Hier soir, nous avons vécu un moment unique. La bénédiction du Saint-Père sur le monde (Orbi) était symbolisée par la bénédiction de l’eau sur Rome (Urbi).
Le pape jésuite a proposé un discernement précis sur la situation actuelle. D’autres feront d’autres analyses que la mienne. Pour ma part, je fus frappé par la répétition, presque incantatoire, d’un mot ou plutôt de deux mots : « craintif » et « peur » ont été prononcés pas moins de douze fois. Sans compter, une fois « découragé ».
Or, la peur se combat de deux manières qui sont deux vertus : moralement, par le courage ; théologalement, par l’espérance.
Le courage, c’est ce que nous voyons exercé au quotidien par les soignants, les employés de supermarchés, les volontaires, les prêtres (un prêtre décède par jour du virus en France ; environ un mort sur 100 en Italie est un prêtre), tous ceux qui se dévouent sans compter et dont parlait hier le pape François. Et, pour un chrétien, être courageux, être fort, c’est participer à « la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes ».
L’espérance, selon la belle image qu’a aussi employée le souverain Pontife, « invite Jésus dans les barques de nos vies ». Il continue : « Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre ». L’espérance conjure autant les faux espoirs que les découragements. Nous en reparlerons.
En attendant ou plutôt pour attendre (car espérer, c’est attendre Dieu de Dieu), reprenons la si belle prière de saint Claude la Colombière. Je vais vous faire un aveu : je l’ai apprise par cœur ; en la mémorisant (et en italien ou en espagnol, le verbe « se rappeler », ricordare, acordarse, contient le mot « cœur »), je me suis rendu compte qu’elle était entrée dans mon cœur et l’avait transformé. Aujourd’hui, chaque fois que je la récite lentement, en m’imprégnant du sens des mots et en y adhérant, je sens mon cœur s’apaiser et entrer dans le repos de Dieu, dans le repos qu’est Dieu (cf. Ps 62 [61],6 ; Ps 95 [94],11) :
« Pour moi, mon Dieu, je suis si persuadé que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous,
et qu’on ne peut manquer de rien, quand on attend de vous toutes choses,
que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci
et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes ».
Pascal Ide