La résonance céleste. Une actualisation de l’harmonie des sphères

1) Les faits

Les exemples sont aussi nombreux que troublants [1].

Pour un même système planétaire, c’est-à-dire entre une planète et ses satellites. Par exemple, Jupiter possède quatre grandes lunes, Io, Europe, Ganymède et Callisto, dites galiléennes parce qu’elles furent observées par Galilée (alors qu’on en connaît au moins soixante-trois). Or, leurs temps relatifs de révolution sont dans des rapports remarquables. En effet, elles mettent (en jour) respectivement : 1,769 ; 3,551 ; 7,155 et 16,689 ; ce qui conduit aux rapports suivants : 2,007 ; 2,015 ; 2,332.

L’on a observé d’autres phénomènes de résonance entre une planète et son ou ses satellites. Par exemple, les lunes de Saturne : Théthys et Mimas, ainsi que Dioné et Encelade, sont dans un rapport de 2/1. Notre satellite, la Lune, elle-même, entretient un remarquable effet de résonance avec la Terre 1/1 (son mouvement de translation circumsolaire est identifique à son mouvement de rotation autour d’elle-même), ce que l’on appelle la résonance spino-orbite.

Le phénomène s’étend aux relations entre les différentes planètes du système solaire : Terre-Vénus (13/8) ; Mars-Vénus (3/1) ; Mars-Terre (2/1) ; Jupiter-Terre (12/1) ; Saturne-Jupiter (5/2) ; Uranus-Jupiter (7/1) ; Neptune-Uranus (2/1).

Et l’on sait aujourd’hui que cette loi de résonance vaut aussi pour les planètes extrasolaires [2]. Par exemple, les deux planètes de l’étoile Gliese 876 (respectivement appelées 876b et 876c) sont en résonance 2/1. Ce point est d’autant plus intéressant que, nous allons le dire, la résonance est une signature de la stabilité et que celle-ci est nécessaire à l’apparition de la vie. De plus, elle permet de prédire l’existence d’autres planètes.

2) Conséquence

Les astéroïdes (qui gravitent principalement entre Mars et Jupiter) entrent en résonance. Or, l’on a constaté que la résonance tend à les regrouper (ce qui n’empêche pas qu’ils demeurent relativement éloignés les uns des autres ; rien à voir avec les champs d’astéroïdes à la Star Wars !).

3) Cause

Or, ces résonances ne sont pas des coïncidences remarquables et esthétiques, mais sont des « véritables résonances » fondées sur les comportements des astres, ceux-là étant eux-mêmes fondés sur leurs positions respectives. Voilà pourquoi on parle de « résonance dynamique ». L’on a observé que « les résonances se produisent pour des orbites particulièrement stables et ne sont pas affectées par les corps avoisinants comme les autres lunes de Jupiter ». Il faut dire plus : les résonances signalent des comportements qui « stabilisent des orbites ».

4) Relecture philosophique

Philosophiquement, la résonance est au service de la stabilité. En effet, elle unifie, elle constitue l’une des modalités autant qu’un des signes de la communion. Enfin, elle ajoute, par excès, de la beauté à la bonté de l’un. Voire, ne pourrait-on dire que la résonance densifie le lien d’interaction gravitationnel. L’énergie même qui noue les astres s’épaissit. En même temps, quelque chose de l’acte originaire s’attarde dans cette rythmique.

Pascal Ide

[1] Sur la résonance céleste, cf. Ian Stewart, La chasse aux trésors mathématiques, trad. Olivier Courcelle, Paris, Flammarion, 2010, coll. « Champs sciences », 2014, p. 137-142.

[2] Cf. l’Encyclopédie des planètes extrasolaires sur le site www.exoplanet.eu

14.5.2024
 

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