’elles se relient moins directement au corps et nous présentent un objet plutôt qu’elles ne nous introduisent dans une atmosphère. Mais en réalité toutes les choses sont des concrétions d’un milieu et toute perception explicite d’une chose vit en communication préalable avec une certaine atmosphère [49] ».

 

Bien entendu, comment ne pas noter que Merleau-Ponty emploie le terme « atmosphère » qui fut l’objet de notre enquête ? De fait, nombreuses sont les occurrences de ce vocable dans son œuvre [50]. Mais il est pour nous plus précieux de noter qu’il interprète ce milieu, cette atmosphère en termes de chiasmes, donc dans les catégories de ce que Bégout appelle « conception dialogique de l’ambiance » et, plus encore, qu’il fait un pas en direction d’une philosophie de l’auto-manifestation mystérique et de la communion – il ne lui manque plus que l’ontologie de l’amour-don pour pouvoir penser cette interconnexion de manière non pas seulement épistémologique et phénoménologique, mais aussi métaphysique.

7) Conclusion

Nous avons multiplié les distinctions. Comment s’en étonner ? Notre objectif était de cerner l’essence de l’ambiance. Or, le principal outil de la définition est la distinction, voire la dichotomie. Voilà pourquoi nous avons proposé comme une arborescence.

Comment ne pas noter l’ironie ? Voire, comment ne pas soulever l’objection. Nous avons convoqué la dyade logique pour cerner un être qui offusque la bipolarité et qui se caractérise justement par son être-tiers, -entre, -médiateur.

Quoi qu’il en soit, cette inédite philosophie de l’ambiance ébauche une pneumatologie philosophique prometteuse, qui permet de sortir des apories suscitées par le débat épistémologique du réalisme et de l’idéalisme, autant que par le conflit ontologique de l’atomisme et du holisme. Certes, ce néostoïcisme opine vers un joachimisme ; mais il prépare aussi et d’abord le chemin d’une ontologie véritablement trinitaire qui couronne l’ontodologie de l’amour-communion.

Bibliographie

a) Revues

Communications, n° 102, Exercices d’ambiances, Paris, Seuil, 2018.

Studia phaenomenologica. Vol. 14. Environment, Atmosphere, Bucarest, Humanitas, 2014.

b) Articles

– Moritz Geiger, « Zum Problem der Stimmungseinfühlung », Zeitschrift für Ästhetik und Kunstwissenschaft, 6 (1911), p.

– Tonino Griffero, « Is there such a thing as an ‘Atmospheric Turn’ ? Instead of an introduction », Tonino Griffero & Tedeschini (éds.), Atmosphere and Aesthetics, Palgrave McMillan, 2019, p. 11-62.

– Michael Hauskeller, « The concept and the perception of atmospheres », Jürgen Weidinger (éd.), Designing Atmospheres, Berlin, Universitätsverlag der TU Perlin, 2018, p.

– Karl Michaëlsson, « Ambiance », Studia neophilologica, 12 (1939) n° 1, p. 91-119.

– Hans Nilsson-Ehle, « Ambiance, milieu et climat », Studia neophilologica, 29 (1957) n° 2, p. 180-191.

– Leo Spitzer, « Milieu et ambiance », I et II, 1942, Conférences, n° 24 et 25 (2007), p. 113-189 et 405-494.

– Hermann Schmitz, « Emotions outside the box. The new Phenomenology of feeling and corporeality », Phenomenology and the Cognitive Sciences, 10 (2011), p.

c) Livres

– Pascal Amphoux, Jean-Paul Thibaud et Grégoire Chelkoff (éds.), Ambiances en débat, Bernin, À la croisée, 2004.

– Bruce Bégout, Le concept d’ambiance. Essai d’éco-phénoménologie, coll. « L’ordre philosophique », Paris, Seuil, 2020.

– Otto Friedrich Bollnow, Les tonalités affectives. Essai d’anthropologie philosophique, 1941, trad. Lydia et Raymond Savioz, coll. « Être et penser. Cahiers de philosophie » n° 38, Neuchâtel, La Baconnière, 1953.

– Gernot Böhme, Atmosphäre. Essays zur neuen Ästhetik, Berlin, Suhrkamp, 2013.

– Christian Borch (éd.), Architectural Atmospheres, Zurich, Birkhäuser Verlag, 2014.

– Tonino Griffero, Atmosferologia. Estetica degli spazi emozionali, Roma-Bari, Laterza, 2010.

– Tonino Griffero & Tedeschini (éds.), Atmosphere and Aesthetics, Palgrave McMillan, 2019.

– Hans-Ulrich Gumbrecht, Atmospher, Mood, Stimmung, Stanford (California), Stanford University Press, 2012.

– Michael Hauskeller, Atmosphären erleben. Philosophische Untersuchungen zur Sinneswahrnehmung, Berlin, Akademie Verlag, 1995.

– Edmund Husserl, Chose et espace. Leçon de 1907, éd. et trad. Jean-François Lavigne, coll. « Épiméthée. Essais philosophiques », Paris, p.u.f., 1989.

– Henri Maldiney, Penser l’homme et la folie, Grenoble, Jérôme Million, 1988 ; Regard, parole, espace, Lausanne, Éd. l’Âge d’homme, 1973, rééd. Christian Chaput, Philippe Grosos et Maria Villela-Petit, coll. « Bibliothèque du Cerf », Paris, Le Cerf, 2012.

– Maurice Piron, « Sur l’évolution d’ambiance », Mélanges et grammaire française offerts à M. Maurice Genevoix, Gembloux-Paris, Duculot, 1966, p. 271-280.

– Andreas Rauh, Die besondere Atmosphäre. Ästhetische Feldforschungen, Bielefeld, Transcript Verlag, 2012.

– Hermann Schmitz, Atmosphären, München, Karl Alber, 2014 ; Brève introduction à la nouvelle phénoménologie, 2009, trad., Paris, Le Cercle herméneutique, 2016.

– Peter Sloterdijk, Bulles. Sphères I, 1998, trad., Paris, Fayard, 2002 ; Écumes. Sphères III, 2004, trad., Paris, Libella-Maren Sell, 2005 ; Tu dois changer ta vie. De l’anthropotechnique, trad., Paris, Libella-Maren Sell, 2011.

– Hubertus Tellenbach, Goût et atmosphère, prés. Yves Pélicier, trad. Jean Amsler, coll. « Psychiatrie ouverte », Paris, p.u.f., 1983.

– Jean-Paul Thibaud, En quête d’ambiances, Genève, MétisPresses, 2015.

– Jürgen Weidinger (éd.), Designing Atmospheres, Berlin, Universitätsverlag der TU Berlin, 2018.

Pascal Ide

[1] Martin Heidegger, Être et temps, § 31, trad. Emmanuel Martineau, Paris, Authentica, 1985, p. 118 : Sein und Zeit, 1927, p. 142.

[2] Moritz Geiger, « Zum Problem der Stimmungseinfühlung », Zeitschrift für Ästhetik und Kunstwissenschaft, 6 (1911), p., ici p. 28.

[3] « Le comprendre a en lui-même la structure existentiale que nous appelons projet. Il projette l’être du Dasein vers son en-vue-de-quoi tout aussi originairement que vers la significativité en tant que mondanéité de ce qui lui est à chaque fois monde » (Être et temps, p. 120 : p. 145).

[4] Gernot Böhme, Atmosphäre, p. 237.

[5] Ibid., p. 33.

[6] Ibid., p. 238.

[7] Ibid., p. 244.

[8] Ibid., p. 33.

[9] Ibid. Pour un exposé détaillé de la vision de Schmitz, cf. Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, p. 161-170.

[10] Cf. Hermann Schmitz, « Emotions outside the box. The new Phenomenology of feeling and corporeality », Phenomenology and the Cognitive Sciences, 10 (2011), p.

[11] « Les simples mouvements charnels, qui ne sont pas des sentiments, tels la fatigue, la fraîcheur ou le plaisir de prendre un bain, ne sont pas des atmosphères qui emplissent l’espace et n’ont de ce fait aucune autorité » (Hermann Schmitz, Brève introduction à la nouvelle phénoménologie, 2009, trad., Paris, Le Cercle herméneutique, 2016, p. 89).

[12] Hermann Schmitz, Atmosphären, p. 39.

[13] Ibid. Cf. Hermann Schmitz, « Emotions outside the box… », p. 256.

[14] Henri Maldiney, Penser l’homme et la folie. À la lumière de l’analyse existentielle et de l’analyse du destin, coll. « Krisis », Grenoble, Jérôme Million, 1988, p. 96.

[15] Cf. Andreas Rauh, Die besondere Atmosphäre. Ästhetische Feldforschungen, Bielefeld, Transcript Verlag, 2012, p. 194.

[16] Peter Sloterdijk, Bulles. Sphères I, p. 126.

[17] Tonino Griffero, Atmosferologia. Estetica degli spazi emozionali, Roma-Bari, Laterza, 2010, p. 13.

[18] Jean-Paul Thibaud, En quête d’ambiances, Genève, MétisPresses, 2015, p. 56.

[19] Gernot Böhme, Atmosphäre. Essays zur neuen Ästhetik, Berlin, Suhrkamp, 2013, p. 22.

[20] Otto Friedrich Bollnow, Les tonalités affectives. Essai d’anthropologie philosophique, 1941, trad. Lydia et Raymond Savioz, coll. « Être et penser. Cahiers de philosophie » n° 38, Neuchâtel, La Baconnière, 1953, p. 35.

[21] Tonino Griffero, Atmosferologia, p. 119-129.

[22] Hans Nilsson-Ehle, « Ambiance, milieu et climat », p. 186.

[23] Michael Hauskeller, « The concept and the perception of atmospheres », Jürgen Weidinger (éd.), Designing Atmospheres, Berlin, Universitätsverlag der TU Perlin, 2018, p. , ici p. 46.

[24] Gernot Böhme, « Atmosphäre als Grundbegriff einer neuen Ästhetik », Kunstforum, 120 (1992), p. 249.

[25] Tonino Griffero, Atmosferologia, p. 121.

[26] Martin Heidegger, « La parole », dans Acheminement vers la parole, trad., Paris, Gallimard, 1976, p. 27.

[27] Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, p. 218-229, ici p. 219.

[28] Ibid., p. 35.

[29] Ibid., p. 217.

[30] Ibid., p. 37.

[31] Ibid., p. 222. Souligné dans le texte.

[32] Renaud Barbaras, « Le problème du chiasme », Studia phaenomenologica, vol. 3, 2003, p. 18.

[33] Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, p. 37.

[34] Ibid., p. 227.

[35] Ibid., p. 230-231.

[36] Ibid., p. 231.

[37] Alexander von Humboldt, Cosmos. Essai d’une description physique du monde, trad., Paris, Gide & Baudry, 1855, II, 2. Cf. Valéry Laurand, Christophe Bouton et Layla Raïd (éds.), La physiogonomie. Problèmes philosophiques d’une pseudo-science, Paris, Kimé, 2005.

[38] Cette ontophanie cosmologique rejoint d’ailleurs l’intuition de la Naturphilosophie que notre auteur semble en grande partie ignorer (il cite plus loin le Merleau-Ponty du cours sur La nature ou le Schelling de la mythologie, mais en passant). Cf. Pascal Ide, « Introduction », Gustav Siewerth, La philosophie de la vie de Hans André, trad. Emmanuel Tourpe, introduction et commentaire de Pascal Ide, Paris, DDB, 2015 ; « La forme (animale) comme gratuite automanifestation. Adolf Portmann, Jacques Dewitte et quelques autres », Revue des questions scientifiques, 190 (2019) n° 3-4, p. 349-383.

[39] Tonino Griffero, Atmosferologia, p. 122. Souligné par moi.

[40] Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, p. 247.

[41] Frédéric Nietzsche, Fragments posthumes, fragment n° 19 [5]. Cité par Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, p. 214.

[42] Bruce Bégout, Le concept d’ambiance, p. 222.

[43] Gernot Böhme, Atmosphäre, p. 33.

[44] Tonino Griffero, Atmosferologia, p. 154.

[45] Un autre exemple : « Cette unité [ambiancielle] n’est pas le produit d’une synthèse que l’on pourrait obtenir après coup : il s’agit de cette unité première dans laquelle nous vivons à l’origine » (Helmuth Plessner, Le rire et le pleurer. Une étude des limites du comportement humain, 1941, trad. Olivier Mannoni, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1995, p. 21).

[46] Cf. le tout récent ouvrage de Piero Coda, Ontologie trinitaire. Penser et vivre à la lumière de la Trinité, trad. inconnue, éd. Cyril Dunaj, coll. « Racines », Paris, Nouvelle Cité, 2020. Cf. Pascal Ide, « À propos de… », Nouvelle revue théologique, (2021) n° , p.

[47] Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, p. 248.

[48] Ibid., p. 247-248.

[49] Ibid., p. 370.

[50] Cf., outre les références ci-dessus, par exemple, p. 29, 32, 64-65, 82, 305, 325, 380, 465 ; Id., Le visible et l’invisible, Paris, Gallimard, 1979, p. 40, 57, 169, 191, 200, 284.

29.4.2021
 

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