« Ils sont là, ils viennent me chercher » (dimanche 6 novembre 2022. 32e dimanche TO année C)

Une fois n’est pas coutume, permettez-moi un exemple personnel. Ma grand-mère a connu une première partie de vie où la foi reçue par éducation était devenue secondaire. Ayant failli mourir d’une grave maladie, elle s’est convertie de manière radicale. Désormais, ce qui lui importait était de prier pour son entourage, parler du Bon Dieu et, ayant une grande dévotion pour la petite Thérèse, emmener ceux qui le souhaitaient en pèlerinage à Lisieux.

Elle avait une grande dévotion pour les âmes du Purgatoire, en particulier pour les défunts de sa famille. Quand ils mouraient, elle suppliait pour qu’ils quittent au plus tôt le Purgatoire. Elle ne cessait de prier que lorsqu’elle avait reçu un signe clair de leur entrée au Ciel. Il lui est ainsi arrivé d’intercéder longuement, pas moins d’un an et demi, pour l’une de ses grands-mères ou pour sa mère, je ne sais plus.

Quand je l’ai connue (nous habitions dans une grande maison où elle vivait avec son mari), elle rejoignait sa chambre après le dîner et, tandis que mon grand-père regardait un film à la télévision, elle allait prier notamment pour ses chers défunts. Lorsque j’allais lui dire « bonsoir », elle était assise dans son lit, les photos des membres de sa famille, vivants et décédés, et de ses amis, déposées et disposées autour d’elle. Et comme, bien évidemment, la liste des défunts s’allongeait, la prière s’allongeait de même, durant désormais plus d’une heure.

Quand s’approcha l’heure de sa mort, ma grand-mère fit trois demandes au Bon Dieu : mourir chez elle, avec son mari et ayant reçu les derniers sacrements. De fait, bien qu’étant beaucoup moins consciente depuis une quinzaine de jours, elle ne fut pas hospitalisée. Le prêtre qui passait seulement tous les quatre-cinq mois, se présenta. Sa tête lui revenant brusquement, elle put se confesser et recevoir le viatique. Le prêtre parti, elle se trouvait dans le salon avec son mari. Soudain, elle pointa du doigt le mur blanc et vide qui se trouvait devant elle : « Oh, regarde ! Ils sont là ! – Mais, qui donc ? – Ils m’attendent, ils viennent me chercher ! ».

Mon grand-père comprit alors que ceux à qui, pendant toute la dernière partie de son existence, elle avait ouvert la porte du Ciel, venait, à leur tour, lui ouvrir cette porte…

Traditionnellement, le mois de novembre est dédié aux âmes du Purgatoire. Si elles peuvent intercéder pour nous, nous dit le Catéchisme de l’Église catholique (n. 958), elles ne peuvent plus mériter pour elles et prier pour elles. Elles ont donc besoin de nos suffrages, c’est-à-dire de notre supplication. Nous leur avons offert le 2 novembre dernier, lors de la commémoration des fidèles défunts, nous le faisons à chaque messe dans la prière eucharistique (une partie leur est spécifiquement dédiée). Nous pouvons aussi le faire en demandant une indulgence plénière (une âme par jour) et en offrant des messes pour eux. Une est l’Église pérégrinante (sur Terre), triomphante (au Ciel) et souffrante (au Purgatoire) !

Pascal Ide

6.11.2022
 

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