La fin du confinement : entre regrets et craintes (Billet du samedi 9 mai 2020)

La sortie très prochaine du déconfinement suscite parfois en nous un réel état de malaise. Dans cet état se mêlent souvent un certain nombre de sentiments désagréables qui sont autant d’indicateurs de besoins frustrés : les regrets, voire la culpabilité (qu’ai-je fait de ces huit semaines inespérées de temps libre ? je n’ai pas pris le temps de parler avec mon collaborateur ; je n’ai pas mis en place les bonnes habitudes ; je n’ai pas lu les livres que je m’étais promis de lire ; je n’ai pas rangé la cave ; je ne me suis pas reposé autant que je l’espérais ; etc.) ; les craintes (ne serai-je pas contaminé ? contaminerai-je à mon tour ? s’il y a une nouvelle pandémie, aurai-je encore les forces de me retrouver seul, dans mon studio ? les clients vont-ils revenir ? serai-je capable de reprendre le rythme de mon travail ? j’ai dû prendre une partie de mes jours de vacances et je ne suis pas reposé, etc.).

Quelques conseils :

  1. Posez-vous pour mettre un nom sur votre mal-être intérieur. Cessez de tourner dans votre tête, comme un hamster dans sa roue, vos idées. Il n’y a qu’un seul moyen fiable pour démêler la pelote : tirez le fil des sentiments et mettez un nom dessus.
  2. Si prédomine le remords, faites un bilan équilibré. Prenez une feuille et, après avoir noté vos défaites, retournez-la pour écrire vos victoires. « Tout est perdu, fors l’honneur », disait François 1er après la défaite de Pavie.
  3. Si prédomine toujours la tristesse de la culpabilité, alors il y a une bonne nouvelle pour vous : lundi, les églises rouvrent et vous pourrez vous confesser. Cessez de vous auto-justifier ou, au contraire, de vous auto-flageller. Bien sûr, vous avez failli. Bien sûr, ce n’est pas brillant. Voire, en vérité, vous n’avez pas trop d’excuses. Mais c’est justement parce que c’est inexcusable que c’est pardonnable ! Alors, venez donc vous blottir sur le cœur du Christ (cf. Jn 13,23) et recevoir sa miséricorde.
  4. Si prédominent les craintes, prenez le temps de les inviter l’une après l’autre et de voir ce qu’elles disent de vrai et ce qu’elles ont tendance à exagérer. Rappelez-vous que, concernant l’évolution de la pandémie, il n’y a qu’une seule certitude : c’est qu’il n’y en a pas. Plus les prédictions sont précises, plus elles se trompent.
  5. Si les peurs continuent à vous submerger, faites de la cohérence cardiaque pour retrouver le calme ; puis posez un acte d’espérance inconditionnelle pour retrouver la paix : ce qui vous échappe, ce qui échappe à votre entourage, n’échappe jamais à « la main du Père » (Jn 10,29).
  6. Ces nécessaires exercices d’auto-observation n’ont rien de narcissique. Ils sont même la condition d’une juste relation à Dieu : le fils prodigue est d’abord « descendu en lui-même » (Lc 15,17) avant de retourner vers son Père.
  7. Avez-vous observé que regrets et craintes nous confinent, mieux que tout espace réduit, dans le passé et dans l’avenir ? Il ne s’agit pas non plus d’amputer le temps de son avant et de son passé. Mais, après avoir confié le passé à la miséricorde et l’avenir à l’espérance, vivez le présent dans l’humble gratitude (le présent est un cadeau à recevoir) et la généreuse charité (le présent est le moment pour offrir des cadeaux).
  8. Sans oublier le conseil des conseils : les appliquer progressivement et surtout fidèlement.

 

Et rappelez-vous l’observation de Samuel Smiles :

 

« Semez une pensée et vous récolterez un acte ;

Semez un acte et vous récolterez une habitude ;

Semez une habitude et vous récolterez un caractère ;

Semez un caractère et vous récolterez une destinée ».

 

Le chrétien dirait, à la place de « destinée » : un appel ou une mission.

Pascal Ide

9.5.2020
 

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