De la Porsche 911 à la gratitude. Lire sa vie dans le bon sens

Connaissez-vous la dernière publicité de la marque Porsche pour le modèle 911 ? Une merveille d’inventivité qui vous prend à revers… Si vous le pouvez, allez voir le spot publicitaire sur un site, la voix et la musique aidant [1]. Sinon, en voici le texte :

 

« La nouvelle 911 est arrivée.

Après 70 ans de modèles légendaires.

La passion peut s’essouffler.

Il serait fou de penser que

Nous pouvons encore surprendre.

Comme vous l’imaginez,

La flamme finit toujours par s’éteindre.

Il faut arrêter de dire que

Les icônes ne sont jamais démodées.

Certains pensent même que

La voiture de sport est un concept dépassé.

Il est donc difficile de croire que,

En termes de design et de performances,

Cette 911 est une révolution.

 

Pourtant…

Cette 911 est une révolution

En termes de design et de performances.

Il est donc difficile de croire que

La voiture de sport est un concept dépassé.

Certains pensent même que

Les icônes ne sont jamais démodées.

Il faut arrêter de dire que

La flamme finit toujours par s’éteindre.

Comme vous l’imaginez

Nous pouvons encore surprendre.

Il serait fou de penser que,

La passion peut s’essouffler.

Après 70 ans de modèles légendaires.

La nouvelle 911 est arrivée ».

 

Cette publicité palindrome jusque dans la ponctuation (ou, si vous voulez être à la mode, ce marketing en reverse thinking) n’est pas qu’un remarquable exercice de style qui a tressé à sept reprises des paires de phrase dont la principale est d’une coloration donnée, positive ou négative, et la subordonnée, de la coloration opposée. Elle est comme une parabole de la loi de gratitude selon laquelle le bonheur ne dépend pas des dons (objectifs) qui nous sont faits, mais du regard (subjectif) que nous portons sur eux ? La fameuse ambivalence du verre d’eau à moitié plein ou à moitié vide. Selon que nous contemplons notre vie par le bon ou par le mauvais bout de la lorgnette, nous serons heureux ou malheureux.

L’ingrat, le râleur, le pessimiste est une personne qui lit son existence à l’envers ; alors que le reconnaissant, le réaliste, lui, la lit dans le bon sens…

Essayez tout de suite ! Arrêtez-vous et songez à un événement heureux qui vous est arrivé depuis le début de la journée. Ce peut être extrêmement banal comme un beau soleil bleu ou le sourire d’une personne. Détaillez-le. Déballez votre cadeau. Prenez le temps de vous représenter l’amour qui est derrière. Goûtez-le. Et maintenant, comment vous sentez-vous ? Vos problèmes sont toujours là, et ne sont pas résolus. Mais ils cessent d’occuper tout votre champ de conscience. Et surtout, vous avez fait l’expérience de la source intarrisable du bonheur.

Et si c’est trop difficile. Pensez à votre dernière rencontre, votre dernier échange. En êtes-vous sorti redynamisé ou, au contraire, dégonflé ? Dans le second cas, il y a toutes les chances que vous soyez tombé sur un victimaire, un plaintif, dans le premier, sur quelqu’un qui regarde sa vie par le bon bout de la lorgnette. Comme le disait le personnage Le bonheur, dans L’Oiseau bleu, la féerie de Maurice Maeterlink : « C’est tous les jours dimanche, dans toutes les maisons, quand on ouvre les yeux [2]… »

Oui, une telle vie « est une révolution ». Si vous le décidez aujourd’hui, elle « est arrivée »…

Pascal Ide

[1] Cf., par exemple, site consulté le 28 juillet 2020 : https://amadium.com/pub-porsche-911-reverse-thinking/

[2] Maurice Maeterlink, L’Oiseau bleu, Acte 4, tableau 9, Préface de Marc Quaghebeur et lecture de Michel Otten, Bruxelles, Labor, Paris, Actes Sud, 1989. C’est moi qui souligne.

1.8.2020
 

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