Cours de Psychologie Chapitre 4 Sigmund Freud et la psychanalyse. Introduction

« La psychanalyse freudienne a révélé les méfaits des complexes ; mais elle n’a pas moins éclairé la puissance terrifiante de la libido et le danger de laisser courir en liberté les monstres déchaînés de l’inconscient [1] ».

Voir l’Introduction au cours de psychologie (3 janvier 2022).

0) Introduction

1) Importance

Certains vont jusqu’à dire que le xxe siècle est celui de Freud. Élisabeth Roudinesco achève la monumentale biographie qu’elle vient de consacrer au maître viennois en affirmant qu’« il demeure[rait] le grand penseur de son temps et du nôtre [2] ».

a) L’œuvre écrite

Comment ne pas être impressionné par l’œuvre de Freud ? Du seul point de vue de l’écrit (« Freud a passé sa vie à écrire [3] »), on compte pas moins de vingt ouvrages – il est vrai souvent de petites dimensions, mais toujours denses –, plus de trois cents articles, et surtout, outre un grand nombre de notes, de brouillons, une des correspondances les plus impressionnantes du siècle passé : pas moins de vingt mille lettres (dont sont conservées environ la moitié [4]), dont, par exemple, mille cinq cent à sa fiancée Martha Bernays, écrites entre 1882 et 1886 [5]. C’est ainsi que, vers 1907, Freud écrivait quotidiennement une dizaine de missives en caractères gothiques où il traitait de questions touchant la clinique, la politique ou la vie quotidienne.

b) L’influence

Nous reviendrons sur l’extension au fond assez précoce et spectaculaire de la psychanalyse ; nous verrons aussi le rôle prépondérant que Freud y a joué.

Toutes les œuvres de Freud ont été traduites : un bon nombre en une cinquantaine de langues ; de plus, un certain nombre de fois (quatre à cinq fois en moyenne), ce qui est un phénomène éditorial sans équivalent (hors la Bible) en français.

Enfin, nous avons tous un avis spontané sur Freud. D’emblée, nous sommes pour ou contre, nous éprouvons pour lui de la sympathie ou de l’antipathie.

De son vivant, Freud fut connu, reconnu et célébré sur toute la planète. Pour ses 80 ans (1936), alors que nous sommes en pleine montée du nazisme à Vienne, Freud fut submergé par les honneurs et les cadeaux. Entre autres lettres d’hommage, il en reçut de Herbert George Wells, Albert Einstein, Romain Rolland ou Albert Schweitzer, parmi beaucoup d’autres. L’illustre homme de lettres allemand Thomas Mann lui rendit visite le lendemain de son anniversaire, le 14 mai, ainsi que le surlendemain où il lui lit le discours qu’il avait prononcé en son honneur à l’Akademische Verein für Medizinische Psychologie, faisant de lui le fils de Nietzsche et Schopenhauer puis affirmant qu’il était le « pionnier d’un humanisme de l’avenir [6] ».

2) Perspective

Il est relativement aisé de dire ce que la psychanalyse n’est pas pour Freud :

a) La psychanalyse n’est pas une partie de la psychiatrie

Toute sa vie, Freud s’est battu pour que la psychanalyse ne devienne pas un satellite de la psychiatrie officielle.

Plus généralement, Freud refuse d’assimiler la psychanalyse à la médecine. C’est ce qu’il fera savoir lors du procès intenté par la ville de Vienne à Theodor Reik parce qu’il pratiquait les cures psychanalytiques sans être médecin. Dans une lettre à Julius Tandler, conseiller municipal en charge de la bienfaisance et de la santé à Vienne, qui avait contribué à ce que Freud soit nommé « citoyen d’honneur de la ville de Vienne », il défendit Reik en affirmant que la psychanalyse n’était ni une science, ni une technique médicale :

 

« Je vois dans l’arrêté de la municipalité un empiètement injustifié en faveur des intérêts du corps médical au détriment des malades comme de la recherche scientifique. L’intérêt de la thérapeutique est sauvegardé lorsque le médecin a le privilège exclusif de décider si tel ou tel malade peut être soumis à un traitement analytique ou non. Ces décisions, je les ai prises moi-même dans tous les cas qu’a traités le Dr Reik. Je m’arroge le droit d’adresser à un orthopédiste un malade que la marche fatigue et dont les pieds sont douloureux, quand je peux diagnostiquer chez lui des pieds plats, au lieu de lui prescrire des antinévralgiques et un traitement électrique [7] ».

b) La psychanalyse n’est pas une discipline scientifique

Freud est ambivalent. D’un côté, le père de la psychanalyse, formé à la rude discipline des sciences, veut fonder une discipline rigoureuse, cherche la loi fondamentale de la psyché comme Darwin celle de la vie et reproche à Jung sa fascination pour l’ésotérisme, les marécages de l’esprit. C’est d’ailleurs au nom du rêve d’une psychanalyse scientifique, de la psychanalyse comme nouvelle science de la nature, que Freud et la première génération de psychanalystes ont plaidé en faveur de la neutralité politique de leur discipline [8], avec les conséquences catastrophiques que nous verrons au moment de la seconde Guerre mondiale (et de son approche).

De l’autre, qu’il s’agisse des sciences dures (biologiques) ou des sciences humaines (anthropologie, etc.), nous venons de dire que Freud argumente pour Reik contre la scientificité de la psychanalyse. D’ailleurs, un âpre débat s’ouvrira, dont nous parlerons, sur la nécessité, pour un psychanalyste, d’être ou non médecin. Freud a toute sa vie cherché à élaborer ce qu’il appelle une « métapsychologie ». Le terme apparaît dans une lettre à Fliess, en 1896 : il désigne sa conception d’ensemble de la psyché, par différence de la psychologie de l’époque. C’est en 1917 qu’il élabora en propre cette métapsychologie dans un ouvrage éponyme qui regroupe cinq essais écrits entre 1915 et 1917 [9]. Le titre des essais qui sont autant de chapitres est révélateur du contenu : « Pulsions et destin des pulsions » ; « Le refoulement », « L’inconscient », « Complément métapsychologique à la doctrine du rêve », « Deuil et mélancolie » –, autant que l’écriture, austère et complexe. En outre, Freud adopte une tripartition méthodologique neuve, qui marquera durablement ses disciples et la discipline, distinguant trois points de vue, dynamique (reconduisant tous les processus psychiques à leur origine inconsciente, donc pulsionnelle), topique (distinguant synchroniquement des « lieux » de la psychè : la première topique à l’époque déjà énoncée, qui sera bientôt remplacée par la seconde topique) et économique (distinguant différents domaines d’énergie psychique). Enfin, le terme, construit sur le mot métaphysique, évoque la philosophie. Donc, Freud cherche à fonder la psychanalyse comme une discipline distincte de la psychologie, fondée sur des réflexions plus théoriques. Et qu’on n’objecte pas que, étant théoriques, ces textes métapsychologiques, sont considérés par la communauté psychanalytique internationale comme étranger à la psychanalyse : ils font au contraire partie de ceux qui sont le plus abondamment commentés…

c) La psychanalyse n’offre pas une vision philosophique de l’homme

À nouveau, la relation de Freud à la philosophie est ambivalente.

  1. Pendant un temps, il rêva d’être philosophe et préparer un doctorat de philosophie. À l’Université, il suivit les cours de Franz Brentano, le futur maître de Husserl, qui proposait une psychologie empirique débarrassée du subjectivisme. D’ailleurs, Brentano est le continuateur de Johann Friedrich Herbart, l’un des fondateurs de la science psychologique moderne. Il vaut la peine de dire un mot de la conception de Herbart, car elle est à l’origine de ce que l’on appellera la conception « dynamique » de l’inconscient. En creux, Herbart s’oppose à la conception classique d’une ipséité subjective, c’est-à-dire d’un accès clair à la conscience, il refuse de l’identifier au « moi » et d’ainsi l’opposer au « non-moi » fichtéen. En plein, il intègre l’altérité du « non-moi » dans la conscience ; plus encore, il la conçoit comme un ensemble d’entités atomisées et conflictuelles, précisément trois pôles : la représentation, la pulsion et le refoulement ; présents en-deça de la conscience, ils l’envahissent. Ainsi, grande fut l’influence de Herbart sur Freud [10].

Freud croise ces influences avec celle de Ludwig Feuerbach dont le matérialisme et le sensualisme permettent de contester le théisme de Brentano et dont, peut-être surtout, la déconstruction de la religion (la première à être aussi systématique) va le marquer en profondeur.

En 1932, Freud se moque une nouvelle fois de la philosophie qu’il réduit à une religion à usage restreint et refuse ainsi de faire de la psychanalyse, une Weltanschauung, terme intraduisible que l’on rend souvent par « vision du monde » :

 

« La philosophie n’est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même comme une science, travaille en partie avec les mêmes méthodes, mais elle s’en éloigne dans la mesure où elle s’accroche à l’illusion de pouvoir livrer une image du monde cohérente et sans lacune, qui doit pourtant s’écrouler à chaque nouveau progrès de notre savoir […]. La philosophie n’a pas d’influence immédiate sur la grande masse des gens, elle intéresse un nombre réduit d’individus même parmi la couche supérieure des intellectuels : pour tous les autres, elle est à peine compréhensible. En revanche, la religion est une puissance énorme qui dispose des émotions les plus fortes des êtres humains ». Et il ajoute une moquerie de Heinrich Heine : « Avec ses bonnets de nuit et les loques de sa robe de chambre, le philosophe bouche les trous de l’édifice du monde [11] ».

 

  1. Toutefois, Freud finira par s’écarter de la philosophie « jugée trop abstraite, et surtout trop théologique [12]». Il confiera à son biographe Ernest Jones : « Je fus dans ma jeunesse fortement attiré par la spéculation [philosophique], mais je m’en suis courageusement écarté [13]». De fait, la lecture de Freud montre à quel point non seulement il n’est pas philosophe, mais il n’est pas doué pour la philosophie : son sens de l’abstraction est faible ; celui de l’argumentation de même. Il demeure un scientifique. En 1873, il entre à l’Université pour étudier les sciences : anatomie, biologie, zoologie, physiologie, médecine. Certes, il est attiré par l’ultime, mais par l’ultime ténébreux et irrationnel – nous reviendrons sur ce point. Enfin, Freud en arrive à faire de la philosophie un « ancêtre indigne [14] » vis-à-vis de laquelle il se refuse toute dette et considère que le savoir philosophique est « un système paranoïaque [15] ».

d) Mais de quoi la psychanalyse est-elle le nom ?

Au fond, la psychanalyse est à cheval entre philosophie et sciences humaines. Un signe en est la tentative de sauvetage de Dalbiez qui s’aide du béhaviorisme. Un autre en est le besoin qu’a eu Ricœur de mobiliser l’herméneutique pour évaluer l’œuvre freudienne.

Il faudra s’interroger sur le sens à donner à l’exception freudienne et, plus encore, au besoin, voire au culte freudien de cette haccaeitas.

3) Méthode

Comment approcher, étudier Freud ?

a) Le problème

Étudier Freud est toujours difficile.

1’) Les raisons liées à Freud

D’abord, parce qu’il est original, irréductible à tout autre, et, ainsi que nous le disions, parce qu’il cultive son originalité, son exception.

Ensuite, parce qu’il est ambivalent. Nous le reverrons : d’un côté, il se plaint de ne pas être reconnu ; de l’autre, lorsqu’il est reconnu, il se plaint d’être trahi. L’homme est lui-même pétri de contradictions. Par exemple, à la fois médecin rationaliste, il devient l’un des meilleurs spécialistes de la science la plus rigoureuse, la physiologie, et passionné pour l’irrationnel, les figures mythiques, le paranormal, le rêve, voire l’occulte ; à la fois révolutionnaire, innovant en anthropologie et conservateur sur le plan politique ; à la fois d’une grande pénétration pour comprendre l’histoire d’une personne et se trompant lourdement sur le devenir de son pays (l’Autriche) au point de nier l’invasion hitlérienne jusqu’à la dernière minute ; etc.

Enfin, parce qu’il évolue en permanence, voire se contredit. Là encore, nous l’illustrerons.

2’) Les raisons liées à la réception

Par ailleurs, la réception de Freud est extrêmement polémique, au sens étymologique, et n’aide guère, ni à clarifier, ni à apaiser les débats. Aucun auteur, voire aucun personnage du xxe siècle n’a été autant travaillé, commenté que Freud : chaque période, parfois chaque journée, mais aussi chaque geste, chaque écrit, a connu des commentaires multiples. Plus encore, ces interprétations sont contradictoires, se répartissant entre ceux qui adorent et ceux qui brûlent. Ces faits ne sauraient nous étonner : comment celui qui a passé son temps à interpréter les moindres faits biographiques d’autrui ne connaîtrait-il pas à son tour le même sort ? Quoi qu’il en soit, cela rend la situation passablement confuse. D’autant plus qu’un certain nombre de faits (par exemple, autour de sa relation au nazisme), de paroles (par exemple, celle qu’il aurait prononcé lors de son entrée en Amérique) sont des rumeurs fallacieuses.

b) Solution

La seule solution semble être de suivre l’évolution de Freud et, à cette occasion, j’aborderai les questions de doctrine. En effet, un tel plan permet de distinguer les faits et les interprétations. Il permet aussi de distinguer soigneusement l’exposé de l’histoire et de la doctrine, de mon interprétation, que je proposerai en dernier lieu.

4) Plan

Les questions de méthode dictent donc le plan. J’opte, une fois n’est pas coutume et pour la raison susdite, pour un plan historique enveloppant le plan doctrinal.

J’ai beaucoup trop de matière. Il faudra donc en permanence opérer un tri pour respecter l’objectif qui est l’introduction aux principaux concepts élaborés par Freud et qui, désormais, structurent non seulement la psychologie, mais notre culture. Que l’on songe au complexe d’Œdipe, dont l’influence est authentifiée par l’expression « meurtre du père » dont certains ont oublié l’origine.

5) Annexe. Une brève présentation de la psychanalyse freudienne [16]

« Je crois avoir […] introduit quelque chose qui occupera constamment les hommes », écrit Sigmund Freud à Ludwig Binswanger, le 28 mai 1911. Qui ignore que ce « quelque chose », c’est l’inconscient ?

Sans conteste l’un des penseurs les plus marquants de ce siècle, Freud (1856-1939) a passé presque toute sa vie à Vienne, entre 1859 où son père, Jakob Freud, s’y installe et 1938 où juif, quoiqu’athée, Freud fuira la persécution nazie et s’installera à Londres.

La psychanalyse n’est pas sortie toute armée du cerveau de Freud. Freud est d’abord médecin. Pendant neuf ans, il pratiquera la neurologie, en particulier l’étude des tissus (l’histologie) nerveux. Il apprendra de la médecine la rigueur des sciences de la nature et de l’histologie, notamment la persévérance : il faut bien du courage pour rester penché des heures entières sur un microscope, à analyser les tissus. Il en faudra encore davantage pour fonder la psychanalyse, son grand titre de gloire. Le mot est apparu en 1896, lors de l’étude des hystéries, avec son ami Joseph Breuer ; mais la chose n’a pas encore fini d’être élaborée à la mort de Freud.

Freud rompra avec Breuer sur la question de l’origine sexuelle de l’hystérie. En effet, il découvre que cette névrose est due au refoulement d’une scène sexuelle originaire. Il est ainsi mis sur la voie d’une réalité psychique fondamentale, inconsciente : l’enfant est, très jeune, habité par un mélange conflictuel de sentiments à la fois amoureux pour le parent de sexe opposé et hostiles pour le parent de même sexe, envisagé comme un rival. Vous avez reconnu là le complexe d’Œdipe. Sa célébrité montre combien les principales idées de Freud sont passées dans le grand public : qui ne parle aujourd’hui de refoulement, d’inconscient, de narcissisme ?

Désormais, Freud va suivre sa propre voie, en marge de l’Université. Il travaillera sur lui-même, opérant sa propre analyse, son auto-analyse. Il en sortira son premier grand ouvrage, pour certains, l’œuvre majeure : L’interprétation des rêves, en 1900. Partant de là, Freud va poursuivre ses investigations en trois domaines qui sont aussi les trois composantes de la psychanalyse : une méthode d’exploration de l’inconscient et de guérison des névroses ; une métapsychologie, c’est-à-dire une étude de la structure du psychisme ; une théorie de la culture. Soyons précis : bien évidemment, l’homme n’a pas attendu Freud pour savoir qu’il avait un inconscient ; mais il lui doit d’avoir mis au point une méthode efficace d’exploration, notamment dans l’analyse des rêves.

La constitution de l’édifice psychologique connaîtra plusieurs remaniements importants. Dans un premier temps, Freud met en place les deux thèmes fondateurs de refoulement (inconscient actif) et de sexualité infantile. À partir de 1910, il découvre l’importance du narcissisme. Cette découverte prépare deux importants remaniements qui surviennent avec les années 1920 : à côté du principe de plaisir, de la libido, prend place la pulsion de mort ; à côté de ce que l’on appelle la première topique (conscient-subconscient-inconscient), il y a la seconde topique : ça-moi-surmoi. Le ça, réservoir pulsionnel, en quelque sorte le pôle positif, fait face au pôle négatif, le surmoi, qui contient tous les interdits, parentaux et autres, introduits par l’éducation : et le moi, pôle neutre, est chargé d’arbitrer les inévitables conflits.

Freud est peu à peu passé de la psychologie individuelle à la psychologie collective. Il a demandé à la psychanalyse d’éclairer le lien social. C’est ainsi qu’il a proposé, à partir de 1912, une théorie de la morale (Totem et Tabou), de la culture (Malaise dans la civilisation), de la religion (L’avenir d’une illusion, Moïse et le monothéisme). Cette théorie est la plus contestable et la plus datée : Freud y apparaît, pour une part, comme le continuateur, du scientisme du siècle dernier qu’il a rencontré en médecine.

On le voit, Freud fut un chercheur, qui s’est constamment remis en question. Il est donc essentiel de toujours dater l’écrit de Freud qu’on étudie. Mais il est encore plus essentiel de garder à ses travaux leur caractère ouvert et essentiellement questionnant qui a bouleversé si considérablement notre siècle. Les successeurs du maître de Vienne, la dogmatique freudienne, ont-ils été fidèles à ce caractère ? L’éclatement en multiples écoles est-il un signe de fécondité ou de disputes sans fin et stériles ? Freud écrivait à Wilhelm Fliess le 1er février 1900 : « Je ne suis ni un véritable homme de science ni un expérimentateur, ni un penseur, je ne suis qu’un conquistador, un explorateur […] avec toute la curiosité, l’audace et la ténacité qui caractérisent ce genre d’homme ».

C’est par leur intérêt exceptionnel pour le temps que Freud et Einstein se rejoignent : leur conception si originale du temps s’enracine-t-elle dans l’approche, elle-même spécifique, du judaïsme ? On sait, en effet, que l’hébreu ne répartit pas les conjugaisons en passé, présent et futur, mais en accompli et inaccompli. Cette autre compréhension du temps n’ouvre-t-elle pas autant à la théorie du refoulement qu’à celle de la théorie de la relativité ?

Pascal Ide

[1] Pierre-Henri Simon, Pour un garçon de vingt ans, Paris, Seuil, 1966, p. 113.

[2] Élisabeth Roudinesco, Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre, Paris, Seuil, 2014, p. 531.

[3] Élisabeth Roudinesco, Sigmund Freud…, p. 9.

[4] Cf. Gerhahrd Fichtner, « Les lettres de Freud en tant que source historique » et « Bibliographie des lettres de Freud », Revue internationale d’histoire de la psychanalyse, 2 (1989), p. 51-81.

[5] La publication est en cours : 2 volumes sur 5 : Sein mein, wie ich mir’s denke. I. Die Brautbriefe. II. Unser Roman in Fortsetzungen, éd. Ilse Grubrich-Simitis et Albrecht Hirschmüller, Frankfurt-am-Main, Fischer, 2011 et 2013.

[6] Thomas Mann, « Freud et l’avenir », in Freud : jugements et témoignages. Textes présentés par Roland Jaccard, Paris, p.u.f., 1976, p. 15-43.

[7] Sigmund Freud, Lettre du 8 mars 1925, Correspondance, 1873-1939, 1960, Ernst L. Freud éd., trad. Jean-Pierre Grossein, Paris, Gallimard, 1967, p. 389-390.

[8] Cf. Bernd Nitzschke, « La psychanalyse considérée comme une science ‘a’-politique », Revue internationale d’histoire de la psychanalyse, 5 (1992), p. 170-182.

[9] Sigmund Freud, Métapsychologie, 1917, trad. Anne Berman et Marie Bonaparte, Paris, Gallimard, 1952 ; trad. Jean Laplanche et al., Paris, Gallimard, 1968.

[10] Cf. Ola Andersson, Freud avant Freud. La préhistoire de la psychanalyse, 1962, trad. Sylvette Gleize, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », Paris, Synthélabo, 1997.

[11] Sigmund Freud, « Sur une Weltanschauung », Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, 1933, trad. Anne Berman, Paris, Gallimard, 1936 : Nouvelle suite des leçons d’introduction à la psychanalyse, trad. Rose-Marie Zeitlin, Paris, Gallimard, 1984, p. 211-243, p. 215 : Œuvres complètes de Freud. Psychanalyse, Jean Laplanche, Pierre Cotet, André Bourguignon, François Robert et al. (éds.), Paris, p.u.f., 1988-2014 (cité désormais par son acrostiche : OCF.P), 21 volumes, tome 19, p. 242-269.

[12] Élisabeth Roudinesco, Sigmund Freud…, p. 40.

[13] Ernest Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, tome 1. La jeunesse de Freud. 1856-1900, trad. Anne Berman, Paris, p.u.f., 1958, p. 32.

[14] C’est le mot de Jacques Derrida dans son commentaire de Au-delà du principe de plaisir : La carte postale. De Socrate à Freud et au-delà, Paris, Aubier-Flammarion, 1980.

[15] Élisabeth Roudinesco, Sigmund Freud…, p. 225.

[16] Elle est tirée d’un CD-ROM culturel auquel j’ai collaboré : Daniel Garric, Einstein, Paris, Artéa, 1995 ?

28.3.2022
 

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