Quand la colère devient-elle péché ?

Pascal Ide, « Quand la colère devient-elle péché ? », Famille chrétienne, 1518 (17 février 2007).

  1. Le terme « colère » désigne à la fois un sentiment ou une émotion et un péché. Que nous ne disposions d’un seul terme rend parfois malaisé le discernement. L’émotion de colère se lève en nous face à un préjudice (ou ce que nous interprétons tel). Psychologiquement, elle constitue une énergie fort utile pour repousser ce mal. Moralement, comme tout sentiment, elle est neutre, ni bonne ni mauvaise.
  2. Le sentiment de courroux est une aide précieuse à la justice si elle réponde à trois critères mais devient péché lorsqu’elle les outrepasse : a. son objet doit être conforme à ce qui est juste : dans le film de Pagnol, La Femme du boulanger, il est légitime qu’Aimable le boulanger soit en colère contre l’adultère notoire de sa femme avec le berger ; b. son intention doit être droite : tel est le cas d’Aimable qui, en attrapant Pomponette, désire seulement signifier sa souffrance face à la trahison du lien conjugal ; c. la réaction suscitée doit être mesurée : toujours à propos du chat du boulanger, s’adresser à lui permet d’adoucir des paroles qui, trop directes, dépasseraient la mesure et deviendraient violentes, donc déshumanisantes.
  3. Face à la colère, le premier remède est que justice soit rendue, avec modération et par l’autorité compétente. Que faire si le préjudice est inexcusable ? Mais c’est parce qu’il est inexcusable qu’il est pardonnable. Seule la gratuité de l’amour peut remettre la dette. Or, l’Evangile nous apprend que nous ne pouvons pardonner que parce que nous gardons en mémoire le fait que nous sommes tous déjà pardonnés, sans nul mérite de notre part (cf. Mt 18,23-35).

Pascal Ide

  • À lire aussi : Pascal Ide et Luc Adrian, Les 7 péchés capitaux ou ce mal qui nous tient tête, Paris, Mame-Edifa, 2002.
1.6.2018
 

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