L’amour comme obéissance chez Balthasar : Origine 1/2

Pascal Ide, « L’amour comme obéissance dans la Trilogie de Hans Urs von Balthasar », Annales Theologici, 22 (2008), p. 35-77.

« Toute l’existence de Jésus est traduction du pouvoir en humilité, […] en obéissance à la volonté du Père. L’obéissance n’est pas réalité seconde pour Jésus, elle constitue le cœur de son être [1] ».

« Cette obéissance est essentiellement amour [2] ».

« Si tu obéissais tout à fait à la loi essentielle de ton être, si tu étais pleinement toi-même, tu vivrais uni­quement de ce don qui afflue vers toi – que tu es toi-même – en le restituant avec une fidélité sacrée sans l’avoir souillé en te l’appropriant [3] ».

En son cœur, la théologie de Hans-Urs von Balthasar est une théologie de l’amour. Et, en son cœur, l’amour – humain, mais aussi, pour une part, divin – est, pour le théologien suisse, constitué par l’obéissance, c’est-à-dire la disponibilité [4]. Cet article [5] a pour objectif de souligner la relation intime existant entre la conception balthasarienne de l’amour et l’obéissance (Gehorsam) [6]. Si les thé­matiques du Samedi saint, de la foi du Christ, de l’espérance universelle du salut – pour n’en citer que quelques-unes – sont davantage connues, en revanche, elles sont moins centrales que la corrélation amour-obéissance.

Dicté par un souci pédagogique, l’exposé adoptera le plan suivant :

– Origines de la doctrine : au plan existentiel (1) et au plan spéculatif (2).

– Exposé : théologique (3) et philosophique (4).

– Dépassements critiques : internes (5) et externes (6).

Pour éviter la paraphrase et clarifier un texte souvent touffu qui, très sciemment, résiste à toute systématicité – un observateur averti a pu dire de Balthasar qu’il était « systémati­quement non systématique » (systematisch unsystematisch) [7] –, je proposerai non une theologia balthasariana more geometrico, mais un exposé articulé qui demeure conscient de l’impossibilité d’épuiser une pensée en jaillissement constant.

1) Une vie centrée sur l’obéissance d’amour

Qu’on ne puisse expliquer la pensée d’un auteur par sa vie ni, dans l’autre sens, mesurer sa personne par ses écrits, cela n’est que trop clair, spécialement pour un Balthasar qui s’est constamment effacé derrière son œuvre et a si fort plaidé pour la kénose. Mais déclarer leurs relations nulles ou indéfinissables sombre dans l’excès opposé, d’autant moins crédible que Balthasar a toujours plaidé en faveur d’une juste place de l’expérience [8] et d’une théologie des saints. J’isolerai trois expériences décisives, étroitement articulées.

a) L’expérience fondatrice

Dans une réponse, devenue célèbre, à la demande d’une revue espagnole lui deman­dant pourquoi il était devenu prêtre, Balthasar affirmait que l’origine de tout, y compris la Communauté saint Jean, résidait dans un appel entendu en 1927 (alors qu’il était encore étudiant en philologie allemande), durant une retraite spirituelle de trente jours pour étudiants laïques :

 

Aujourd’hui encore, après trente ans, je pourrais re­trouver dans un sentier perdu de la Forêt Noire allemande, non loin de Bâle, l’arbre sous lequel je fus frappé comme par un éclair soudain. […] Ce ne furent ni la théologie ni le sa­cerdoce qui fulgurèrent à mes yeux. C’était seulement : tu es appelé, tu ne serviras pas : quelqu’un se servira de toi ; tu n’as pas à faire de projets, tu n’es qu’une petite tesselle dans une mosaïque depuis longtemps préparée. Je devais simplement ‘abandonner tout et suivre’, sans faire de plans, sans désirs ni réflexions, je devais seulement me tenir en attente et observer ce à quoi je serai utilisé. C’est là tout ce qui m’est arrivé. Et lorsque j’en étais venu à penser : ‘Voici que le Bon Dieu m’a établi en toute certitude et m’a donné une mission clairement tracée’, je dus aussitôt constater qu’Il était libre de tout renverser de fond en comble, en un clin d’œil, sans se soucier de l’opinion ni des habitudes de cet instrument que j’étais. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que cette loi qui nous brise et qui, tout en nous brisant, nous guérit – comme la jambe de saint Ignace –, m’est apparue dès le début comme une sorte de thème invisible de la vie [9].

 

En affirmant non pas « de ma vie », mais « de la vie », Balthasar signifie qu’il a lu ici, très précocement, une loi universelle qui, de fait, inscrira son chiffre sur toute sa Weltanschauung. Il continue : la Providence « me fit comprendre que le sacerdoce ne fait qu’un avec cette attitude de disponibilité, disponibilité à se laisser briser, peu importe comment, au service de Dieu et de son Église ». Quelques années plus tard, Balthasar fera imprimer sur l’image souvenir de son ordination les paroles du Canon romain qui précédent les paroles consé­cratoires : bene­dixit, fregit deditque. Le don comme brisement, qui exprime ce que le pain eucharistique devient, anime donc aussi la vie du prêtre [10]. Pour autant, cela ne signifie pas que Balthasar soit entré d’emblée dans une attitude de disponibilité totale. A la suite de Balthasar, Jacques Servais distingue deux périodes : la première, antérieure à 1940, qui correspond à ses premières années au sein de la Compagnie de Jésus, se caractérise par une lutte acharnée, une volonté omniprésente, enthousiaste, crispée, voire violente ; la seconde, à partir de 1940, sa résistance intérieure se trouve brisée, le jésuite de 35 ans découvre enfin la véritable indifférence. Or, 1940 est l’année de la rencontre avec Adrienne von Speyr, à Bâle [11].

b) Une spiritualité ignatienne

Balthasar est profondément inspiré et imprégné par la spiritualité ignatienne dans l’âme ; il a prêché plus de cent fois les Exercices ; on sait ce que lui a coûté son départ de la Compagnie et il aurait pensé y revenir après la mort d’Adrienne en 1967. Or, on vient de le voir, et cela vaut pour tout grand penseur et en tout cas de tout grand théologien : ce qui se vérifie de sa vie se vérifie de sa pensée.

Dans l’article décisif ouvrant Homo creatus est, Balthasar montre que, selon lui, les Exercices de saint Ignace présentent une originalité absolue à l’égard des ouvrages spiri­tuels de ses prédéces­seurs. En effet, « tous les essais patristiques et scolastiques prennent – et il n’était pas possible qu’il en fût au­trement dans la pensée antique – leur point de dé­part dans l’homme et s’interrogent sur sa nature, déchiffrable à travers ses besoins et ses aspirations [12] ». Par exemple, Augustin – et Thomas à sa suite – met l’accent sur le désir de bonheur qui soulève l’homme vers le Bien infini. Tout à l’inverse, l’image de l’homme qui ressort des Exercices « n’a pas son centre dans les aspirations et désirs du cœur et son besoin de trouver sa réalisation dans l’absolu, mais dans la louange, la révérence et le service de Dieu (Exercices, n° 23.2) et dans la dispo­nibilité vis-à-vis d’une volonté divine que, ni dans son ensemble ni dans son détail, il n’est jamais possible de déchiffrer ni de supputer à partir de notre propre nature [13] ». Par consé­quent, le livret d’Ignace présente une vision anthropologique tout à fait neuve : théolo­gique et non plus cosmologique [14], descendante et non plus ascendante : l’homme « est un dynamisme qui pointe vers l’infini, mais qui ne peut atteindre celui-ci sans que le but visé ne vienne à sa rencontre [15] ».

c) La mystique d’Adrienne

Je n’entrerai pas dans la question délicate des relations entre la théologie de Hans Urs von Balthasar et le contenu des écrits mystiques de Adrienne von Speyr (1902-1967) [16] pour ne rete­nir qu’un aveu : « Le but essentiel de cet ouvrage – écrit-il à propos du livre testament dédié à leur mission commune et publié à l’invi­tation de Jean-Paul II, dix-sept ans après le décès d’Adrienne – est d’empêcher après ma mort toute tentative de séparer mon œuvre de celle d’Adrienne von Speyr. Il démontre que cela n’est pas possible, ni en ce qui concerne la théologie, ni pour la fondation de l’Institut [17] ». Quoi qu’il en soit, Balthasar expose spécula­tivement ce que sa dirigée expérimente [18].

Or, ainsi qu’on le sait, la mystique d’Adrienne von Speyr est toute centrée sur le Samedi saint. À partir de 1941, en effet, elle dicte à son père spirituel l’expérience qui est la sienne de ce jour Saint [19]. Voilà pourquoi la théologie de Balthasar apparaît comme une Karsamstagstheologie [20].

Et le cœur du Samedi Saint est constitué par l’obéissance absolue du Christ. Dans l’ex­périence que décrit Adrienne, le Christ vit dans un état de désolation absolue : en effet, il s’identifie aux pécheurs en état de perdition encore plus radicalement que durant sa Passion ; mais ceux-ci sont par définition éloignés de Dieu ; par conséquent, Balthasar fait de l’obéissance la disposition centrale du Christ. « En général, ce qui chez Balthasar se trouve à la fin a sa place au dé­but, dans les diverses expositions contemplatives d’Adrienne – explique de manière sug­gestive Paolo Martinelli. Ce qui tient l’unité stricte des deux ordonnancements est le concept d’’obéissance’, qui est dans son donné origi­nel ‘obéissance de Jésus’ jusqu’à la mort, jusqu’à l’obéissance de cadavre, dans les enfers [21] »

Pascal Ide

 

[1] Cf. DD II.1 : II.B.3.a : “Les deux pôles de la liberté”. Nous en synthétisons l’argumentation.

[2] Ibid., 181 ; 190. Souligné dans le texte.

[3] Ibid., 182 ; 192. Balthasar joue ici sur les deux termes allemands : gegeben (traduit par “donnée”) et aufgege­ben (traduit par “tâche”).

[4] DD II.2, 120 ; TD II.2, 136.

[5] L’amour seul est digne de foi, 68.

[6] Cf. Theodramatik II.2 : II.B, 1-3. Pour le détail de l’argumentation, je me permets de renvoyer à Pascal Ide, “Balthasar. Introduction à la mission”, Colloque de la Faculté de théologie de l’Institut catholique de Toulouse, 23 mars 2007, à pa­raître.

[7] Pour une vision d’ensemble sur le concept balthasarien de substitution, cf. T. R. Krenski, Passio Caritatis. Trinitarische Passiologie im Werk Hans Urs von Balthasars, coll. “Sammlung Horizonte Neue Folge” n° 28, Johannes Verlag, Einsiedeln-Freiburg, 1990, 292-329 : “Die Peripetie des Dramas : passio pro nobis” ; H. O. Meuffels, Einbergung des Menschen in das Mysterium der dreieinigen Liebe. Entfaltung einer trinitarischen Anthropologie nach Hans Urs von Balthasar, coll. “Bonner Dogmatische Studien” n° 11, Echter Verlag, Würzburg, 1991, 335-412 : “Christus im Drama”.

[8] Theodramatik II.2 n’y fait que brièvement allusion (cf. II.B.4.b).

[9] D’abord, car le Christ ne s’impose pas par lui-même le fardeau de la Croix ; ensuite, car “une vraie vie humaine [est] tou­jours mêlée de joie et de souffrance” (GC III.2, 187 ; H III.2.II, 200).

[10] “Ce mystère de la ‘substitution’ constitue le centre de sa sotériologie” (Achiel Peelman, Le salut comme drame tri­nitaire. La Theodramatik de Hans Urs von Balthasar, coll. “Brèches théologiques” n° 39, Médiaspaul, Montréal, 2002, 182). “Une des préoccupations majeures de ce volume est d’élaborer selon son vrai sens la notion de substitution” (DD III, 6 ; TD III, 11).

[11] H. U. von Balthasar, “Crucifixus etiam pro nobis, le mystère de la substitution”, in Nouveaux points de re­pères, trad., coll. “Communio”, Fayard, Paris, 1980, 209.

[12] Cf. Herrlichkeit III.2.II : I.4.a : “Le temps de Jésus”.

[13] Le développement le plus conséquent, souvent repris par la suite dans la Trilogie, se situe en Theodramatik II.2 : II.B.2.c. Cf. J.-N. Dol, L’inversion trinitaire chez Hans Urs von Balthasar, “Revue thomiste”, C (2000), 205-238. G. Vandevelde-Daillière, ‘L’inversion trinitaire’ chez Hans Urs von Balthasar, “Nouvelle revue théologique”, 120/3 (1988), 370-383.

[14] DD II.2, 146 ; TD II.2, 167-168.

[15] Cf. A. Tuor, Das Mysterium des Descensus ad inferos als trinitarisch-eschatologisches Heilsereignis. Eine syste­matische Annäherung an die Karsamstagstheologie von Hans Urs von Balthasar, Innsbruck, Universität, Diplomarbeit, 2005. D’un point de vue plus critique, cf. la passionnante thèse d’A. H. Pitstick, Lux in tenebris: The traditional catholic doctrine of Christ’s descent into hell and the theological opinion of Hans Urs von Balthasar, Thèse de théologie, Roma, Angelicum, 2005.

[16] DD IV, 106 ; TD IV, 107.

[17] Cf. Herrlichkeit III.2.I : IIe partie.

[18] DD IV, 106 ; TD IV, 106.

[19] Sur la distinction entre ces deux courants et leur application à la famille, cf. la thèse, malheureusement non publiée de L. Gendron, Mystère de la Trinité et symbolique familiale, Pontificia Università Gregoriana, Roma, 1975 ; deux ar­ticles en monnaient les conclusions : Le foyer chrétien : une Eglise véritable ?, “Communio”, XI/6 (1986), 65-83 ; “La famille : reflet de la communion trinitaire”, in Coll., La famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui, coll. “Communautés et ministères”, Bellarmin, Montréal, 1995, 127-148. Cardinal M. Ouellet, Divine ressemblance. Le mariage et la famille dans la mission de l’église, Anne Sigier, Québec, 2006, 35-58 : “La famille, image de la Trinité ?”

[20] Oratio XXXI, PG 36, 144 a et s.

[21] Cf. De Trinitate, L. VIII, chap. 14. Cf., à ce sujet, le texte essentiel de M. Nédoncelle, L’intersubjectivité humaine est-elle pour saint Augustin une image de la Trinité ?, Augustinus Magister. Congrès international augustinien, Paris, 21-24 septembre 1954, Études augustiniennes, Paris, tome 1, 595-602. Cf. aussi la critique de Thomas d’Aquin dans Somme de théologie, Ia, notamment q. 36, a. 3.

[22] Cf. De Trinitate, trad. et notes de Gaston Salet, coll. “Sources chrétiennes” n° 63, Paris, Le Cerf, 1959, 160-223.

[23] Cf. le développement qu’en donne, dans le sillage de son ontologie trinitaire, K. Hemmerle (Matrimonio e fa­miglia in una antropologia trinitaria, “Nuova Umanità”, 6 (1984), 3-31).

[24] Par exemple les théologiens catholiques Matthias Scheeben ou Heribert Mülhen, les théologiens protestants Karl Barth et Jürgen Moltmann, le théologien orthodoxe Paul Evdokimov.

[25] Cf. par exemple Ouellet, Divine ressemblance, 42, note 19.

[26] Cf. DD II.2, 416-417 ; TD II.2, 480-481.

[27] Ibid., 272-273 ; TD II.2, 313.

[28] Ibid., 417 ; TD II.2, 482.

[29] Cf. TL II, 148 ; T II, 127.

[30] Cf. par exemple : Ibid., 168-169, 175-179 (Ibid., 143-144, 148-151) ; DD, III, 305, note 24 (TD III, 300).

[31] TL II, 168 ; T II, 143.

[32] Cf. Herrlichkeit III.2.II : IX, 2.

[33] Cf. DD III, 299-301 ; TD III, 300-303.

[34] Ibid., 307 ; 308.

[35] Cf. Ibid., 305 et 306 ; 307.

[36] Cf. I. Zhang Zhan Wu, Qui est l’Eglise ? La dernière partie de la thèse est consacrée à l’Église comme personne chez Balthasar.

[37] von Balthasar, Qui est l’Église ?, 29.

[38] Ibid., 33.

[39] Ibid., 41.

[40] DD III, 333 ; TD III, 334.

[41] Cf. Theodramatik II.2 : III.B.1 : “La femme comme réponse”.

[42] DD III, 367 ; TD III, 369.

[43] Ibid., 369 ; 371.

[44] GC III.2, 57 ; H III.2.II, 57.

[1] R. Guardini, Die Macht. Versuch einer Wegweisung, Würzburg, Werkbund Verlag, 1952, 38.

[2] H. U. von Balthasar, L’amour seul est digne de foi, trad. Robert Givord, Aubier-Montaigne, Paris, 1966, 68.

[3] H. U. von Balthasar, Le cœur du monde, trad. Robert Givord, DDB, Paris, 1956, 22.

[4] Mon propos se fondera principalement sur les seize volumes de ce que, faute de mieux et à la suite de Balthasar, on appelle la Trilogie (1961-1987). L’intégralité est éditée dans la maison Johannes fondée par Balthasar à Einsiedeln (et plus tard dé­placée en partie en Allemagne) :

Herrlichkeit. Eine theologische Ästhetik. I. Schau der Gestalt, Einsiedeln, Johannes Verlag, 1961. II. Fächer der Stile. 1. Klerikale Stile. 2. Laikale Stile, 1962. III. 1. Im Raum der Metaphysik. I. Altertum. II. Neuzeit, 1965. III. 2. Theologie. I. Alter Bund, 1966. II. Neuer Bund, 1969.

Theodramatik. I. Prolegomena, 1973. II. Die Personen des Spiels. 1. Der Mensch in Gott, 1976. II. 2. Die Personen in Christus, 1978. III. Die Handlung, 1980. IV. Das Endspiel, 1983.

Theologik. I. Wahrheit der Welt, 1985 ; l’œuvre fut d’abord éditée sous le titre Wahrheit en 1947 ; l’éd. de 1985 est en tout semblable à la première hormis un important préliminaire : “Zum Gesatwerk” (“Note sur l’ensemble de l’œuvre”). II. Wahrheit Gottes, 1985. III. Der Geist der Wahrheit, 1987.

Epilog, 1987.

Les traductions françaises utilisées (et parfois modifiées sans que nous l’indiquions, sauf cas particuliers) sont les sui­vantes :

La Gloire et la Croix. Tous les tomes sont parus dans la coll. “Théologie”, Aubier, Paris : I. Apparition. Les aspects esthétiques de la Révélation, n° 61, 1965 ; II. Styles. 1. D’Irénée à Dante, trad. Robert Givord et Hélène Bourboulon, n° 74, 1968. 2. De Jean de la Croix à Péguy, trad. Robert Givord et Hélène Bourboulon, n° 81, 1972. III. Théologie. 1. Ancienne Alliance, trad. Robert Givord, n° 82, 1974, 2. Nouvelle Alliance, trad. Robert Givord, n° 83, 1975. IV. Le do­maine de la métaphysique. 1. Les fondations, trad. Robert Givord et Henri Englemann, n° 84, 1981. 2. Les constructions, trad. Robert Givord et Henri Englemann, n° 85, 1982. 3. Les héritages, trad. Robert Givord et Henri Englemann, n° 86, 1983.

La Dramatique divine. Les trois premiers volumes sont édités chez “Le Sycomore”, Éd. Lethielleux, Culture et Vérité, Paris et Namur, et les deux derniers à Culture et Vérité, Namur : I. Prolégomènes (1973), trad. André Monchoux avec la coll. de Robert Givord et Jacques Servais, 1984. II. Les personnes du drame. 1. L’homme en Dieu (1976), trad. Yves Claude Gélébart avec la coll. de Camille Dumont, 1986. 2. Les personnes dans le Christ (1978), trad. Robert Givord avec la coll. de Camille Dumont, 1988. III. L’action (1980), trad. Robert Givord et Camille Dumont, 1990. IV. Le dénouement (1983), trad. inconnue, série “Ouvertures” n° 9, 1993.

La Théologique. Les trois tomes sont édités chez Culture et Vérité (Namur pour le premier et Bruxelles pour les autres), dans la série “Ouvertures”. I. La vérité du monde (1985), trad. Camille Dumont, n° 11, 1994 (première trad. : Phénoménologie de la vérité. La vérité du monde, trad. Robert Givord, coll. “Bibliothèque des Archives de Philosophie”, Paris, Beauchesne, 1952). II. Vérité de Dieu (1985), trad. Béatrice Déchelotte et Camille Dumont, n° 14, 1995. III. L’Esprit de vérité (1987), trad. Joseph Doré et Jean Greisch, n° 16, 1996.

Épilogue (1987), trad. Camille Dumont, Culture et Vérité, n° 20, Bruxelles, 1997.

Les citations se font en indiquant a) le volet abrégé par des initiales différentes selon la partie de la Trilogie et selon l’édi­tion, allemande ou française (cf. le tableau ci-dessous), b) le n° du tome de l’édition c) et celui de la page.

 

  Édition allemande Traduction française
Première partie Herrlichkeit : H La Gloire et la Croix : GC
Deuxième partie Theodramatik : TD La Dramatique Divine : DD
Troisième partie Theologik : T La Théologique : TL
Épilogue Epilog : E Épilogue : É

 

[5] Cet article a pour prime origine un exposé devant les professeurs de la Faculté de théologie de l’Université de la Sainte-Croix (à Rome), le lundi 22 janvier 2007. Qu’ils soient ici vivement remerciés de leur attention bienveillante, de leurs re­marques critiques et enfin de l’accueil de la forme écrite de cet exposé dans leur revue de théologie.

[6] Un signe de cette centralité est le nombre considérable d’articles ou d’ouvrages consacrés à Balthasar traitant de ce thème. Limitons-nous à quelques écrits (un bon nombre ont d’abord fait l’objet d’une thèse) centrés sur le thème de l’obéissance :

– J. Servais, Théologie des Exercices spirituels. H. U. von Balthasar interprète de saint Ignace, Culture et Vérité, Bruxelles, 1996. C’est l’ouvrage qui, en français, aborde le sujet de la manière la plus exhaustive. Cf. aussi du même, tou­jours en lien avec la spiritualité de la Compagnie, Au fondement d’une théologie de l’obéissance ignatienne. Les Exercices spirituels selon H.-U. von Balthasar, in “Nouvelle revue théologique”, 116/3 (mai-juin 1994), 353-373. Id., L’obéissance ignatienne dans la vie et l’œuvre de H. U. von Balthasar, Conférence prononcée en espagnol, tenue aux grands séminaires de Madrid et de Toledo, le 24 mai 1991, 27 fl.

– M. Beaudin, Obéissance et solidarité. Essai sur la christologie de Hans Urs von Balthasar, Préface de Rémi Parent, coll. “Héritage et projet” n° 42, Fides, Montréal, 1989.

– C. Palacio, “Étude comparative de quelques christologies actuelles en relation à l’obéissance de Jésus”, trad. de l’espagnol par Jacqueline Dumont, Concilium, 159 (1980), 105-117.

– M. Pyc, Obedientia Christi in operibus Hans Urs von Balthasar, Diss. ad Doctoratum in Facultate Theologiæ Pontificia Universitas Gregoriana, Roma, 1987. Extrait édité de 107 pages. Objawiajaca rola posluszenstwa Chrystusa w ujeciu Hansa Ursa von Balthasara [Le rôle révélateur de l’obéissance du Christ dans la pensée de Hans Urs von Balthasar], “Studia Theologica Varsoviensia”, 28 (1990), 41-63.

– A. Schilson, Christologie als Auslegung des Sohnesgehorsams Christi (Hans Urs von von Balthasar), in A. Schilson und W. Kasper, Christologie im Präsens. Kritische Sichtung neuer Entwürfe, coll. “Theologisches Seminar”, Herder, Freiburg in Brisgau, 1974, 63-70. Trad. française : A. Schilson, La Christologie, interprétation de l’obéissance filiale du Christ (Hans Urs von Balthasar), Walter Kasper et Arno Schilson, Théologiens du Christ au­jourd’hui, trad. Robert Givord, coll. “Jésus et Jésus Christ” n° 9, Desclée, Paris, 1978, 79-90.

– Raymond Gawronski, Word and Silence. Christian Obedience and Mystical Experience. A Study in the Particular Nature of the Christian Experience of God (Gotteserfahrung) in the Works of Hans Urs von Balthasar, Roma, Diss. teolo­gica Pontificia Universitas Gregoriana, 1992. Word and Silence. Hans Urs von Balthasar and the Spiritual Encounter bet­ween East and West, T. & T. Clark, Edinburgh, 1995.

[7] Cf. M. Hauke, “Auf den Spuren des Origenes : Größe und Grenzen Hans Urs von Balthasars”, Theologisches, 35 (2005) 554-562, ici 556.

[8] Cf. Herrlichkeit I : II.B (“L’expérience de la foi”) ; Theologik III : V.6.c (“L’expérience de l’Esprit”).

[9] Por qué me hice Sacerdote. Encuestra dirigada por Jorge y Ramon Maria Vala, Salamanque, Sigueme, 1959. “Pourquoi je me suis fait prêtre ?”, en appendice à E. Guerriero, Hans Urs von Balthasar, trad. Frances Georges-Catroux, coll. “Mémoire chrétienne”, Paris, Desclée, 1993, 333-335, ici 334 et 335. Le titre allemand (Warum ich Priester wurde), autant que la contradiction flagrante avec le contenu, le sens de ladite expérience montre que la traduction commet un total contresens et devrait être : “Pourquoi je suis devenu prêtre ?”.

[10] L’on aurait aussi pu citer l’autre événement capital de l’existence de Balthasar qu’est le renoncement la Compagnie de Jésus pour fonder l’institut séculier Saint-Jean. Dans la lettre qu’il écrivit à ses confrères de Suisse, en mars 1950, il l’in­terprète comme un acte d’”obéissance encore plus étroite qui me dépouille encore plus sévèrement de ma liberté” (Lettre d’adieu à ses confrères, citée par H. De Lubac, Mémoire sur l’occasion de mes écrits, Culture et vérité, Namur, 1989, 371-375).

[11] Avant la rencontre avec Adrienne, “l’appel d’en haut reçu à Whylen n’y trouve pas encore sa réponse adéquate. Tout en vivant déjà sous la mouvance du Dieu qui l’a saisi, le vieil homme en Balthasar reste actif et c’est la rencontre décisive de Bâle qui va achever de faire mourir en lui la nature rebelle, en l’ouvrant, grâce à l’amour johannique, à la véritable indiffé­rence ignatienne” (Servais, Théologie des Exercices spirituels, 50).

[12] Homo creatus est. Skizzen zur Theologie V, Einsiedeln, Johannes Verlag, 1986, 15.

[13] Exercitien und Theologie, “Orientierung”. Katholische Blätter für weltanschauliche Information, 12 (1948), 229-232, ici 231.

[14] La distinction de la double voie, anthropologique et cosmologique, élaborée dans L’amour seul est digne de foi, est ici relativisée au profit d’une opposition plus radicale entre la vision théologique d’une part (la troisième voie) et les visions immanentes d’autre part (les deux premières voies).

[15] Homo creatus est, 15.

[16] Sur ce sujet et dans le sens d’une continuité forte entre les deux œuvres, cf. R. Fisichella, Hans Urs von Balthasar et Adrienne von Speyr : l’inséparabilité des deux œuvres, “Transversalités”, n° 63 (juillet-septembre 1997), 37-52. J. Servais, Per una valutazione nell’influsso di Adrienne von Speyr su Hans Urs von Balthasar, “Esperienza mistica e teologia. Ricerca epistemologica sulle proposte di Hans Urs von Balthasar”, Atti XIV Colloquio di Teologia di Lugano, 25-26 maggio 2000, Rivista Teologica di Lugano, VI (2001) n° 1, 1-264, ici 67-89.

[17] H. U. Von Balthasar, Unser Auftrag, Johannes Verlag, Einsiedeln, 1951 ; traduction française : Notre tache. L’institut Saint Jean, genèse et principes, Culture et Vérité, Namur, 1984, 11.

[18] T. R. Krenski intitule un chapitre d’un de ses livres consacrés à Balthasar : “Adrienne von Speyr ou la dogmatique expérimentale” (Hans Urs von Balthasar. Das Gottesdrama, coll. “Theologische Profile”, Matthias-Grünewald-Verlag, Mainz, 1995, 123-157).

[19] “A l’intérieur de ce lieu théologique général, il reste encore à parler de ce qui m’apparaît comme le plus grand don théo­logique qu’Adrienne ait reçu de Dieu et laissé à l’Eglise. Chaque année, depuis 1941, elle a pu, pendant la semaine sainte, et souvent dès le temps du carême, participer aux souffrances du Seigneur pendant sa passion. Pour moi, qui pouvais assis­ter à cet évènement, se dévoilait un panorama de souffrances infiniment varié : la somme d’angoisses éprouvées par le Christ au mont des Oliviers et au Calvaire, celle des hontes, des opprobres, des humiliations, des différentes formes d’aban­don de Dieu et, bien-sûr, une somme inépuisable de souffrances physiques. […] Chaque année, le Vendredi Saint, la pas­sion se terminait l’après-midi vers trois heures par un état semblable à la mort, dans lequel jaillissait le coup de lance. Et bientôt après commençait (pour durer jusqu’aux premières heures du dimanche de Pâques) la “descente aux enfers” dont Adrienne donnait, chaque année de larges descriptions” (H. U. von Balthasar, Adrienne von Speyr et sa mission théologique. Anthologie réditée par B. Albrecht, trad. Henri Engelmann et Robert Givord, Apostolat des Éditions, Éd. Paulines, Paris, Montréal, 1976, 52-53).

[20] Henri de Lubac dit qu’”un mot […] définit la théologie de Balthasar : c’est une spiritualité du Samedi Saint” (Paradoxe et mystère de l’Eglise, Paris, Aubier, 1967, 210). Cf. H. U. von Balthasar, L’expérience du samedi saint, “Communio”, 6 (1981), 71. Id., Adrienne von Speyr : über das Geheimnis des Karsamstags, “IKaZ”, 10 (1981), 38.

[21] R. Martinelli, La morte di Cristo come rivelazione dell’amore trinitario nella teologia di Hans Urs von Balthasar, Prefazione di Rino Fisichella, coll. “Già e non ancora” n° 301, Milano, Jaca Book, 1996, 64-65. C’est moi qui souligne.

14.3.2018
 

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