Annexe 4. Quel est le sens allégorique du Nouveau Testament ?
Une difficulté surgit. Nous avons dit que l’Écriture présentait deux sens, littéral et allégorique, parce que l’Ancien Testament est aussi la promesse du Nouveau Testament. Faut-il en déduire que, pour les événements du Nouveau Testament, la vie du Christ, la distinction disparaît ? Faut-il dire que, par exemple, la naissance de Jésus ou sa Passion présentent seulement un sens littéral ? Mais que signifie la lettre sans l’Esprit ? Faut-il dire alors que ces événements de la vie du Christ possèdent seulement un sens allégorique ? Mais comment peut-il y avoir un sens allégorique (« autre »), sans un premier sens ? Analogiquement, comment un sens figuré pourrait-il exister sans un sens propre ?
Nous répondrons que l’on peut parler d’un sens littéral et d’un sens allégorique aussi pour le Nouveau Testament. Pour cela, il faut distinguer deux aspects en Jésus-Christ : l’homme, le Juif, le galiléen, le prédicateur thaumaturge ; le Messie, qui est le Fils de Dieu. Par exemple, quand Jésus prêche, je peux voir en lui un maître de sagesse ou le Verbe de Dieu. Ce double aspect est signifié par son double nom, Jésus-Christ : Jésus renvoie à son humanité et Christ (« christos » en grec = « messie » en hébreu = « oint » en français, c’est-à-dire rempli de l’onction qu’est l’Esprit-Saint) à sa divinité. Le premier aspect est manifeste, le second caché. Désormais, sens littéral et sens allégorique ne se distinguent plus comme événement (ou parole) passé et événement (ou parole) présent, mais comme fait visible et fait invisible.
Les deux sens sont importants, car ils constituent l’identité de Jésus-Christ, mais ils sont hiérarchisés : le premier conduit au deuxième. Si Jésus n’était qu’un sage, plus encore, un homme exemplaire qui, comme Socrate, a fait ce qu’il a dit, sa parole pourrait éclairer, sa vie pourrait toucher. Mais il ne pourrait prétendre éclairer et racheter tout homme. S’il est Dieu, tout ce qu’il fait et dit, devient désormais la vérité qui révèle et le bien qui sauve. Plus encore, ce dont Jésus nous donne l’exemple, il nous en donne aussi la force par son Esprit-Saint, qui « vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26).
Pascal Ide