Le temps du confinement est parfois celui d’un rapprochement avec les siens, mais aussi de tensions inattendues. Dans son livre sur les sept péchés mortels de notre civilisation – qu’il confond avec les péchés capitaux, mais peu importe ! –, le prix Nobel de médecine Konrad Lorenz observait que les relations sont plus agressives en ville qu’à la campagne. Et il rapprochait cela des observations que l’on a faites sur les rats : plus ils sont nombreux (vous avez dit confinés ?) dans une cage, plus ils sont agités, plus ils se mettent à mordre leurs congénères. Vous serez peut-être choqués que je nous compare à des animaux ! Mais nous partageons avec eux l’agressivité, ce que les Anciens appelaient l’irascible. J’espère que vous n’en êtes pas à planter vos dents dans les parties charnues de certains membres de votre famille ! Mais il y a des paroles qui sont plus blessantes que certains gestes !
Un moine me disait un jour : « Dans un couvent, petit à petit, les relations s’arrondissent. J’oserais dire qu’elles se féminisent : nous prenons soin les uns des autres ».
Les conseils concernant la relation à nous-même sont importants : prendre tous les jours un temps pour soi, s’isoler un moment dans une pièce, etc. Ne négligeons pas ceux qui concernent la relation à autrui. En ce moment, nous sommes tous fragilisés et plus vulnérables. Veillons donc beaucoup plus à nos paroles : une question vaut mieux qu’une affirmation trop tranchée et un compliment qu’un reproche ; si nous avons un doute sur l’impact négatif de notre parole, préférons-lui le silence ; pensons à l’effet de nos mots avant de les prononcer plutôt qu’après ; si certains sujets d’importance relative fâchent, évitons-les ; etc. Et ces conseils valent aussi pour ceux qui sont seuls : un mot par téléphone, SMS ou mail suffit pour isoler, désoler ou consoler.
Les liens aux autres sont précieux ! Que nos paroles soient précises ! Les tensions avec nos proches sont douloureuses ! Que notre attention à eux soit chaleureuse !
Une prière m’aide beaucoup. Je la répète lentement, en me pénétrant bien du sens, voire je la chante sur deux notes : « Jésus, doux et humble de cœur, rends mon Cœur semblable au tien ! »
Pascal Ide